Jugé mercredi, Pierre Palmade se dit « totalement responsable » du drame

Jugé mercredi, Pierre Palmade se dit « totalement responsable » du drame
Jugé mercredi, Pierre Palmade se dit « totalement responsable » du drame

Pierre Palmade comparaît mercredi devant le tribunal correctionnel de Melun pour répondre du terrible accident qu’il a provoqué le 10 février 2023. L’humoriste, “catastrophe d’avoir mis en danger” une famille, sera notamment confronté à la situation de Yuksel, toujours du travail, de son petit garçon grièvement blessé et de Mila, qui a perdu son bébé à naître. L’après-midi précédant la collision, l’artiste s’était « piqué huit fois en s’injectant du 3-MMC », une drogue qui augmente la libido. Avec une dernière prise de 30 minutes avant de prendre le volant.

Photo: ©Georges Biard

«Je suis un gars sympa. Je suis une bonne personne. » C’est ainsi que se décrit Pierre Palmade lors de sa première comparution devant le juge d’instruction de Melun. En préambule, il se dit « obsédé » par l’accident, et par « le bébé qui est mort ». Je prie pour que les autres restent en vie », peut-on lire dans l’ordonnance de renvoi du tribunal que nous avons consultée. Lorsqu’il faisait ces déclarations mi-février 2023, après son hospitalisation et sa garde à vue, le pronostic vital de Yuksel, 38 ans, restait « à court terme ». Il conduisait la Renault qui, vendredi 10 février à 18h45, a pulvérisé la Peugeot de l’humoriste sur une route droite à Villiers-en-Bière (Seine-et-Marne). Le choc frontal est “lié à une erreur de conduite caractérisée par une déviation complète de la voie en sens inverse”, indique l’expert.

Devant le juge, déjà à l’époque, Pierre Palmade reconnaissait sa responsabilité. Il « prie » également pour le fils de Yuksel, Devrim, 6 ans, qui se bat pour rester en vie à l’hôpital Necker à Paris. « Son pronostic ultérieur ne peut être déterminé, des séquelles fonctionnelles sont à prévoir », précise le corps médical.

Durant cette même période, au Kremlin-Bicêtre où sa tante Mila a été évacuée par avion, l’enfant « viable » qu’elle portait depuis 27 semaines n’a pas survécu aux 32 minutes de réanimation. Mila, 27 ans, souffre de multiples blessures.

De la drogue pendant deux jours, « quasiment tout le temps »

Pierre Palmade est renvoyé seul au tribunal correctionnel. Ses deux passagers, soupçonnés de non-assistance à personne en danger, ont bénéficié d’un non-lieu. L’artiste de 56 ans répond des “blessures involontaires avec incapacité supérieure à trois mois” pour Yuksel, “moins de trois mois” pour Mila (45 jours), le petit Devrim (70 jours), le conducteur de la Twingo qui l’a suivi et impossible de freiner (10 jours). Les préventions sont aggravées par la violation délibérée de l’obligation de prudence au volant et l’usage de stupéfiants en cas de récidive. Il risque 14 ans de prison et 200 000 € d’amende.

L’accusation d’homicide involontaire n’a pas été retenue car le bébé qu’attendait Mila « ne présentait aucun signe clinique de vie indépendante » (voir encadré ci-dessous).

Pierre Palmade a arrêté de se droguer. En 2023, devant le juge, il dit avoir conscience que son addiction, depuis l’âge de 20 ans, le rendait « dangereux », qu’il fallait « l’interdire de [sa] vie “. Avant l’accident, pendant deux jours, « pratiquement tout le temps, une fois par heure », il avait pris du 3-MMC par voie intraveineuse pour augmenter son endurance sexuelle, et de la cocaïne pour l’empêcher de dormir. L’un des deux « escort boys » avait proposé de se rendre au supermarché en voiture ; Palmade a refusé.

