Un art sans vision culturelle

Un art sans vision culturelle
Un art sans vision culturelle

Les écoles publiques marocaines accordent très peu d’importance aux secteurs artistiques. Les arts visuels ne sont enseignés au collège que selon un horaire très basique. Face à l’évolution des nouvelles technologies qui sont responsables de plusieurs problèmes psychomoteurs chez l’enfant, les départements ministériels concernés n’ont pas encore entamé leur réforme. Le cas du théâtre.

Tombé en disgrâce à la fin des années 1990, l’art du théâtre ne séduit plus grand monde. À leur grand regret, les figures emblématiques du sixième art au Maroc, qui militaient pour instaurer un cadre artistique visant à promouvoir la culture théâtrale au niveau national, ont vu leurs efforts faiblir au fil des années. N’ayant pas eu la place qu’il mérite malgré plusieurs décennies d’activisme culturel, le père des arts a toujours été le parent pauvre des politiques publiques.

Les professionnels du secteur pointent un manque de vision culturelle, notamment théâtrale. D’autres constatent que les écoles n’ont pas rempli leur rôle de sensibilisation et d’initiation au théâtre.

Enseignement et programmes

« À Casablanca, nous avons quatorze conservatoires. Visiter un espace scénique et les coulisses d’un théâtre ne coûtera pas cher», souligne Baker Saddiki, acteur culturel et fils de feu Tayeb Saddiki (1939-2016). En effet, la sphère culturelle marocaine déplore une politique publique qui ne met pas en avant les filières artistiques dès le cycle primaire.

Dans le cadre de l’élaboration de la feuille de route visant à réformer le système scolaire, le ministère de l’Éducation nationale, également chargé des sports et de l’éducation préscolaire, a mis en place un arsenal d’approches en vue de moderniser l’école publique marocaine.

En voulant en faire un lieu de développement, le ministère de tutelle s’est rendu compte que certaines matières extrascolaires ne reçoivent pas beaucoup d’attention dans les programmes actuels. Mais “c’est le secteur public qui doit montrer l’exemple en scellant des partenariats pour permettre aux étudiants de découvrir le théâtre”, commente M. Saddiki. Selon notre interlocuteur, l’approche théorique est importante puisqu’elle permet aux enfants dès le plus jeune âge de se familiariser avec cet écosystème.

Cependant, en l’absence d’une vision culturelle claire, les questions abondent et certains acteurs culturels dénoncent un paysage culturel déserté et des compétences artistiques traitées en parias. “Nous ne produisons presque plus de pièces de théâtre comme c’était le cas il y a des années”, déplore-t-on.

Mais si les professionnels du secteur voient d’un mauvais oeil l’action publique, les observateurs de la scène culturelle marocaine critiquent la passivité du département chargé de la culture. À en juger par le nombre de postes proposés chaque année par le service de la culture, cette passivité a « atteint ses limites ».

Timidité et introversion

« Nous recrutons à peine quatre profils par an », affirment-ils. Pire encore, « cela fait dix ans que nous arrêtons de recruter des professeurs spécialisés dans les domaines artistiques », nous raconte Mouad Aboulhana, enseignant et peintre basé à Tanger. Outre le manque de ressources humaines, « la qualité de l’enseignement et des programmes doit être actualisée, malgré l’engagement et la volonté manifestés par les formateurs », estime M. Saddiki.

Par ailleurs, et contrairement à l’inertie caractéristique du secteur public, les investisseurs privés s’intéressent de plus en plus à ce créneau. Par exemple, après l’engouement suscité par les cours d’arts chez les enfants, le Studio des arts vivants a mis sur pied un nouveau programme destiné aux adolescents et aux adultes. « Cela veut dire que les gens ont vraiment besoin d’ateliers pour s’exprimer et assouvir leur passion, et cela ne se limite pas qu’à un jeune public », explique Mendie Ramaroson, responsable de la communication du Studio.

Étant donné que la promotion des arts au Maroc n’est pas considérée comme un projet prioritaire par les dirigeants politiques marocains, le secteur privé comble largement le vide ressenti par de nombreux parents d’élèves, qui optent souvent pour des cours de théâtre pour aider leur progéniture à surmonter ses problèmes de timidité et d’introversion. .

Contactée par Maroc Hebdo, Nihel Ouhafsa, professeur de théâtre, assure que monter sur scène permet aux jeunes enfants de prendre confiance en eux, car ils ont encore la capacité de se mettre à la place de différentes personnes. personnages. « Être sur scène devant un public, incarner un rôle que l’enfant a déjà pratiqué, rivaliser avec ses camarades de classe, s’exprimer ouvertement, maîtriser les techniques de respiration, tout cela influence la personnalité de l’apprenant et l’aide à s’émanciper et à s’émanciper. vivre en société», analyse Mme Ouhafsa. Les spécialistes en pédopsychiatrie recommandent également aux parents dont les enfants souffrent de troubles des interactions sociales de les inscrire à des cours de théâtre ou d’arts visuels par exemple.

De leur côté, les acteurs culturels réclament le développement d’un programme scolaire qui prenne également en compte les aspects pédopsychiatriques. “Quand nous aurons mis en place une éducation artistique pour les élèves de l’enseignement public, en installant des ateliers d’art animés par des ressources humaines qualifiées, notre pays aura des citoyens générateurs de valeurs saines pour les humains”, conclut M. . Sadiki.

 
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