Marguerite de la princesse de la Star Academy ou pas ? Sa cousine répond

Le 30 octobre, Marguerite déclare que son arrière-grand-père est « Prince d’Arménie » lors d’un repas avec ses camarades. Pouvez-vous nous expliquer d’où vient ce noble titre ?

Il faut d’emblée préciser une chose : l’arrière-grand-père de Marguerite était bien un prince arménien. Mais on ne peut pas dire « prince d’Arménie », car ce royaume n’existe plus. Et si la monarchie était rétablie, je ne suis pas sûr que nous serions les premiers sur la liste des appelés à gouverner ! C’est un titre noble, authentifié par l’Ordre de Malte, hérité de siècle en siècle qui est placé devant notre nom de famille : l’arrière-grand-père de Marguerite était le Prince Dédéyan puisqu’elle et moi sommes les princesses Dedeyan.

D’où viennent vos ancêtres arméniens ?

En Arménie, pour simplifier, il y avait trois grandes familles issues de la noblesse : les Bagratides qui donnèrent naissance aux rois de Géorgie, les Mamikoniens, et les Astrouni, princes du Vaspourakan, royaume du sud de l’Arménie (aujourd’hui situé entre l’Est de la Turquie et Iran). C’est de cette dernière branche que l’on descend en partie. Lorsque le royaume de Cilicie tomba sous contrôle ottoman en 1375, les Arméniens se dispersèrent. Nos ancêtres prennent la route de Tomarza en Türkiye et notre famille descend donc du co-prince de Tomarza puisque plusieurs familles nobles se sont installées dans cette ville turque entre le 14èmee et le XVe siècle.
Deuxièmement, nous descendons également de familles princières qui ont régné à partir du IXe siècle à Syunik et au Haut-Karabakh. Les Dédéyan ont donc une double ascendance noble.

Marina Dédéyan, auteure et cousine germaine du père de Marguerite Dédéyan, candidate à la Star Academy 2024-2025. © Astrid de Crollalanza

Comment votre titre de « prince » survit-il à partir de là ?

Avec la chute de l’Arménie, l’ensemble du système de noblesse s’est progressivement effondré. Dans les pays musulmans, notamment dans l’Empire ottoman, les chrétiens comme les juifs ou les religions mineures étaient ostracisés. Il leur est interdit de conserver les attributs de la noblesse : porter des armes et monter à cheval par exemple. Certaines familles ont réussi à s’en sortir. Le sultan, qui a besoin d’armes vaillantes pour combattre les hordes d’indésirables, désigne quelques familles qui auront le droit de conserver leur privilège. Le nôtre en fait partie.

Où alors se sont installés les ancêtres de Marguerite et les vôtres, les Dédéyans et comment vivaient-ils ?

La famille Dédéyan s’est installée à Smyrne – aujourd’hui Izmir en Turquie – à la fin du XVIIIe siècle, laissant de côté son titre. C’est devenu un clan patricien, extrêmement dynamique, produisant de grands intellectuels. Mes ancêtres ont notamment eu l’idée de traduire en arménien tous les grands classiques de la littérature française du XIXème siècle. Alexandre Dumas, Eugène Sue, Lamartine, George Sand deviennent accessibles aux classes populaires arméniennes. Un succès colossal de l’Empire Ottoman à l’Inde ! Alexandre Dumas en était très content ! Je suis sûr que cela a renforcé ce lien fraternel entre Français et Arméniens. Cela explique aussi sans doute la forte mobilisation des écrivains français à la fin du XIXe siècle lors des massacres dans l’Empire ottoman.

Marguerite Dedeyan, candidate à la Star Academy 2024-2025, enregistre le single des académiciens le 13 octobre 2024. ©ISA HARSIN/SIPA/2410251653

Marguerite a notamment précisé que son arrière-grand-père a survécu au génocide. Qu’est-il arrivé à votre famille à cette époque ?

« Survivant du génocide » est un raccourci. Le génocide arménien s’est déroulé en plusieurs étapes. Smyrne était une ville particulière, peuplée principalement d’Européens, entre Grecs et Arméniens. Les Turcs n’ont donc pas osé attaquer les Arméniens trop soutenus. Lorsque les Turcs prirent le contrôle de Smyrne, ils attaquèrent les Arméniens. En 1919, alertée par des menaces, la famille quitte la ville avant le grand incendie et l’attentat de Mustafa Kemal en 1922. Un coup de chance qui permet à mon arrière-grand-père d’échapper au génocide, mais une trentaine de membres de la famille sont exterminés.

Comment vos ancêtres ont-ils trouvé le titre de « princes arméniens » ?

Dans les années 1930, mon grand-père Charles et son frère jumeau Christian – arrière-grand-père de Marguerite – ont entrepris les démarches nécessaires auprès de l’Ordre de Malte pour faire authentifier leurs titres. Ils rassemblèrent tous les documents demandés et le titre put être ramené dans la famille. Tous les descendants de Christian et Charles sont donc des princes et princesses Dédéyans. Du côté de Marguerite, on ne met pas d’accents aigus sur le « e », mais personnellement, j’ai envie de le faire pour une raison bien précise. Mes ancêtres les avaient conservés dans leur correspondance avec Alexandre Dumas !

Marguerite Dedeyan, candidate à la Star Academy 2024. © CYRIL PECQUENARD/SIPA/2410301550

Que signifie aujourd’hui ce titre princier pour vous et votre famille ?

Nous le vivons comme un témoignage de la mémoire de nos ancêtres. Nous sommes à une époque où l’Arménie connaît une menace existentielle et nous faisons partie des rares familles arméniennes capables de retracer une généalogie. La plupart ont fui sans papiers, sans preuve de leur origine. C’est pourquoi je ne souhaite pas du tout que ce titre de princesse brille dans les salons. C’est simplement le témoignage d’une histoire saccagée. Et nous sommes l’une des seules familles à pouvoir le retrouver.

Avez-vous été surpris que Marguerite en parle à la télévision ?

Marguerite est arménienne par son arrière-grand-père, le prince Christian Dédéyan. Et elle en parle. Cela veut dire que pour elle, qui est assez jeune, 24 ans, cette histoire est importante et elle s’y reconnaît. Ce titre lui permet de se rapprocher de l’histoire des Arméniens et d’en parler.

Votre famille soutient Marguerite dans son aventure à la Star Academy ?

Bien sûr ! Nous suivons toutes ses prestations. J’avais vu ses vidéos sur les réseaux sociaux et je la trouvais déjà très talentueuse avant son apparition dans l’émission. Je me suis dit « ce gamin a du talent ». C’est avant tout une gentille jeune fille ! Elle a un talent artistique évident, mais c’est aussi une bonne fille, elle est généreuse et attentionnée envers les autres. Je la soutiens pleinement !

De tempête et d'espoir, tomes 1 et 2 de Marina Dédéyan édition broché aux Éditions J'ai Lu.
De tempête et d’espoir, tomes 1 et 2 de Marina Dédéyan édition broché aux Éditions J’ai Lu. © éditions J’ai Lu.
 
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