Claude Rajotte publie son autobiographie et aimerait retrouver un micro

Claude Rajotte publie son autobiographie et aimerait retrouver un micro
Claude Rajotte publie son autobiographie et aimerait retrouver un micro

Près de 10 ans après avoir été écarté des ondes, Claude Rajotte revient ces jours-ci sur le devant de la scène avec la sortie d’une autobiographie dans laquelle, sans surprise, la occupe une place centrale. Les critiques impitoyables du record étaient devenues rares dans les médias ces dernières années en raison de problèmes de santé. Devenant meilleur, il accepterait sans hésiter une tribune pour transmettre sa passion contagieuse pour la musique, si on lui en proposait une nouvelle.

« Ce n’était pas mon choix que cela se termine. J’aurais aimé que ça continue. La radio me manque, bien plus que la télévision. C’est sûr que si on me proposait d’animer une autre émission, je dirais oui”, glisse-t-on dans une interview à Devoir celui qui reste aux yeux de toute une génération une figure emblématique de MusiquePlus.

De 1987 à 2004, Claude Rajotte a vécu les plus belles années de la chaîne à l’esprit insoumis, avant de partir animer sur les ondes d’Espace Musique. Il revient à MusiquePlus en 2011, mais, à son grand regret, l’ambiance n’est plus la même. La première liberté avait cédé la place au politiquement correct. Les abonnements étaient en chute libre. Les jeunes avaient abandonné MusiquePlus, qui avait pris le même virage que MTV en se concentrant sur la télé-réalité : la musique était alors reléguée au second plan.

En 2014, son émission intitulée simplement Rajott a été déplacée vers MusiMax, la station sœur de MusiquePlus, avant d’être complètement annulée l’année suivante, faute d’audiences satisfaisantes. Après une lente agonie, MusiquePlus a vu sa mort actée en 2019.

« Ce n’est pas moi qui ai pris les décisions. Mais si ça avait été le cas, je n’aurais pas pris les mêmes, c’est sûr. J’aurais commencé par ne pas diffuser toutes ces stupides émissions traduites qui venaient des États-Unis et que personne ne voulait voir. Avec de l’imagination, il y aurait eu moyen de faire quelque chose. Je pense quand même qu’il y aurait de la place pour une chaîne de télévision dédiée à la musique», clame Claude Rajotte, qui nous accueille chez lui pour la sortie de son livre Aux oreilles de Rajotte.

Ermite sympathique

Dans son grand appartement situé au sommet d’un immeuble ancien du centre-ville, le mélomane de 69 ans vit un peu coupé du monde, entre ses immenses systèmes audio et son impressionnante collection de disques minutieusement classés par ordre alphabétique. . Il y a quelque chose de monastique dans son mode de vie entièrement consacré à la musique et à son chat Super, un siamois presque aussi sauvage que son maître.

L’ancien hôte de Cimetière CDouvertement gay, confie avoir toujours préféré la compagnie des félins à celle des hommes. «Je n’ai jamais eu ami. Je n’avais pas de temps pour l’amour, et pas beaucoup plus pour le sexe», résume sans amertume celui qui évoque rarement sa vie privée dans sa biographie.

Ceux qui s’attendaient à des règlements de comptes avec les autres VJ seront également déçus. Claude Rajotte n’a que de bons mots pour ses anciens collègues, de Sonia Benezra à Geneviève Borne, en passant par Véronique Cloutier, Varda Étienne et même Philippe Fehmiu. « Ceux que je ne nomme pas, ça en dit long », dit-il avec un sourire moqueur.

Il est surtout question de musique dans ce livre : ses albums phares, ses découvertes, ses coups de cœur et ses interviews les plus mémorables. En lisant, on se dit que la musique était finalement le seul grand amour de Claude Rajotte. Un intérêt obsessionnel qui lui vaudrait sans doute aujourd’hui une place sur le spectre autistique. « Mais, à mon époque, on appelait ça simplement « être un vieux garçon » », ironise celui qui n’a rien perdu du sens de la répartie qui a fait sa réputation.

Punk dans l’âme

Né en 1955, Claude Rajotte, qui a grandi à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, près de Drummondville, vient d’une époque révolue. Celle d’un Québec rural encore sous le joug de l’Église. Celle où les pères se muraient dans le silence plutôt que de parler de leurs problèmes et où les enfants étaient élevés « avec des gifles ».

Claude Rajotte tient à souligner qu’il ne considère pas avoir eu une enfance malheureuse et qu’il n’éprouve aucune rancune envers ses parents. Mais il n’en reste pas moins que ce fils unique dit avoir vite compris qu’il n’avait pas grand-chose à voir avec leur monde. Pink Floyd, Frank Zappa, Led Zeppelin et bien sûr les Beatles, qui restent son groupe préféré, ont été pour lui une échappatoire. On ne peut pas en dire autant de l’école, où le jeune Claude a été victime d’intimidation.

« Il y en a qui se suicident à cause de ça. Ma réaction, c’était plutôt d’énerver tout le monde», se souvient-il avec sa franchise déconcertante. C’est sans doute de là qu’est né le ton cinglant de celui qui fut l’un des critiques musicaux les plus redoutés au Québec. Le même qui a démoli les albums qu’il détestait à la télé avec son légendaire « Détruire ».

L’ancien VJ le reconnaît : il y a une violence qui l’habite depuis toujours, et le sarcasme lui aura permis de la canaliser. Mais ce fut un long processus. De son propre aveu, son attitude était exécrable à ses débuts à la radio, dans les années 1970. Claude Rajotte faisait ce qu’il voulait, s’amusant à défier l’autorité des patrons. CKOI l’a congédié à deux reprises avant qu’il ne décide d’arrêter son auto-sabotage. C’est sur les ondes de la station rock CHOM, où il sévit pendant de nombreuses années, qu’il s’apaise. Un peu.

Car Claude Rajotte est resté un esprit libre tout au long de sa carrière. Et il n’est plus question de rentrer dans le moule désormais. « Oui, j’espère refaire de la radio un jour. Mais je sais très bien qu’il n’y a pas beaucoup d’endroits où je peux travailler aujourd’hui avec le style qui est le mien », conclut-il lucidement.

Les oreilles de Rajotte

Claude Rajotte, Éditions de l’Homme, Montreal, 2024, 248 pages. In bookstores October 30.

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