Mais Dalton au Montana, Sioux au Wyoming et Ojibwe au Dakota du Nord – Libération

Mais Dalton au Montana, Sioux au Wyoming et Ojibwe au Dakota du Nord – Libération
Mais Dalton au Montana, Sioux au Wyoming et Ojibwe au Dakota du Nord – Libération

par Cristina Ferniot, Frederique Roussel, Théodore Le tue lingue et Sabrina Champenois

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Avec Théodore Dillerin de la librairie Comptoir des mots, dans le 20e arrondissement de Paris, l’équipe Libé Polar a dressé une liste de 50 polars couvrant les 50 États d’Amérique. À la veille d’élections présidentielles cruciales pour l’avenir des États-Unis et de la planète, il nous semblait important de mettre en avant un genre qui permet de mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. Cette liste de thrillers est forcément subjective, il a fallu faire des choix drastiques, mais l’ensemble raconte une fantastique histoire des fractures de la société américaine, du racisme omniprésent, de la montée de la violence, des inégalités sociales mais aussi des paysages sublimes, des opportunités de ceux qui osent tenter leur chance. Bref, le rêve américain, ou ce qu’il en reste.

Idaho

Les paysages grandioses de Kimi Cunningham Grant

Kimi Cunningham Grant, auteur connu pour le silence du repentant et Les ressentiments et la terrenous emmène, avec ce troisième roman, dans la nature sauvage de l’Idaho, un État situé au nord-ouest des États-Unis. Emlyn est une jeune guide de montagne qui organise des séjours de pêche pour de riches Américains désireux de renouer avec la nature. Il vit en exil au milieu de ces paysages grandioses mais inquiétants pour oublier un passé douloureux, s’intégrant au mieux à la population locale. Alors qu’elle parvient à peine à se construire une vie plus ou moins équilibrée, apparaissent un ex-partenaire et un ami dont elle s’était distancée, devenu entre-temps une star des réseaux sociaux. Après une randonnée dans la région, il disparaît subitement. Déterminée à la retrouver, Emlyn nous emmène à ses côtés dans des sentiers sinueux et nous prévient : « Les gens qui aiment croire que la nature n’est que beauté et harmonie se trompent. Il suffit d’y passer suffisamment de temps pour le savoir. Perdez-vous ou disparaissez, les deux verbes qui donnent son titre au roman prendront alors tout leur sens, tant sur le plan personnel et intime, que sur le plan géographique. Kimi Cunningham Grant écrit un roman à la frontière entre le thriller et l’écriture naturaliste qui interroge la complexité des relations humaines. Th.D.

Bourse Kimi Cunningham, Perdez-vous ou disparaissez, traduit par Alice Delarbre, Buchet-Chastel, 2024, 496 pp., 24 €.

Montana

Les perdants de James Crumley

Né au Texas, mort en 2008 dans le Montana, dans ce repaire littéraire qu’est Missoula, James Crumley a toujours raconté l’Amérique des perdants. Dans Douce folieon retrouve Chauncey Wayne Sughrue, un vétéran du Vietnam devenu détective privé spécialisé dans la recherche de personnes disparues et résidant à Meriwether (une ville du Montana, déplacée de Missoula). Un ami psychologue volé (et un gros chèque) le convainc d’accepter une enquête qui le mènera à travers les États-Unis, outre-Atlantique, jusqu’en Écosse. Dans son sillage, une vague de violence (de la simple violence au meurtre, en passant par le viol et la torture) et la découverte de côtés obscurs qui finiront par alourdir notre homme. Heureusement, CW ne s’éloigne jamais trop d’un bar ou d’un pack de bières, il a toujours un joint à portée de main, voire quelques amphétiques… Bref, un western-thriller ponctué de morceaux de bravoure qui jouent sur la vraisemblance comme cet épisode nocturne de une ferme isolée où, après avoir rendu certains enfants nerveux, CW rencontre une sorte de Ma Dalton en fauteuil roulant, une ancienne championne de taekwondo. Du Crumley vintage au panache d’affranchi, où la férocité n’interdit pas la joie malgré le constat foncièrement dépressif de l’histoire – « L’Amérique est un endroit formidable, n’est-ce pas ? Là-bas, vous pouvez acheter de la dynamite aussi facilement que de la drogue, et tout ce dont vous avez besoin pour exploser, ce sont des pétards et des minuteries de cuisine. S. Ch.

James Crumley, Douce folie, traduit par Jacques Mailhos, Gallmeister, 416 pp., 24,80 €.

