Miguel Bonnefoy, lauréat du Grand Prix de l’Académie française du roman 2024

Miguel Bonnefoy, lauréat du Grand Prix de l’Académie française du roman 2024
Miguel Bonnefoy, lauréat du Grand Prix de l’Académie française du roman 2024

L’auteur franco-vénézuélien, 37 ans Miguel Bonnefoy a remporté le Grand Prix du roman de l’Académie française ce jeudi, selon les éditions Rivages qui ont anticipé l’annonce de l’Académie française en partageant la nouvelle une heure avant l’annonce officielle des résultats.

Le romancier est sacré pour son roman Le rêve du jaguarédité par Rivages. Depuis sa sortie le 21 août, le titre s’est vendu à près de 20 000 exemplaires, selon GFK.

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Un voyage sensoriel

Avant l’examen de Laëtitia Favro est apparu dans hebdomadaires : Dans une rue de Maracaibo, une petite fille joue avec un camion en bois. Il l’a fait rouler d’abord dans les couloirs de la maison, puis sur les trottoirs et sur la place principale de la ville où sa mère l’a arrêté, “parce qu’il semblait capable de continuer jusqu’à la frontière brésilienne”. Ce jour-là, Ana Maria comprend que sa fille “Il irait loin dans la vie, mais aussi dans le monde”. Née le 23 janvier 1958, jour de la chute du dictateur Marcos Pérez Jiménez, elle porte le nom de son pays : le Venezuela. Un nom qui la reconnectera à ses racines lorsque, après avoir rêvé d’ailleurs et feuilleté les atlas familiaux, elle quittera Maracaibo pour Paris, où naîtra son fils Cristobal.

Né d’une mère vénézuélienne et d’un père français, Miguel Bonnefoy emmène le lecteur dans un voyage entre les deux continents qui le constituent, à travers de splendides sagas familiales qui rappellent des contes immémoriaux, imprégnés des impressions de son enfance entre Europe et Amérique latine. Dans Sucre noir (Rivages, 2017), une famille antillaise a vu son existence bouleversée par la légende d’un trésor disparu. Héritage (Rivages, 2020) a retracé le parcours des populations déracinées, des pentes du Jura jusqu’à Santiago du Chili. Le rêve du jaguartrois générations s’épanouissent sur un chemin auquel leur naissance ne les avait pas prédestinées. Orphelin, le père du Venezuela est abandonné sur les marches d’une église, dans une rue qui portera bientôt le nom d’un éminent médecin. Le nom d’Antonio Borjas Romero. Son.

Devant “ Minotaure terrifiant » de la dictature

Accueilli par un mendiant qui, inquiet de le voir devenir criminel, le pousse à travailler plutôt qu’à voler, Antonio se propose comme bricoleur dans une maison close où arrive chaque jour une nuée de marins. Un soir, l’un de ces hommes sort de son gilet une machine à rouler les cigarettes, semblable à celle trouvée dans les couches du petit Antonio. Le marin reviendra quelques semaines plus tard, « Colliers africains autour du cou » et une lettre qui va changer la vie d’Antonio. Sans elle, Antonio n’aurait jamais fréquenté l’université ni rencontré Ana Maria. “Je n’épouserai que l’homme qui me raconte la plus belle histoire d’amour”le prévient. Antonio, qui ne connaît rien à l’amour, est alors assis dans le hall d’une gare routière, avec une pancarte « J’écoute des histoires d’amour » devant lui. Il en collectera autant qu’il pourra se demander “S’il n’y avait qu’une seule histoire au monde qui ne parle pas d’amour”.

Par rapport à “minotaure terrifiant” de la dictature, engagés contre le régime de Marcos Pérez Jiménez, Antonio et Ana Maria deviendront de grands médecins et donneront naissance à une femme libre dont l’histoire s’écrira loin de sa famille. “Vous ne partirez que lorsque vous vous serez libéré du fardeau de l’or” prédit une voyante au Venezuela. Comme coulées dans du métal précieux, les écrits de Miguel Bonnefoy invitent le lecteur à un voyage sensoriel où légendes et mythologies familiales se mêlent aux révolutions du XXe siècle.e siècle. Son roman est celui d’un orfèvre épris de romantisme pur, qui donne matière à rêver.

 
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