A l’approche d’un des temps forts de sa saison, Clément de Venturini a parlé à Cyclisme’Actu. En effet, les Villeurbannais de la formation Arkéa-B&B Hôtels se prépare à jouer son 10ème Championnat de France le cyclo-cross chez les Elites, qui aura lieu ce dimanche à Pont-Château (Loire-Atlantique). A 31 ans, Venturini pourrait viser un 7e titre, ce qui ferait de lui le 2e coureur le plus titré de l’histoire du cyclo-cross français (à égalité avec Eugène Christophe, André Dufraisse et Roger Rondeaux), derrière les neuf titres de François Mourey. A notre micro, il est également revenu sur la situation de son équipe Arkéa-B&B Hôtelsses ambitions pour la saison sur route et bien d’autres.
Vidéo – Clément Venturini au micro de Cyclism’Actu
Clément Venturini, votre saison 2025 commence comme d’habitude très tôt avec les Championnats de France Cyclo-cross, qui auront lieu ce dimanche 12 janvier sur le circuit de Pont-Château. Vous êtes double tenant du titre, six fois champion de France dans votre carrière, comment abordez-vous cette édition 2025 ?
Comme les autres années, avec l’envie de bien faire ! Comme si je n’avais jamais été champion de France, car on ne s’en lasse pas. Je suis fier d’avoir déjà remporté ce titre six fois, et s’il y en avait un septième, ce serait génial. Je pratique le cyclo-cross pour le plaisir et pour dynamiser mon hiver, et c’est un point de passage important. Derrière, il y aura encore trois épreuves de Coupe du Monde et les Championnats du Monde à Liévin pour tenter de finir en beauté. Parce que c’est aussi un véritable objectif personnel de briller à l’international.
Avec un septième titre en poche, cela ferait de vous le 2ème coureur le plus titré de l’histoire du cyclo-cross français (à égalité avec Eugène Christophe, André Dufraisse et Roger Rondeaux), derrière les neuf titres de Francis Mourey. Est-ce un disque qui pourrait vous intéresser dans le futur ?
En tout cas, ce n’est pas ça qui va me motiver sur la ligne de départ dimanche. Peu importe le numéro, même si c’est toujours sympa de gagner, personnellement ma priorité c’est d’avoir ce coup de pédale, cette sensation que je recherche.
Vous n’avez pas fait les Championnats d’Europe 2023 sur ce circuit de Pont-Château. Le connaissez-vous bien et ses caractéristiques vous conviennent-elles ?
Ma dernière apparition ici doit être en 2021, lors du Championnat de France Elite (qu’il a remporté, ndlr). Pont-Château est connu et reconnu. J’y ai vécu de grandes émotions, et j’espère en vivre davantage ce dimanche. C’est vrai que c’est un circuit magnifique, ça représente beaucoup de choses pour moi.
L’année dernière, on se souvient de votre duel avec Joshua Dubau. Il sera encore l’un de vos principaux rivaux dimanche, comment jugez-vous la concurrence en 2025 ?
Joshua sera un adversaire majeur… mais il n’y a pas que lui. Il ne faut pas oublier David (Menut), qui est jusqu’à aujourd’hui le meilleur Français au niveau international, Fabien Doubey, qui a souvent été présent lors des Championnats de France, et d’autres. La concurrence sera là, il ne faudra négliger personne. En 2024 on a pu voir Théo Thomas qui crée la surprise en terminant 3ème. Il y aura peut-être des coureurs qui excellent lors des championnats, donc il n’y aura pas seulement Joshua ou David à surveiller au départ.
Où en êtes-vous dans votre préparation ? Vous avez repris le cyclo-cross assez tard (à Troyes le 23 novembre), aviez-vous prévu de monter en puissance pour le mois de janvier ?
Oui, en revenant sur la Coupe de France à Troyes, il était difficile de prétendre gagner en ayant repris le cyclisme un mois auparavant, et sans entraînement spécifique. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que je suis engagé par Arkéa-B&B Hôtels pour briller sur la route. Et quand on fait les comptes en fin d’année, si ce n’est que les Championnats de France CX, mes patrons ne vont pas être contents… Donc je ne peux pas tout mettre sur le mois de janvier et faire comme si la saison se terminait le Dimanche ou fin janvier, car la saison routière reprendra fin février. Alors voilà, c’est une envie de ma part de faire du cyclo-cross, mais je ne joue pas toute ma saison le dimanche.
L’autre grand rendez-vous de cet hiver, ce sont bien sûr les Championnats du Monde organisés en France à Liévin (31 janvier – 2 février). Quelles sont vos ambitions pour ce moment unique à la maison ?
C’est sûr que ce sera un événement majeur et qui s’annonce très beau, c’est un vrai plaisir de courir chez soi, on a rarement cette chance. Je suis convaincu que ce sera génial, en plus Liévin est proche de la frontière belge, donc j’imagine que tous les fans belges feront le déplacement, même s’ils sont parfois un peu chauvins… Mais ce sera un très gros week-end, bien des temps à vivre, mais il y aura aussi 3 tours de Coupe du Monde avant cela, soit 3 occasions pour moi de briller au niveau international, un de mes grands objectifs personnels.
