les détenus de la prison de Montauban ont reçu l’écrivaine Hélène Gaudy, finaliste du prix Goncourt

les détenus de la prison de Montauban ont reçu l’écrivaine Hélène Gaudy, finaliste du prix Goncourt
les détenus de la prison de Montauban ont reçu l’écrivaine Hélène Gaudy, finaliste du prix Goncourt

l’essentiel
La maison d’arrêt de Montauban (Tarn-et-Garonne) participe pour la première fois au Goncourt des détenus qui sera décerné le 17 décembre. Ce vendredi 8 novembre, la rencontre entre l’écrivaine Hélène Gaudy, finaliste au Goncourt pour son livre « Archipels », et sept lecteurs retenus a offert un très beau moment, plein de spontanéité et d’esprit critique aigu.

Ce n’est pas tous les jours qu’un grand romancier traverse les murs d’une prison pour venir discuter de littérature, d’écriture et du sens de la vie avec les détenus. Hélène Gaudy a vécu ce moment rare ce vendredi 8 novembre à la prison de Montauban (Tarn-et-Garonne), l’un des 45 établissements pénitentiaires français participant cette année au Goncourt pour les détenus.

L’auteur du magnifique « Archipels » (éditions de l’Olivier), l’un des quatre livres finalistes du prestigieux prix Goncourt remporté lundi 4 novembre par Kamel Daoud pour « Houris », s’est entretenu pendant plus de deux heures avec sept détenus qui il a lu et décrypté son travail avec Laurent Aragones, responsable local de l’éducation au centre de détention provisoire.

« Je suis très heureux de vous rencontrer, de venir discuter des paroles. N’hésitez pas à poser toutes les questions que vous souhaitez sur le livre, sur l’activité d’écriture, sur ce que vous aimez lire », précise Hélène Gaudy, qui sera l’invitée de. le prochain festival des Lettres d’Automne à Montauban (du 18 novembre au 1er décembre).

Un message reçu cinq sur cinq de la part de Marc, le premier parti. « J’ai lu les 16 livres sélectionnés par l’Académie Goncourt. Au début, je n’étais pas très enthousiaste. J’ai commencé par celui d’Olivier Morek (ndlr : « Les Guerriers de l’hiver ») et je n’ai pas pu le lâcher. C’était une sorte d’expérience, j’avais perdu l’habitude de lire. Marc se tourne vers l’écrivain : « Quelles ont été les réactions de vos proches lorsque vous avez écrit ce livre ?

– J’ai dit très tôt à mon père que j’écrirais ce livre. Mon père est vieux, j’ai senti qu’il était temps de le rencontrer à travers ce livre.

“Depuis la sortie du livre, je pense que c’est bien pour mon père quand on en parle, mais il ne veut pas être sous les projecteurs.”
DDM – DDM MANUEL MASSIP

Quand on est privé de liberté, on a l’impression qu’on peut s’évader à travers les îles, les livres, c’est sympa.

De l’autre côté de la table, un jeune détenu ne manque pas un instant de l’échange. « Avant de venir ici, les seuls livres que j’avais lus étaient Harry Potter. J’ai vraiment aimé toutes les histoires. Quand on est privé de liberté, on a l’impression qu’on peut s’évader à travers les îles, à travers les livres, c’est sympa. Ce que j’ai apprécié chez toi, c’est de découvrir quelqu’un après l’avoir connu toute ta vie. Cela m’a paru étrange. Au départ hésitant, je voulais savoir, quelle est votre relation avec les îles ? Avez-vous voyagé ou l’île est-elle pour vous une sorte de coquille qui vous permet d’aller à la rencontre des gens ?

Hélène Gaudy est émue : “Cette idée du coquillage est belle, mon envie au moment où j’écris Archipelsil ne s’agissait pas vraiment de raconter nos vies, mais de réfléchir à la manière dont les souvenirs se forment et se transmettent aux enfants. J’évoque tout ce que mon père m’a appris à explorer.

Un détenu d’une maison d’arrêt avoue : « Ce genre de livre n’est pas pour moi, mais il est magnifiquement écrit. Pour le moment je me suis arrêté à la centième page. »
DDM – DDM MANUEL MASSIP

Un autre prisonnier enrichit encore le débat, sans filtres. « Ce n’est pas pour moi mais c’est bien écrit, alors allons un peu plus loin. J’avoue, je me suis arrêté à la centième page. Il y a deux ou trois livres dans cette sélection pour lesquels on peut dire que nous sommes à la place idéale. en les lisant, cela fait beaucoup travailler l’imagination. Il y a beaucoup de choses sur les billets, des billets de tout en fait.

“Même l’horodateur donne une amende même si mon père n’a pas le permis de conduire !”, lui confie le romancier. Reconnaissant, le détenu ajoute : « C’est naturel, c’est propre, c’est très bien écrit, je vous le redis, donc tôt ou tard je finirai votre livre. Mais j’aimerais le lire calmement. A deux ou trois personnes dans une cellule, c’est difficile de dire à son voisin de baisser le son de la télé.»

Le plus timide des sept finit par percer l’armure : « Je n’étais pas aussi à l’aise que Marc. J’aime généralement la science-fiction. J’ai trouvé ton livre très beau. C’est un bel hommage à ton père et à ton grand-père. “

 
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