Drôle d’ambiance ce dimanche matin 19 janvier, au gymnase François-Mitterrand de Pessac, en banlieue bordelaise. C’est le jour du Basket, mais on entendrait une mouche voler. Seuls les pas des joueurs, les tap tap du ballon et les consignes des entraîneurs résonnent. Cela ressemble à un entraînement, mais il s’agit d’un match officiel du championnat départemental de basket, catégorie U18, entre Pessac basket et l’association Audenge-Biganos-Lanton (ABL), du bassin d’Arcachon. Dans ces tribunes généralement bruyantes, il n’y avait que trois spectateurs. Les trois seules mères de joueurs autorisées à entrer dans le gymnase.
Pour la première fois de son histoire, le comité départemental de basket de Gironde a organisé une opération « tribunes vides ». Une manière de lutter contre les incivilités publiques, qui tendent à se multiplier. Parents, accompagnateurs, supporters, tous les habitués des tribunes ont été priés de rester chez eux. “Nous ne sommes pas un sport de casseurs, mais il y a des signaux qui s’allument”, explique Jean-Luc Dubos, président du comité.
« Il fallait se saisir du sujet »
Insultes envers l’arbitre, moqueries, arbitres attendus à la fin des matchs, perturbations diverses, jusqu’à l’envahissement du terrain, l’année dernière pour un match féminin U18. « Il fallait se saisir du sujet car il y a eu plusieurs dérives, même si cela n’a rien à voir avec ce qui se passe dans le football », poursuit le président. En Gironde, un tiers des cas disciplinaires sont liés à des incidents de spectateurs.
« Il y a un problème de société : aujourd’hui tout le monde ouvre la bouche pour rien ! Le problème, c’est quand tout le monde devient arbitre. Mais chacun doit rester à sa place : je suis joueur, je dois rester joueur, je suis entraîneur, je dois rester entraîneur, je suis parent, je dois rester parent”, rappelle Sébastien Farat, entraîneur adjoint à l’accord ABL. .
-“C’est ridicule”
Chez Pessac Basket, nous prenons la question au sérieux. « Nous briefons les enfants et les parents avant les matchs, nous leur disons ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. Il m’est même arrivé d’arrêter un match pour réprimander des parents qui se disputaient. Je leur dis en direct « ce n’est pas possible », qu’en criant après les arbitres, ils ajoutent du stress aux enfants. Habituellement, cela se comprend tout de suite. Au début, nous étions mitigés sur cette opération, mais finalement nous avons passé une bonne journée, même si elle était un peu triste sans l’ambiance. Les jeunes sont à l’écoute, il y a moins de stress pour les enfants, il n’y a pas ce climat où les parents crient, les joueurs sont concentrés sur ce qu’on leur demande, ils jouent libérés et sans pression” déclare Trystan Villeger, directeur sportif de le club.
Ceux qui marchent sur le sol sont plus mesurés. Joueur à Pessac, Ryan El Tayeb regrette l’exclusion des parents : “C’est ridicule, quand on voit à quel point les parents s’impliquent dans la vie du club, ils nous accompagnent partout, c’est vraiment dommage”. Du côté de l’ABL, le n°4 Kilian Dubouil trouve que « personne dans les tribunes, c’est bizarre, mais c’est la seule façon de se battre ». Sa mère Eva, l’une des trois spectatrices de la journée, se dit « pas contre, mais pas pour non plus l’opération tribunes vides ». C’est juste dommage d’en arriver là.