Concrètement, visez-vous un top 10, voire un top 5 comme cela vous est déjà arrivé en 2022 ?
Ma place sera ce qu’elle est. Je ne parle pas trop en termes de chiffres, mais plutôt en termes de performances. L’essentiel est d’avoir un très bon niveau athlétique et technique à ce moment-là, d’être le meilleur possible, et la place suivra à l’arrivée.
Après le cyclo-cross, il y aura bien sûr la saison sur route 2025 à suivre. Comment vous organisez-vous pour cette transition, avez-vous déjà un programme défini, une pause prévue ?
La pause sera plutôt sur le plan mental, car je couperai quelques jours, mais la reprise se fera fin février sur la Drôme Ardèche, les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico, puis les épreuves de Coupe de France après… Ça il y aura un grand programme derrière cela. Il y aura donc une petite pause pour respirer et se régénérer avant de véritablement sombrer.
Malgré votre profil très polyvalent et rapide, vous n’avez pas levé les bras depuis 2018… On imagine que renouer avec le succès sera votre principal objectif en 2025. Cela ne vous pèse-t-il pas trop après toutes ces années de disette ?
Oui, c’est sûr… La course de dimanche est super importante, mais si je perds mon titre de champion de France et que je gagne deux courses sur route, ma saison sera plus que réussie en toute honnêteté… C’est vrai que je suis souvent présente, mais pas un gagnant. Quand on voit le cyclisme actuel, c’est très dur de gagner. J’ai fait une saison 2024 correcte, avec pas mal de points UCI, et l’équipe en est très satisfaite. Mais pour ma part, le bilan a été un peu mitigé, car je suis effectivement régulier, mais j’aimerais parfois avoir cet éclat de génie. Mais c’est comme ça, il faut aussi savoir s’avouer vaincu, quand je perds contre Arnaud De lie au Tro Bro Léon ou Benoît Cosnefroy à Paris-Camembert, qui sont parmi les meilleurs mondiaux, c’est une petite victoire personnelle. Malheureusement, il n’y a plus de courses de niveau inférieur, elles sont toutes très dures et compétitives. C’est difficile d’avoir de bonnes performances.
C’est votre deuxième saison chez Arkéa, comment s’est passée votre intégration en 2024 ?
Je me suis plutôt bien intégré, je me suis épanoui au sein de l’équipe de Manu (Emmanuel Hubert, le directeur général). J’espère qu’on fera une belle saison 2025, tout le monde est motivé, on a ressenti un vrai objectif commun lors du stage de pré-saison. Nous nous retrouverons tous lundi (13 janvier) en Espagne pour le deuxième cours de préparation. La saison est déjà presque lancée car l’Australie va arriver très vite aussi.
En parlant d’Emmanuel Hubert, votre manager a beaucoup fait parler durant l’intersaison en tirant la sonnette d’alarme sur le danger qui menace à terme le cyclisme français. Ces déclarations vous ont-elles marqué et fait réfléchir, notamment en ce qui concerne votre équipe Arkéa-B&B Hôtels ?
J’ai 31 ans et je suis plutôt lucide. Je ne suis pas patron d’équipe, mais mes parents étaient aussi chefs d’entreprise, donc je sais ce que c’est, ça ne tombe pas du ciel et rien n’est acquis. Surtout dans le sport, un environnement précaire. Vous ne devriez jamais vous reposer sur vos lauriers. Certes, Manu a fait des déclarations assez marquantes cet hiver, il nous en a beaucoup parlé. Mais s’il n’y avait que nous, ça se saurait, il y a plein d’autres équipes dans la même situation mais on n’en parle pas. C’est aussi le jeu du sport de haut niveau.
Donc ça ne vous inquiète pas plus que ça pour l’avenir ?
Oui et non. Nous courons évidemment pour une équipe, mais nous n’avons pas de CDI, ce qui peut être bon ou mauvais. Le premier objectif reste d’être efficace. Si tel est le cas, l’équipe brillera. Nous sommes tous dans le même bateau, que ce soit les coureurs ou le staff. Tout le monde souhaite que cela réussisse, car ce serait effectivement tragique si une équipe comme Arkéa devait s’arrêter. Mais il ne faut pas y penser, bien au contraire. Manu fera comme nous, se battra jusqu’au bout, et l’avenir ne peut être que bon, j’en suis sûr.
Pour conclure, en cette période de vœux et de bonnes résolutions, que pouvons-nous vous souhaiter pour 2025 ? Qu’est-ce qui ferait de cette saison une saison réussie pour Clément Venturini ?
On en parle souvent pour se souhaiter bon courage, mais je pense que la base de tout c’est d’avoir une très bonne santé, notamment en étant sportif. Les problèmes physiques font partie du sport de haut niveau, donc j’aimerais déjà pouvoir m’évader de tout ça et pouvoir ensuite prendre du plaisir. Une fois cela dit, nous avons éliminé les deux principales préoccupations. Si vous combinez ces deux ingrédients, la recette est globalement bonne au final.