Le film Reflet d’un homme(m)e de Chloé Khoury a été projeté au Festival Olhares do Mediterrâneo au Portugal. Cet événement, dédié aux réalisatrices du bassin méditerranéen, met en valeur la richesse et la diversité de la création féminine. Interviewée par Ici Beirut, Chloé Khoury a partagé son expérience cinématographique.
Le film de 5 minutes de Chloé Khoury, Reflet d’un homme(m)erécemment projeté au Festival Olhares do Mediterrâneo au Portugal, il propose un voyage introspectif entre le Liban et la France. D’autres films primés ont également été projetés au festival : Chenilles par Michelle et Noel Keserwany, ainsi La mer et les vagues di Liana et Renaud.
Dans son film, Chloé Khoury explore le sentiment d’appartenance et la notion de « chez soi » à travers une approche visuelle et personnelle. Ce court métrage se démarque par ses images symboliques et poétiques, qui reflètent l’écriture de Chloé Khoury. Ce moyen d’expression particulier est coloré par sa perception du Liban, des autres lieux et pays dans lesquels il a résidé sans y vivre pleinement, des gens qu’il a traversés et des rencontres futures. «Pendant quinze ans j’avais tout, j’avais tout et pourtant il me manquait quelque chose», raconte-t-il dans son film, face caméra. Son jeu d’ombres et de lumières s’inspire sans doute du langage cinématographique de Muriel Aboulrouss, qui observe, à travers l’œil de la caméra, la poésie éphémère du monde et des êtres. Chloé Khoury a également passé une résidence artistique avec elle. D’ici Beyrouth a parlé à Chloé Khoury Reflet d’un homme(m)e.
A la question : « Qu’est-ce que la maison ? », Chloé Khoury répond : « C’est un sentiment de bien-être, fait d’expériences, de souvenirs et de connexions. C’est mon quotidien, mes amis, ma famille, tout ce que j’ai vécu, un lien profond avec le Liban est ancré en moi depuis l’enfance.
Sur une note plus personnelle, il ajoute : « C’est ce qui me réveille le matin, en buvant mon café sur le balcon face à la mer, en écoutant le chant des oiseaux. C’est aussi dire bonjour à mes voisins depuis le balcon, monter et descendre cette fameuse poubelle, entendre les klaxons dans la rue et le bruit des générateurs électriques. Ma « maison », c’est mes amis, ma famille, tout ce que j’ai vécu. , mes amours… C’est un amour profond pour cette terre, un attachement au Liban. ancré en moi depuis l’enfance. Avant même de comprendre ce qu’était une guerre, j’ai demandé à ma mère comment je pouvais faire une différence pour le Liban. Quand je fais face à des épreuves, je ressens la force d’être ici. comme si le Liban, telle une figure parentale, me rassurait en disant : ‘je serai toujours là’ ».
Interrogé sur son choix de langage cinématographique, il explique : « J’ai commencé mon parcours artistique par l’écriture, mais j’ai toujours eu envie de transformer mes textes en films. En 2021, un programme cinéma à Londres m’a permis de réaliser mon premier court métrage sur le Liban, où j’ai interviewé de jeunes exilés, leur demandant de partager des souvenirs à travers des objets typiquement libanais. Cette expérience m’a convaincu du pouvoir du cinéma, non pas pour séduire le public, mais pour exprimer ma vision à travers un moyen d’expression personnelle. C’est merveilleux pour moi d’explorer et de partager ma relation avec le monde et mon pays.
Il ajoute : « Le cinéma touche un large public par son caractère visuel et auditif. J’essaie de ne pas imposer une perception ; chacun doit interpréter ce qu’il voit selon son propre ressenti. Passionné de cinéma depuis la petite enfance, je suis aujourd’hui convaincu que telle est ma voie. La caméra m’a permis de voyager au-delà de mes limites, dans des endroits où je n’aurais jamais imaginé aller, et de rencontrer des personnes extraordinaires, brisant les barrières et enrichissant mes relations.
Concernant l’impact potentiel du cinéma libanais à l’étranger, Chloé Khoury déclare : « Je suis convaincue que le cinéma libanais peut avoir un impact. Le talent est immense et de nombreux films libanais sont primés. La résidence artistique avec Muriel Aboulrouss, réalisatrice libanaise par exemple, visant à développer une langue libanaise spécifique, sans s’aligner sur les codes occidentaux ou orientaux, est pour moi un acte de résistance, une préservation de notre identité. Des réalisateurs comme Michel Kammoun et Philippe Aractingi ont parfaitement exprimé ce sentiment d’attachement résilient.
Enfin, Chloé Khoury souligne la capacité du cinéma à changer les choses : « Le pouvoir du cinéma va au-delà du simple divertissement ; raconte des histoires et repousse les limites. Lors d’un festival, j’ai découvert un film palestinien qui révélait les conditions de vie dans un camp en Syrie. Ce projet a été réalisé par un jeune cinéaste après la mort de son ami, qui lui avait appris à se servir de la caméra. Même sans pouvoir présenter son film à Londres, il a partagé, à travers son film, une réalité au-delà des frontières. Le cinéma nous invite au voyage, développe l’esprit critique et permet de combattre la peur des autres. Dans un monde saturé d’écrans et d’informations, il nous invite à ressentir les choses, à absorber un message. Il est essentiel que le cinéma nous fasse rire, pleurer. pensez et ressentez de vraies émotions.