Par
Augustin Delaporte
Publié le
20 septembre 2024 à 06h04
Voir mes actualités
Suivez Actu Paris
C’est un lieu plein de poésie, répertorié dans le meilleurs guides de Parismais qui s’était quelque peu perdu dans la mémoire des gens du quartier. « Certains pensaient qu’on avait fermé », regrette un employé du Foyer de La Madeleine en septembre 2024, restaurant solidaire nichée sous l’église depuis 1969. Frappée de plein fouet par la crise du Covid-19, l’adresse du 8e arrondissement refait progressivement surface. Avec une mission plus décisive que jamais et un charme inchangé.
Tout un univers romantique caché sous terre
Peu avant 10h30, Didier, l’ancien chauffagiste de La Madeleine, pénètre dans les couloirs qui accueillent les « petites mains » des grands magasins du Faubourg Saint-Honoré et de la rue Royale, où ils peuvent faire réchauffer leurs bols sur les poêles à charbon au siècle dernier.
« Je suis le réparateur ici. Dès que quelque chose ne marche plus, je le répare », sourit-il sous sa moustache épaisse. Sur le pas de la porte, il salue Cédric, le cuisinier, qui est l’un des rares employés du Foyer de La Madeleine. Lorsqu’il nous voit, il se retourne brusquement.
« Le cadre est exceptionnel, n’est-ce pas ? » nous dit le chef en désignant un nuage métallique suspendu au plafond. plafond de la crypte. A quelques pas de là, Martine, la responsable des bénévoles, une femme énergique et déterminée, discute avec le président de l’association, Patrick Cruciata, dans un bureau. Deux petites feuilles volantes ont été posées sur la table entre eux. Ce sont les contacts de candidats pour devenir bénévoles au sein de l’association. « Il nous faut du sang neuf », nous fait-on comprendre.
Menu complet à 13,50 euros pour la bonne cause
Laurence, bénévole au Foyer depuis 17 ans et qui ne laisse apparemment rien au hasard, arrive à 10 heures pour mettre la table. « À 11 heures, on déjeune tous ensemble. Le rush commence à partir de 11h45 jusqu’à 13h45 », explique-t-elle.
La grande table des bénévoles discute désormais finir les restes d’hierAujourd’hui, l’association en compte 89. « Certains ont un jour fixe, les autres sont appelés ‘flyers’, explique Martine. Pour une prestation, il faut idéalement être une quinzaine, même si nous avons parfois été jusqu’à 6… »
Le temps passe vite et une file d’attente s’est formée à la réception : elle est de 45. Avec deux formules pour profitez d’un menu dans ce cadre hors du commun :une adhésion de 10 euros pour l’année et un repas de 13,50 euros, ou un repas de 17,50 euros.
Les sommes collectées sont ensuite utilisées pour offrir un repas pour 1 euro aux personnes dans le besoin. « Nous travaillons avec les associations Ozanam et Connexion plus. A chaque service, 15% de nos repas sont destinés aux personnes en situation précaire« Nous sommes des personnes vulnérables, psychologiquement. On arrive à faire en sorte qu’il y ait une rotation », résume Patrick Cruciata.
De grandes tables partagées pouvant accueillir de 4 à 6 convives créent des ponts entre les mondes. « C’est un lieu où Celui qui travaille à la Cour des comptes déjeune avec le sans-abri« Il y a aussi des touristes du monde entier », s’enthousiasme Laurence. « Ces rencontres permettent même, dans certains cas, de créer des opportunités d’emploi », ajoute Martine. Bénévole depuis 5 ans, Marion s’émerveille de rendre service. « On est comme coupés du monde ici. Tout ce qui compte pour moi, c’est que les gens repartent avec le sourire. »
L’irrésistible doyenne « Lili »
« Nous sommes bien conscients que nous ne sommes pas un grand restaurant, le but est la mission sociale. Et puis il y a une superbe ambiance entre les bénévoles, le rapport avec le staff est différent aussi… C’est convivial », constate Cédric.
Avant de partir, un incontournable ? Le café de Lili, bien sûr. Délicieusement « brut de pomme », la doyenne des bénévoles sert les boissons chaudes en fin de repas derrière son comptoir. « Que veux-tu, ma chérie ? » vous demandera la petite dame de 82 ans de sa voix rauque sous un portrait d’elle avec des fans de Johnny [Hallyday].
Impossible de le manquer, elle est là tous les jours « Je suis dans la restauration depuis que j’ai 18 ans », rembobine-t-elle. Une dernière chose : « Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour venir, nous sommes une association indépendanteet ouvert à tous », nous dit-on. Vous auriez tort de ne pas répondre à l’invitation.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actualité.