Dans la réinvention des vins de Bordeaux, les différents vins effervescents (crémant, vins effervescents, vins effervescents naturels…) pourraient passer d’une production anecdotique à un ancrage plus conséquent. Les comédiens s’activent pour faire rayonner la tranquille Gironde !
Francis Abeccassis n’est pas du genre à venir à Bordeaux éplucher de l’ail. En témoigne son implantation sur le marché du Cognac en vingt ans, notamment avec la marque ABK6 et l’acquisition de près de 500 hectares pour devenir l’un des plus gros propriétaires de la région. Le voici désormais à côté place de Bordeaux avec l’achat de 350 hectares dans l’Entre-Deux-Mers et un projet sous le bras : produire notamment du vin effervescent. « Je commercialise déjà un lot de 50 000 bouteilles qui proviennent de mes vignobles charentais, j’ai remarqué qu’il y a un espace entre les Champagne ce qui coûte cher et prosecco que je trouve globalement de qualité moyenne »explique Francis Abecassis avant d’ajouter : « J’ai trouvé un très beau terroir dans l’Entre-Deux-Mers, je commence par un blanc des noirs c’est-à-dire un blanc obtenu à partir de raisins rouges, précisément merlot un tu cabernet franc. Pour le moment je ne le vends pas dans la catégorie incinération ».
En attendant l’arrivée sur le marché des bulles de 15 euros Francis Abecassis en janvier prochain, quelle est la situation dans cette catégorie ? « Le vin mousseux se porte plutôt bien, c’est un petit rayon de soleil qui éclaire la situation viticole bordelaise, mais il représente des volumes très faibles »souligne Dominique Furlan, président de la Maison Louis Fallon et représentant pour Bordeaux de la Fédération Nationale des Producteurs et Transformateurs de Crémants.
Bordeaux Crémant in forte crescita
Lors des deux dernières récoltes, la superficie dédiée à la production des Crémants de Bordeaux a doublé pour atteindre plus de 1 800 hectares. Le Crémant blanc représente près de 80% par rapport à son homologue rosé. Bon indicateur : la production de bouteilles des caves dépasse le volume de la récolte. La demande est supérieure à l’offre, la bulle monte. En un an, les exportations ont augmenté de 40 % en volume et de 45 % en valeur. Ce sont les Allemands qui l’aiment le plus. Viennent ensuite le Danemark, les États-Unis, la Russie (via la Lettonie et la Lituanie) et le Royaume-Uni. Avec un prix moyen de 6,30 €, le rapport qualité/prix est à saluer. Malgré le champagne, le Crémant de Bordeaux croît deux fois plus vite que ses concurrents du même secteur (Bourgogne, Alsace, Loire…). De quel acte.
Ainsi, aux quatre coins de Bordeaux, il suffit de secouer un arbre pour voir tomber une bouteille de vin mousseux. Il y a ceux qui aiment bricoler quelques bulles dans une démarche iconoclaste, mais il y a surtout ceux qui y voient une opportunité, un remède à la crise, une manière de se démarquer. Le vigneron Camille Lanyou, qui dirige le Château Picoron à Castillon, se souvient : « Un soir de vendanges 2021, j’ai un solde de jus trop coloré pour aller dans mon rosé, j’y vais, j’achète des bouteilles, des capsules et une capsuleuse, la mise en bouteille a lieu 10 jours après le début de la fermentation, dans ma hâte J’ai oublié d’avertir les propriétaires Glenda et Frank qu’ils sont confinés à Sydney”. Résultats : la cuvée intitulée « Est-ce que je l’ai fait, est-ce que je l’ai fait ? Le Merlot bio est né, pour une production annuelle de 1 200 bouteilles, et les propriétaires en sont enthousiastes ! A l’autre bout de Bordeaux, dans le nord viticole du Médoc, à Saint-Germain-d’Esteuil, Blandine et Jérémy Borde font partie de ces vignerons qui bousculent les codes avec de petites cuvées de garage.
Au menu des vins rouges naturels mais aussi du blanc, de l’orange et un vin mousseux naturel. « Nous sommes sur un territoire qui produit des vins plus gastronomiques donc nous cherchions quelque chose pour l’apéritif, le pet’nat’ est né, un blanc de noirs pour cabernet-sauvignon c’est notre troisième campagne, nous produisons près de 3 000 bouteilles par an”explique le couple qui préside aux destinées du Château Peylaby. Et ce millésime a fait des émules dans le quartier, notamment au Château Doyac, connu pour être le premier Cru Bourgeois biodynamique. En plus des cuvées rouges et blanches, un vin mousseux naturel sera dégorgé au début de l’hiver. « Le nom du label sera un rébus, la note de musique C et je dessinerai un yak : Doyac »confie Clémence de Pourtalès. Les millésimes transitent par Bordeaux et se détachent de plus en plus dans une bulle de l’estuaire de la Gironde, des quais des Chartrons et de la place de la Bourse.
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Notre sélection à partir de 8,50 euros
La tournée Peylaby
Prix: 18 €
Ce petit Cabernet de Sauvignon bio et naturel repose sur la minéralité et cet équilibre doux-acide très fin. A 10,5%, ce tour est une très (très) heureuse trouvaille.
Louis Vallon Brut Natura
Prix: 11,80 €
Ce Crémant de Bordeaux est à base de fleurs blanches et de poire pour offrir une bulle riche et fine. Nous bénéficions d’une excellente fraîcheur. L’ensemble est équilibré avec une finale saline.
Château Picoron Oui, non ?
Prix: 12 €
Ce magnifique vin mousseux naturel est une cuvée confidentielle de Merlot, donc un blanc de noirs à la framboise épicée. Sa belle expression vineuse lui permet également de perdurer tout au long du repas.
Château Grand Jean Pur Grand Jean
Prix: 8,50 €
Ce Crémant de Bordeaux brut offre au nez de délicates notes de croûte de pain et de pêche de vigne. L’attaque en bouche est vive et séduisante, le tout suspendu par une belle complexité aromatique.
Bulles de Lisennes Rosé Brut
Prix: 8,50€
La framboise écrasée domine le bouquet de fruits rouges pour cette bulle rose vive et tendue. Ce Crémant de Bordeaux montre comment les cépages bordelais s’épanouissent en effervescence.
Château Lestrille Les Bulles
Prix: 13,50€
Ce Crémant de Bordeaux brut et bio à forte dominance Sémillon jongle entre fleurs et touches de miel. Les bulles sont fines et cette cuvée a été conçue dans un souci de fraîcheur.