Pour le peintre prodige Noah Davis, une revanche sur la mort

Pour le peintre prodige Noah Davis, une revanche sur la mort
Pour le peintre prodige Noah Davis, une revanche sur la mort

“Nous l’avons fait!” » Karon Davis ne peut réprimer ce petit cri de victoire alors qu’elle déambule, le 2 septembre, dans la rétrospective que Das Minsk, un musée privé de Potsdam, en Allemagne, consacre à son défunt mari, Noah Davis, peintre américain au talent immense perdu dans 2015, à l’âge de 32 ans, d’un cancer très rare. À chaque tableau, Karon Davis associe un souvenir. « Il y a un peu de mon ADN dans ces œuvres. » » dit-elle en soulignant qu’elle était aussi l’assistante de son mari. Prenez la toile intitulée Isis, qui tire son nom de la divinité égyptienne gardienne du foyer. Noah Davis l’a peint en 2009, inspiré d’une photo d’elle devant leur première maison, à West Adams, au sud de Los Angeles. « J’ai levé les bras et Noah s’est exclamé : ‘Reste là !’ Tu es Isis » dit-elle.

Son cœur est lourd face à cette émotion poignante Peinture pour mon père, que Noah Davis a créé en 2011 après la mort de son père, où il se représente en jean et t-shirt, les épaules voûtées, le dos tourné vers le néant, comme se tenant entre deux mondes. La composition rappelle les peintures de Caspar David Friedrich, peintre romantique allemand du XIXe siècle.e siècle, connu pour ses personnages plongés dans une profonde mélancolie et ses paysages surgissant de la brume. Rarement le thème du deuil aura été illustré avec autant de force.

Pour beaucoup, l’exposition de Das Minsk est une révélation. Et comme il tournera en 2025 au Barbican Center de Londres, puis au prestigieux Hammer Museum de Los Angeles, c’est le présage d’une reconnaissance mondiale que Noah Davis avait vainement espéré de son vivant. « Il savait qu’il était un visionnaire, en avance sur son temps, confirme sa femme. Il disait souvent, avant même sa maladie : « Quand je ne serai plus là, mon travail me survivra. » »

« Isis » (2009), de Noah Davis. LA SUCCURSALE DE NOAH DAVIS ET DAVID ZWIRNER

Rien ne manque aujourd’hui pour faire de son destin une légende : une mort éclair, une œuvre brève mais foisonnante, séduisante par ses harmonies colorées, figurative, donc accessible et énigmatique à la fois. Et surtout, un puissant marchand d’art, David Zwirner, qui a pris le domaine sous son aile pendant quatre ans et a catapulté ses prix à des niveaux stratosphériques, de 500 000 à 3 millions de dollars (de 447 500 à 2,4 millions d’euros).

Pour ce faiseur de rois, il ne s’agit pas de faire de Noah Davis un nouveau Jean-Michel Basquiat, peintre noir et chouchou des années 80, décédé d’une overdose en 1988 à l’âge de 27 ans. Nés à vingt-trois ans d’intervalle, les deux les comètes artistiques sont aux antipodes. Ce n’est pas de la rage mais du spleen que Noah Davis a imprimé sur la toile, quand chaque coup de pinceau de Basquiat se voulait un coup de poing. Moins tourmenté que son aîné, dévoré par ses addictions, le jeune Californien cultive l’aura du chef de famille et du rassembleur de la tribu.

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