Le prix Goncourt 2024 peut-il revenir à Hélène Gaudy ? Découvrez les « outsiders » de cette compétition

Le prix Goncourt 2024 peut-il revenir à Hélène Gaudy ? Découvrez les « outsiders » de cette compétition
Le prix Goncourt 2024 peut-il revenir à Hélène Gaudy ? Découvrez les « outsiders » de cette compétition
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Joël SAGET / AFP Hélène Gaudy, ici à Manosque, en septembre 2019.

Joël SAGET / AFP

Hélène Gaudy, ici à Manosque, en septembre 2019.

LITTÉRATURE – Qui pour succéder à Marguerite Duras, quarante ans après le sacre décisif de son roman L’Amant ? Ce lundi 4 novembre, quatre auteurs sont encore en lice pour remporter le plus prestigieux prix littéraire français, le prix Goncourt. Et parmi eux, un outsider » : l’écrivaine Hélène Gaudy.

« Je l’ai appris en classe, imagine », confiait l’enseignant en master de création littéraire à l’université Paris VIII à franceinfo fin octobre. C’est une de ses élèves – cachée sur son téléphone – qui lui a annoncé qu’elle figurait sur la shortlist, face à Gaël Faye, Kamel Daoud et Sandrine Collette. ” Et donc tout le monde me regardait étrangement », se souvient le romancier.

Ce lundi, c’est pour son dernier roman Archipelspublié aux Editions de l’Olivier lors de la rentrée littéraire pour laquelle elle concourt. Un livre très personnel dans lequel Hélène Gaudy explore l’histoire d’un homme, son père. Grand collectionneur qui a amassé tout un tas d’objets au cours de sa vie, il est toujours resté discret sur lui-même ou sur son enfance, dont il dit n’avoir aucun souvenir.

À cheval sur l’histoire familiale et collective (dont celle de la Résistance), Hélène Gaudy tente non seulement de percer les secrets de cet individu mystérieux dans ce livre qu’elle a imaginé comme un dialogue avec lui, elle livre aussi un texte doux, amer, pictural et magnifiquement écrit sur la transmission ou la mémoire.

Archipels à Goncourt

Et cela en dit long sur elle aussi. Une première. ” J’ai toujours plutôt travaillé sur des sujets très éloignés de moi, sur des lieux lointains, sur des questions historiques », précise l’auteur de 49 ans, toujours à franceinfo. Dans Un monde sans rivageil nous a emmené au large de l’archipel du Svalbard, dans les années 1930. Mi-hivernous sommes sur la route de Lisbonne, au nord des Etats-Unis. Et dans Une île, une forteresse : une antichambre d’Auschwitz.

La nomination deArchipelsson huitième roman, n’est pas une coïncidence. Même si les jurés du Goncourt semblent plus friands d’œuvres romantiques, les textes intimistes occupent également une place non négligeable parmi leurs favoris, comme le rappelle le prix décerné à Brigitte Giraud pour Vivez viteen 2022. La surprise vient davantage de son auteur.

Même si Hélène Gaudy est certes issue d’un milieu parisien privilégié (son père Jean-Charles Gaudy étant lui-même auteur et professeur en école d’art) en plus d’avoir déjà été en lice pour ledit prix littéraire, elle a un profil et une approche moins conventionnelle. à l’écriture que nombre de ses prédécesseurs.

Un auteur pour enfants

A commencer par son champ de pratique, qui ne se limite pas aux contes pour adultes. Elle est l’auteur de plusieurs romans pour enfants. Quand j’étais Cagibi parle d’apprendre à trouver sa place au sein de sa famille. Je veux emporter la nuitdifficile de s’endormir dans l’enfance. Ça marche. Sa série Lubin et Lousur les jumeaux loups-garous, publié chez Gallimard, compte désormais neuf tomes.

Plasticien de formation, l’ancien diplômé d’Olivier de Serres a gardé un pied dans l’art. Elle est par exemple l’auteur d’un livre sur Matisse. Et un autre sur Picasso. C’est à elle aussi que l’on doit la préface d’un livre de photographies d’Ayline Olukman (Amérique) et les textes qui accompagnent ceux de Pierre Faure, en Les jours du mensonge.

Cette diversité des écritures lui est chère. ” J’aime cette idée que lorsqu’on écrit, on peut retrouver différentes périodes de sa vie. Quand j’écris de la littérature jeunesse, par exemple, j’ai l’impression de retrouver le plaisir de lire quand j’étais enfant. », argumente l’ancien étudiant des arts déco de Strasbourg.

Vues sur la merdiplôme et premier roman

Ecole pour laquelle elle a également présenté un projet de diplôme atypique : son premier roman Vues sur la meren 2005. Un an plus tard, il paraît aux éditions Impressions nouvelles, avant de figurer en deuxième sélection du prix Médicis (remporté cette année-là par Sorj Chalandon pour Une promesse).

A l’origine d’un voyage sonore à la Maison Rabelais en Touraine, ou d’une des échappées littéraires de l’Opéra de Paris, Hélène Gaudy nourrit sa relation avec le public, comme dans une déambulation au musée d’Orsay, lors de lectures musicales au Musée Albert Kahn ou au rythme de ses résidences et ateliers d’écriture.

Pas étonnant de la voir citer André Breton, chef de file du mouvement surréaliste, dans son dernier ouvrage. Hélène Gaudy cultive elle-même une vision distincte de la littérature, qu’elle qualifie de « expérience de vie », pour reprendre ses mots dans cette interview pour Collatéral. Ses contributions à la revue La moitié des trucs peut en témoigner. En 2018, elle y a posté des photos de son grand-père. Pour les Gaudy, le cabinet de curiosités est une affaire de famille.

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