Agnès Jaoui raconte son enfance dans son « premier texte » écrit sans Bacri

Agnès Jaoui raconte son enfance dans son « premier texte » écrit sans Bacri
Agnès Jaoui raconte son enfance dans son « premier texte » écrit sans Bacri

Retour sur l’époque

Cette histoire autobiographique est entrecoupée de courts chapitres. Des sketches dans lesquels Agnès Jaoui raconte ses souvenirs d’enfance, faisant fi de la chronologie. Dès ses premières années à Sarcelles, depuis son arrivée dans le 5e arrondissement de la capitale à 7 ans, depuis le lycée Henri-IV où elle fait partie de la première vague de filles pouvant s’inscrire sans être accusée de “baisser le niveau.”

A ce propos, elle examine avec talent l’époque dans laquelle elle a grandi. Le racisme ordinaire, l’antisémitisme perçu très vite, les femmes dont les cheveux ont été coupés court après la ménopause pour “signifier au monde” qu’ils étaient « sort de la sphère sexuelle ».

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Belle ode à ses deux « sœurs »

Si elle évoque aussi ses parents avec tendresse, La taille de nos seins est avant tout une belle ode à l’amitié. Plusieurs passages sont consacrés à ses deux « sœurs » de cœur qu’il a rencontrées sur les bancs de l’école. Il y a la peintre Cécile Partouche qui illustre ces souvenirs avec de beaux dessins-collages presque naïfs. Il y a aussi Isabelle et ses cheveux verts à cause de l’eau chlorée des piscines américaines dont elle est issue. Avec cette dernière, Agnès Jaoui découvre un autre milieu social. “Nous croyons que nous vivons dans le même monde, dans le même pays, dans la même ville, à la même époque, mais ce n’est pas vrai, nous vivons tous à des époques différentes, convaincus que le meilleur standard est le nôtre.” elle écrit très justement.

Agnès Jaoui évoque, sans surprise, des souvenirs « madeleines » universels qui nous ravissent. Du jour où son amie Cécile a défendu et sauvé une grenouille sacrifiée sur l’autel d’un cours de biologie. Des moments où elles se déguisaient en « Claudettes » dans la cour pour chanter “Le dimanche à l’école est un malheur qu’on n’aura jamais” .

La Française ne se laisse pas aveugler par la nostalgie et évoque en même temps les moments difficiles de son enfance. La cruauté des enfants les uns envers les autres (elle ne s’épargne guère en admettant avoir « a souvent été horrible » avec ses copines), la compétition instaurée à l’école ou, encore, la toxicité des professeurs.

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Victime d’abus

Comme l’indique le titre de l’ouvrage, Agnès Jaoui raconte aussi la puberté chez les filles et donc des choses très intimes. La fois où elle a découvert la masturbation avec une amie, la dépression lors d’une crise d’appendicite, son besoin d’être admirée, l’importance de la normalité, les changements de son corps à l’adolescence, notamment sa poitrine. “Je n’ai jamais été autant courtisée, regardée, flirtée, pelotée, harcelée, maltraitée qu’entre 10 et 13 ans”, » a-t-elle déclaré après avoir modestement raconté les abus commis contre elle par l’un de ses oncles venus d’Israël.

Jean-Pierre Bacri n’apparaît qu’à la fin de ce “premier SMS sans lui.” Un passage fait penser à l’insubordination de cette dernière lorsqu’elle évoque la“horreur” qu’elle devait toujours s’agenouiller avant “un dieu, la reine d’Angleterre, Marilyn ou Jean-Luc Godard”.

« La taille de nos seins » | Narratif By Agnès Jaoui with illustrations by Cécile Partouche | Grasset, 144 pp. Price €19

 
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