Il s’estime également « totalement responsable » du drame. « Je pense chaque jour aux victimes dont j’ai ruiné la vie. »

Des conséquences irréparables pour la famille touchée

Selon les analyses réalisées sur l’humoriste blessé (8 jours d’ITT), il était sous l’emprise de « cocaïne et cathinones », cette dernière substance « ayant des effets psychotropes délétères sur la conduite ». S’il augmente la libido dans un contexte sexuel, “ses effets sont suivis d’une phase de descente”. D’où la prise de cocaïne pour rester éveillé.

Ces 48 heures de fête ont eu des conséquences irréparables. En plus de perdre son bébé, Mila a subi huit fractures. Selon l’expert psychologue, elle souffre d’une dépression sévère accompagnée d’un profond désarroi, d’une perte de vitalité et d’un retrait social. A ce jour, « sa consolidation n’est pas réalisée ». Ni celui de son beau-frère Yuksel, victime d’un « traumatisme majeur » au thorax, à l’abdomen, au bassin, d’une contusion hépatique, 16 fractures ; il a passé cinq mois à l’hôpital. Il sera évalué en février 2026. « La survie de ce patient mourant » n’est possible que grâce à des « interventions » rapides.

Devrim a été admis à Necker avec un traumatisme crânien et facial « majeur », des « contusions hémorragiques » et des fractures faciales. Il est suivi par un psychologue : enfant « très actif et joyeux », il est désormais solitaire et renfermé.

La défense argumentera sur l’absence de rappel pour Devrim

Le dossier est « entendu » sur une journée car il ne pose aucune difficulté. Même si Me Mourad Battikh, l’avocat qui représente Yuksel, Mila, Devrim et les membres de leur famille, a souhaité que la qualification d’homicide soit maintenue. En vain. Le procureur Jean-Michel Bourlès n’a pas fait appel de la décision de non-lieu, préférant que le procès se tienne dans un délai raisonnable (notre entretien du 25 octobre ici).

En revanche, les défenseurs du prévenu devraient plaider pour l’atténuation de la faute de leur client dans les blessures du garçon, après avoir demandé une expertise sur les conséquences de l’absence de booster dans la voiture. Il apparaît qu’il a “limité le rôle de la ceinture de sécurité qui bloque l’enfant en bas du siège” : il “a heurté le siège avant avec plus de force (…) La gravité des blessures est 21% plus grave si l’enfant est ceinture sans siège d’appoint.

C’est le seul point susceptible d’être débattu. Pour le reste, Pierre Palmade, « fragile » selon l’expert psychiatre, « en déclin professionnellement », « apparaît abattu et coupable ». Il veut « payer » le drame qu’il a provoqué.

L’homicide involontaire ne s’applique qu’à un enfant né vivant

La discussion sur la « viabilité » du bébé de Mila a duré plusieurs mois.

Ses parents, Mila et Nigmet, ont enterré leur fille sous le prénom de Solin. A 27 semaines et 5 jours d’aménorrhée, elle pesait 1 090 grammes. La petite fille à naître « ne présentait aucune malformation », selon l’autopsie. «C’était sans aucun doute viable. » Les experts ont établi « un lien de causalité direct et certain entre l’accident et son décès par traumatisme abdominal entraînant une hémorragie fœto-maternelle aiguë ».

Les tribunaux ne l’ont pas reconnue comme victime car « à aucun moment, entre le moment de la naissance et le décès déclaré, il n’y a eu de respiration spontanée ni de mouvement actif du corps. Les quelques battements cardiaques observés 16 minutes après la naissance sont insuffisants pour assurer une fonction circulatoire efficace et ne peuvent en aucun cas être considérés comme des signes de vie extra-utérine », affirment les trois experts.

Or, selon le juge d’instruction, « il est de jurisprudence constante » que « l’homicide involontaire ne s’applique qu’en cas d’enfant né vivant ». L’assemblée plénière de la Cour de cassation s’est prononcée en ce sens le 29 juin 2001. En vertu d’une « interprétation stricte du droit pénal », ce chef de la prévention a donc été abandonné.

 
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