Steeltown Murders, « cold case » à l’anglaise sur Arte

Steeltown Murders, « cold case » à l’anglaise sur Arte
Steeltown Murders, « cold case » à l’anglaise sur Arte

Basé sur un fait divers, ce thriller de Marc Evans dépeint avec brio l’effondrement social et psychologique de la Grande-Bretagne dans les années 1970. Meurtres de Steeltownà voir ce jeudi 3 octobre à 20h55 sur Arte et disponible Arte..

Sud du Pays de Galles, 1973. Trois meurtres ont été commis en l’espace de trois mois à Neath Port Talbot. Trois jeunes filles, dont deux amies, portant chacune des traces de liquide séminal, toutes mortes par strangulation. Et aucun policier capable d’établir un lien entre les affaires permettant de confirmer officiellement la recherche d’un tueur en série. Sauf Paul Bethel, un jeune inspecteur intuitif et ambitieux, peut-être trop aux yeux de ses supérieurs.

Il faudra attendre 2002, la nomination à la tête de la PJ d’une femme soucieuse de rendre justice à des dizaines de victimes d’affaires non résolues – trop souvent des femmes -, l’émergence des analyses et recoupements ADN et l’insistance du Béthel, bien que il était proche de la retraite, pour rouvrir l’enquête.

Débordements intimes

Un « cold case » comme seuls les Anglais savent le raconter. Construite sur deux époques, cette série inspirée de faits réels reprend pas à pas les étapes d’une bien triste enquête tout en décrivant avec brio son contexte social, intime et historique. D’un côté, il y a des luttes internes au sein de la police, où la jeune génération est accueillie avec la plus grande suspicion par une arrière-garde petite-bourgeoise et conservatrice. De l’autre, une population ouvrière rongée par la peur des fermetures d’usines et sa colère grandissante contre les patrons, le système et les mesures gouvernementales intempestives prises depuis Londres.

Certains critiques anglais commencent à s’agacer de l’équation thriller psycho-politique-historique-social et de l’utilisation, en toile de fond, de la manne providentielle que constituent les crises économiques successives de l’Angleterre dans les années 1970 et 1980. Ils sont, quoi qu’on en pense, à l’origine de tant de drames et de dérives de l’intime qu’il semble difficile de les ignorer.

Ici des flics frustrés, un tueur dont on comprend peu à peu les intentions et leur origine, mais aussi des familles démunies confrontées à une sorte d’incompétence généralisée, privées de leur enfant, du coupable et de cette porte – celle de la justice – censée ouvrir la voie au deuil. Des gens détruits. Exactement comme les parents de Geraldine Hughes, Pauline Floyd et Sandra Newton, les tristement célèbres victimes de Joseph Kappen, que la presse britannique surnommait le « Saturday Night Strangler » parce qu’il repérait ses victimes le samedi soir sur le quai du ferry qui les ramenait du Swansea (la grande ville) à Britton Ferry.

Double temporalité

Ed Whitmore, le scénariste de Chasse à l’homme et Place Rillingtonse concentre sur l’enquête criminelle inachevée avec une modestie qui fait honneur au sujet. Marc Evans, le directeur du même Chasse à l’homme, Arrière-pays et l’excellent Maison sûresoigne la déco sans jamais tomber dans le piège de la déco vintage ; dirige des acteurs dont la palette de jeu est captivante ; gère la double temporalité avec la précision d’un métronome et filme l’Angleterre, plus précisément le Pays de Galles tel qu’il était en 1973 et tel qu’il est en 2002, entre friches industrielles, banlieues résidentielles et infrastructures portuaires, sans trop de spectacle. Si les quatre épisodes déroulent l’enquête édifiante, ils composent aussi une remarquable fresque humaine.

 
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