Avec Nestor Burma, Tardi célèbre Paris et ses 20 ans dans son nouvel album “Deux riffs à Ménilmontant !”

Léo Malet, le créateur des romans de Nestor Burma, n’avait pas imaginé cette histoire. L’auteur, décédé en 1996, n’a pas eu le temps d’envoyer le chef de l’agence de détectives Fiat Lux dans tous les quartiers de Paris comme il l’avait prévu. Il manque notamment le 20.

Pourtant, Jacques Tardi, qui possède la « licence » pour la couverture de la bande dessinée de Nestor Burma, habite dans ce quartier. La designer Adèle Blanc-Sec a alors eu l’idée de créer une histoire originale de la Birmanie autour de sa maison, tant en scénario qu’en dessin. C’est ainsi qu’il est né Rififi le Ménilmontant ! qui vient d’être publié par Casterman.

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Portrait de Jacques Tardi, Abbaye royale de l’Épau, Le Mans, octobre 2018. (FRANCESCO FORGET / TÉLÉVISION FRANCE)

Il s’agit d’un retour à cette série pour Tardi après une interruption de vingt-quatre ans. Après cinq livres de 1982 à 2000, l’auteur a confié le dessin et l’adaptation à différents auteurs. Il y a d’abord eu Emmanuel Moynot qui, au fil de 6 tomes, s’est un peu lassé de la série. Le dessin de son dernier album de Birmanie, Les rats de Montsourisen 2020, elle a également été confiée à un autre designer, François Ravard.

Puis il y a eu Nicolas Barral qui, non sans humour, a redynamisé la série avec trois beaux albums au catalogue. Tardi nous revient donc en 2024 avec ceci Rififi le Ménilmontant ! ce qui, assure-t-il, sera la dernière que fera la Birmanie.

Hiver 1957, la situation à Paris se complique. Le trottoir est brillant, gris et la neige peut tomber. La Birmanie est en train de mourir. Les médicaments des laboratoires Manchol le guériront-ils ? Je ne suis pas sûr, mais ils le mèneront dans un trafic désagréable avec des Pères Noël hostiles qui finiront comme décorations sur les arbres. Nestor, qui lève facilement le coude, va fermer les bars avec son nouvel ami, bien nommé « La Biture », et déambuler dans les rues du 20e.

Car si le détective privé se perd dans le quartier, c’est avec la louable intention de comprendre ce qui a poussé Madame Manchol des Laboratoires Manchol à se tirer une balle dans l’œil avec une arme à feu dans son bureau.

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Nestor Burma sous le ciel enneigé de Paname et au volant de sa Peugeot 203. (LATER/CASTERMAN EDITIONS)

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Nestor Burma sous le ciel enneigé de Paname et au volant de sa Peugeot 203. (LATER/CASTERMAN EDITIONS)

Nestor Burma sous le ciel enneigé de Paname et au volant de sa Peugeot 203. (ÉDITIONS PLUS TARDÉES/CASTERMAN)

Chez Léo Malet comme chez Jacques Tardi, les aventures du détective ne sont qu’un prétexte. Celle d’une promenade dans un Paris des années cinquante, désinvolte et populaire. Cela ressemble au cinéma, celui des films en noir et blanc. D’ailleurs Tardi y fait référence à plusieurs reprises. Nous nous en occuperons Quai des Orfèvres de Clouzot (1947) ou Rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955) qui se termine également dans le 20e arrondissement.

Si Tardi nous plonge avec tant de talent dans ce Paris disparu, c’est parce qu’il y a beaucoup travaillé. L’auteur fait des recherches approfondies avant de recréer ce monde. Avec des archives, des photos, des films et de nombreux décors qu’il crée au préalable sur le terrain.

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Le cimetière du Père-Lachaise a souvent servi de décor aux albums de Tardi, comme ici

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Le cimetière du Père-Lachaise a souvent servi de décor aux albums de Tardi, comme ici

Le cimetière du Père-Lachaise a souvent servi de décor aux albums de Tardi, comme ici pour « 20 ans en mai 1871 ». (PLUS TERMINÉS / ÉDITIONS MARTIN DE HALLEUX)

Se promener dans ce 20ème arrondissement, on l’adore, c’est sûr. L’année dernière déjà, Tardi nous avait récompensé avec un superbe travail, 20 ans en mai 1871dans la collection de 25 images publiée par Martin de Halleux. Un petit livre tout en dessins, sans texte, qui nous transporte dans une époque plus Adèle Blanc-Sec que Nestor Burma, le début du XXème siècle. Une histoire en noir et blanc avec une touche vibrante. Un Tardi du meilleur millésime. Un communard au crépuscule de sa vie va se venger d’Adolphe Thiers. Ce dernier, premier président de la Troisième République, fit fusiller 147 fédérés. Où? Adossé à un mur d’enceinte, celui du cimetière du Père-Lachaise, toujours au cœur du 20e arrondissement.

“Qualche rififi a Ménilmontant! Nestor Burma nel 20° arrondissement” de Tardi d’après les personnages de Léo Malet. Éditions Castermann. 25 euros.

20 ans en mai 1871 de Tard. Éditions Martin de Halleux. 20 euros.

 
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