Wyoming

Je Sioux de Craig Johnson

Depuis près de vingt ans, Craig Johnson dresse le portrait du Wyoming, des montagnes et des plaines venteuses que parcourt son shérif Walt Longmire à bord de son vieux pick-up. De son premier roman, Petit oiseaunous avons sympathisé avec ce flic qui prend son temps. Dans cette seizième enquête, le dernier combatCraig Johnson plonge les lecteurs dans la dernière bataille du général Custer contre les Sioux pendant la guerre des Black Hills, avec l’histoire du tableau de Cassily Adams, Le dernier combat de Custer. L’original aurait disparu dans un incendie, mais le shérif se retrouve avec un tableau qui pourrait s’apparenter à cette œuvre légendaire. C’est l’occasion pour Craig Johnson de se plonger dans la bataille de Little Bighorn en 1876, la défaite du général Custer et la grande histoire de l’Amérique. Mais le romancier ne nous impose pas de leçon officielle, il reste un auteur de thrillers qui mêle bagarres de saloon, trafics en tous genres et soirées au bistrot. Ch.F.

Craig Johnson, le dernier combat, traduit par Sophie Aslanides, Gallmeister, 416 pp., 24,90 €.

Dakota du Sud

Amérindiens par David Heska Wanbli Weiden

« La police tribale était tenue de signaler tous les crimes aux enquêteurs fédéraux, qui engageaient rarement des poursuites. Seuls les cas très médiatisés ou les crimes violents méritaient des poursuites judiciaires. Mais les agressions sexuelles classiques, les vols et les agressions ont souvent été ignorés. Et les poubelles le savaient. Les violeurs pouvaient s’en prendre aux femmes indiennes aussi longtemps qu’ils le voulaient, tant qu’ils opéraient sur le territoire indien. Lorsque le système judiciaire leur a fait défaut, les gens sont venus me voir. Pour quelques centaines de dollars, ils ont eu une petite revanche. C’était ma contribution à la justice.” Dans la réserve indienne de Rosebud, dans le Dakota du Sud, où l’État fédéral ne met pas le nez, Virgil Wounded Horse est payé pour assurer la justice à la place d’une administration défaillante. Lorsqu’une nouvelle drogue commence à dévaster sa communauté et atteint son neveu dont il a la garde, Virgil est déterminé à traquer la chaîne et à punir les responsables. Lui-même issu de la tribu Lakota installée dans les réserves du Dakota, David Heska Wanbli Weiden entremêle ethnologie et intrigue d’investigation. Il parvient à sonder ses personnages avec une grande humanité et raconte comment la drogue fait des ravages aux États-Unis, notamment dans les communautés amérindiennes. Justice indienne il aborde également la question, sans caricature, des rites et des droits civiques des Amérindiens aux États-Unis. Un premier roman sombre et social acclamé par la critique et salué par Louise Erdrich et Craig Johnson. Th.D.

David Heska Wanbli Weiden, La justice indienne, traduit par Sophie Aslanides, Gallmeister/Totem, 2022, 384 pp., 10,80 €.

Dakota du Nord

Les Ojibwés de Louise Erdrich

La neige a continué à tomber au cours de l’hiver 1912 et les Indiens Ojibwe sont morts les uns après les autres de famine ou de famine. « repérer les maladies venues du sud ». Bientôt, la tribu dispersée devra abandonner ses forêts et son lac, ce qui ne manquera pas de semer la discorde entre eux. Nanapush, un vieil indien du clan du même nom, grand chasseur, résistera jusqu’au bout. Il a sauvé Fleur lorsqu’elle était jeune fille, la dernière des Pillards, lorsque sa famille a été tuée par la maladie. Pour éviter que ses terres ne soient saisies, Fleur reste dans la cabane familiale de Matchimanito au bord du lac. L’héroïne du nouveau roman de Louise Erdrich, Premio Femina 2023 avec la phrasec’est cette belle Indienne du clan Pillager, que l’on craint de courtiser : “Il était évident que Misshepeshu, l’homme du lac, le monstre des eaux, la voulait pour lui tout seul.” Considérée comme dotée de pouvoirs et d’une personnalité sans compromis, elle possède un courage et un sang-froid extraordinaires ; personne ne prendra le risque sauf Eli Kashpaw. C’est Nanapush qui raconte l’histoire de Fleur à sa fille, devenue sa petite-fille, en alternance avec d’autres voix. On ne peut pas imaginer, si on ne le sait pas, que Louise Erdrich ait tressé Comme des pas dans la neige deux romans écrits à vingt ans d’intervalle : un souffle de liberté et d’indépendance comparable Dalva l’irrigue. FR

Louise Erdrich, Comme des pas dans la neige, traduit par Michel Lederer, Albin Michel « Terres d’Amérique », 480 pp., 23,90 €. Sortie le 30 octobre.
 
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