Critique
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Le carnet Libé Booksdossier
« La Petite Bonne » raconte une histoire annexe dans laquelle le corps est au premier rang, dont celui du patron, massacré par un obus pendant la guerre de 14.
Paris, années 1930. Une jeune femme de chambre à la vie dure est embauchée par un couple bourgeois. On connaît leurs noms et prénoms, Alexandrine et Blaise Daniel. On ne connaîtra pas ceux de la femme de chambre : sa position efface son identité. « petite servante »ou «la bonniche»a droit à un régime narratif particulier. Sa vie et sa conscience s'expriment en vers courts, fer à gauche, comme dans ce poème de Georges Perros, Une vie ordinaire ; comme dans le livre de Joseph Ponthus, Sur la ligneoù il raconte une expérience dans une usine. Mais pas tout à fait, son point de vue étant exprimé à la troisième personne : « Globalement, ses employeurs sont contents / Ponctuels / Discrets / Efficaces / Rien à redire / Sauf Mme Pinchard / Elle répète tout / Il ne faut pas trop l'écouter / Au début, ça la rendait malade / Le froid / les phrases lancées / Les commentaires / les claquements de langue / désapprobateurs / Elle s'y est habituée / On s'habitue à tout / disait sa mère / sa pauvre mère / Elle ne compte pas finir comme elle / À la fin de la journée »etc. Les majuscules sont utilisées comme ponctuation. En outre : « Elle a autre chose à faire / que de nettoyer / en pleine nuit / pour des gens qui claquent la langue / en soulevant le tapis ». Il y a aussi, dès la première page, un autre régime poétique : un poème plus court, à la première personne, en caractères plus étroits, imprimé au fer à droite : « Les cent pas / J'aimerais pouvoir les faire / vraiment / Ici, ils font cinq pas de longueur /
