Le « Manifeste du surréalisme » sort de sa réserve

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Le manuscrit original du « Manifeste du surréalisme », rédigé en 1924 par André Breton, a été classé « trésor national » en 2017. © BNF, PARIS ©ADAGP, PARIS, 2024

C’est un trésor parmi les trésors. À la Bibliothèque nationale de France (BNF), rue de Richelieu (Paris 1est), une poignée de manuscrits sont conservés séparément, dans un espace appelé « la réserve », où sont conservées, entre autres, des merveilles médiévales (L’Évangile de la Sainte-Chapelle, Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne), des œuvres orientales, les calligrammes originaux de Stéphane Mallarmé… Et le plus récent de tous, datant de 1924, le Manifeste du surréalisme, d’André Breton, texte fondateur du mouvement d’avant-garde qui révolutionna les arts plastiques, le cinéma et la littérature.

A l’occasion de son centenaire, le mouvement fait l’objet d’une exposition au Centre Pompidou (Paris 4et), du 4 septembre au 13 janvier 2025, avec une gamme exceptionnelle d’œuvres, dont la Manifeste. Un événement en soi, puisque le manuscrit, que les surréalistes considéraient comme leurs tables de la loi, n’a été montré au public qu’à deux reprises : au Centre Pompidou, déjà, en 2002, et à la BNF, en 2021. Depuis qu’il était « Il est absolument indispensable de présenter le document original »selon la co-commissaire de l’exposition, Marie Sarré, il a été retiré de « la réserve ».

Ce mercredi 21 août, à la BNF, l’ambiance est concentrée. Olivier Wagner, responsable des collections « manuscrits modernes et contemporains » au sein de l’institution, est aux commandes. Il compte une à une les vingt et une feuilles de 23 centimètres sur 36, sur lesquelles, d’une belle écriture, André Breton définit le surréalisme comme une « automatisme psychique pur par lequel on entend exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. » Oui, le Manifeste recommande une action « en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale »Son emballage obéit à des règles précises. Un à un, ses fragments sont emballés, installés dans une caisse en bois sans signalisation, et transportés dans un camion anonyme pour éviter les vols.

« Une histoire incroyable »

C’est parce que ce texte est l’un des plus importants du siècle. Il unit un mouvement, explains Marie Sarrélui donne une existence réelle. Louis Aragon, Max Ernst, Philippe Soupault, Paul Eluard et bien d’autres se retrouveront autour des principes posés par André Breton. De même que de nombreux plasticiens du monde entier, comme le montrera l’exposition à Beaubourg. Marie Sarré assure notamment que, « Très vite, le texte de Breton a été traduit en japonais et en chinois. » Le destin du mouvement sera exceptionnel, une aventure artistique et humaine, faite d’amitiés, de rivalités, de haines et de ressentiments. En septembre 1966, André Breton meurt et, trois ans plus tard, Jean Schuster, son exécuteur testamentaire, publie dans Le monde une plateforme signant l’acte de décès du mouvement. « Quarante ans. Aucune avant-garde n’a duré aussi longtemps. »explains Marie Sarré.

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