Merci à Dieu pour Hay Babies

Julie Aubé, Katrine Noël and Vivianne Roy sing their Acadian pride on Tintamarreun quatrième album aux saveurs salées et « swompe ».


Publié à 00h57

Mis à jour à 11h00

Il y avait du fricot à manger juste à côté de la table de marchandises et des fanions à l’effigie du drapeau acadien accrochés au plafond. Nous n’étions pas à Moncton, non, mais à la Sala Rossa, à Montréal. C’est ici que les Hay Babies, vêtus de leurs costumes scintillants à franges de super-héros du Nouveau-Brunswick, ont été lancés jeudi soir. Tintamarre.

Un disque, peut-être leur meilleur, entre swoopy rock, country rural et folk psychédélique, qui se déroule comme une grande fête donnée pour célébrer leur identité. Cela ne pourrait pas être plus clair que Soyez fierleur propre CCR est une ode au courage souriant des gens de chez eux ainsi qu’à l’herbe par excellence de la cuisine de leur coin de pays. ” Dieu merci pour le salé ! », s’exclament-ils de leurs voix radieuses et métissées.

C’est en s’inspirant de leurs séjours en Louisiane qu’ils ont imaginé pour la première fois cette série d’hymnes au confort familial (Enfin et surtout), invitations à porter un toast (Entre le chien et le loup) et de beaux portraits d’anciens tout aussi beaux (Pas question de tomber).

“Les filles se moquent de moi, parce que j’ai toujours envie de parler de vieilles choses sur l’alimentation”, s’amuse Katrine, en se faisant maquiller dans l’antichambre de la Sala Rossa, où les spectateurs déposent habituellement leur manteau, quelques heures avant le lancement.

Dans le hameau d’Henry, à environ une heure de Lafayette, ils se lient d’amitié avec des agriculteurs, des alcooliques et des ouvriers, se retrouvent dans des tavernes où des serveuses bien intentionnées se font toujours un plaisir de jouer les entremetteuses entre jeunes francophones. ou vieux.

« La Louisiane nous a donné le sentiment de découvrir un village caché entre Memramcook et Bouctouche », illustre Julie. Ils étaient là à la fois ailleurs et chez eux. « Le monde ressemble même physiquement à celui de chez nous. On s’est promené et on s’est dit : regarde, c’est un peu la version cajun de Jérémie Frenette, un gars qu’on connaît de Moncton. »

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PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

The Hay Babies, accompagné du guitariste Mico Roy

« Et puis, c’est le bon moment pour y aller, ajoute Vivianne, car malgré le fait qu’il y ait des militants pour la langue, beaucoup de gens l’ont perdue. Il y a des jeunes qui font des cours d’immersion et c’est génial, mais entendre le français cajun que parlent les vieux, c’est maintenant. »

Guerriers de la route

Lettre d’amour à toute la beauté qui pousse en dehors des sentiers balisés de l’industrie musicale et des relations éphémères, Tintamarre continue pour Les Hay Babies ce qu’il faut qualifier de quête de vérité. En visite à Nashville, où ils espéraient goûter à la pureté du country, ils déchantent vite.

« On s’attendait à entendre de la bonne musique, mais finalement, tout le monde est obligé de reprendre Alan Jackson parce que leurs morceaux sont nuls », résume Vivianne, la plus drôle et la moins diplomate du groupe. trio, qui se moque de ces malchanceux en Certaines personnes. Le constat implacable de Katrine : « Nashville est l’endroit où les rêves meurent. »

Mais au fin fond de la Louisiane ? « Nous avons entendu les meilleurs groupes », se souvient Vivianne. Les gens qui n’essaient pas de faire carrière et qui le font avec leur cœur, ce sont eux qui sont les meilleurs. »

Extrait deEntre le chien et le loup

Depuis plus de dix ans, Les Hay Babies vivent, savourent et réalisent leur rêve de rock’n’roll, malgré l’ennui que cette vie comporte, les kilomètres et les mauvais repas mangés.

« Nous sommes des guerriers de la route », résument ceux qui se proclament « rebelles » dans Nous sommes les Hay Babiesune tape dans le dos qui s’offre à eux-mêmes autant qu’un avertissement aux cinémas qui les recevront. « Nous sommes rarement à l’heure, mais nous sommes rarement intelligents », préviennent-ils dans l’un des versets. L’occasion pour Julie de raconter l’époque où Vivianne devait donner un spectacle seule, parce qu’elle et Katrine s’étaient trompées de sortie d’autoroute, ce qui arrive parfois lorsqu’on est son propre chauffeur.

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PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Avec le batteur Marc-André Belliveau et le guitariste Mico Roy

« Nous n’avons jamais eu le luxe de tout cela », poursuit Vivianne avec plus de sérieux. Tout ça comme dans : showbiz. Julie poursuit : « Mais on sait qu’on a de la chance que personne ne nous dise quoi faire. Nous avons la liberté de nous amuser et de nous exprimer. Nous ne pouvions pas demander mieux. Nous jouons aux cartes ensemble à l’hôtel après les spectacles et nous apprécions toujours la compagnie de chacun. »

Pour toujours

Ils aiment tellement leur compagnie que pendant la pandémie, Vivianne a emballé ses petits pour quitter Montréal et retourner vivre avec ses amis. Julie : « Elle nous a appelé et il était clair que ça n’allait pas, au point qu’on a dû lui dire : tu attends une invitation formelle pour revenir ? »

C’est tragique et aussi parfois magnifique : l’identité acadienne et l’exil restent intimement liés. « Quand on déménage, on a toujours le sentiment qu’on va revenir un jour, qu’on va revenir et mourir chez soi », confie Vivianne, qui n’est pas encore là, car Les Hay Babies, sans doute, sont bien vivants.

« Même quand c’est difficile, ces filles sont mes meilleures amies », confie Julie dans un vibrant témoignage d’affection qui finira par avoir raison de son maquillage et de celui de Vivianne. «C’est comme un mariage, comme une promesse que nous nous sommes faite de nous aimer pour toujours. »

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