Par
Mathieu Te Morsche
Publié le
22 novembre 2024 à 10h57
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Le 15 octobre 2024, à Paris, le cycliste Paul Varry décède, écrasé par un VUSune voiture plus grande que la normale. Le conducteur a été mis en examen pour meurtre.
Une pétition lancée
Cet événement a suscité une vague d’émotion en France, notamment chez les cyclistes. Des rassemblements ont été organisés dans tout le pays, dont un à Dieppe (Seine-Maritime) par l’association Dieppe & Co à vélo samedi 19 octobre.
Le Fub, le Fédération Française des Usagers du Vélodont dépend l’association dieppoise, a lancé mercredi 30 octobre une pétition contre les « violences motorisées » et invite les victimes à témoigner.
« Il faut recenser et quantifier ces violence », souligne Judicaël Gasparprésident de Dieppe & Co à Vélo, qui déplore qu’ils soient « trop banalisés » et « tolérés par les pouvoirs publics ».
“Nous sommes proches de la mort”
Face à ces violences, Dieppe ne fait pas exception. « Ce sont plus souvent des femmes qui sont agressées ou insultées », précise Judicaël Gaspar. Lorsque de tels événements ont lieu, la première chose à faire « est de capturer un témoin », conseille le président de Dieppe & Co à Vélo.
Au sein de l’association, plusieurs membres ont vécu ces violences. Dont Aurélie Beck. Au printemps dernier, elle a emmené à vélo ses deux jeunes filles âgées de 2 ans et 3 mois à un rendez-vous médical à Dieppe. Elle descend là-bas rue Villatte et le rue du Château d’Eaudeux artères sinueuses qui débouchent sur le rond-point derrière le centre hospitalier.
« J’avais deux voitures derrière moi », se souvient-elle. En arrivant au rond-point, l’un d’eux tente de me dépasser par la droite. Mais elle n’y arrive pas, alors elle klaxonne, puis me dépasse par la gauche, me faisant une queue de poisson et pâturage. Le conducteur de la deuxième voiture, en me dépassant, m’a dit : “Tu n’as pas fini d’énerver tout le monde ?” »
Quelques mois après l’incident, la cycliste se disait toujours touchée : « Je ne sais pas ce qu’ils avaient en tête. J’avais peur pour mes filles. Ce vêtements et ceux-ci insultes m’a choqué. Je ne sais pas s’ils s’en rendent compte, mais quand ils nous frôlent, nous sommes proches de la mort. »
Depuis ces événements, Aurélie Beck se dit « encore plus prudente » à vélo, tout en se disant « plus stressée ».
“Nous ne sommes pas contre la voiture”
Selon le président de l’association cycliste, si ces faits sont monnaie courante, c’est en partie parce que “les voitures sont tellement habituées à disposer de tout l’espace public qu’elles n’ont plus l’habitude de partager la route”.
Pour que les mentalités et les habitudes changent, Judicaël Gaspar estime qu’« il faut un projet territorial « . « Nous devons travailler ensemble avec les élus, la société civile et les usagers de la route pour qu’il n’y ait plus d’évolutions ponctuelles mais cohérentes. Nous devons développer des pistes souhaitables qui donnent de la place aux vélos et à la mobilité active. »
Aurélie Beck réclame conscience : « Après ce que j’ai vécu, j’ai eu envie de réaliser des affiches. Mais le risque est que les automobilistes le prennent mal en disant que les cyclistes doivent simplement bien rouler. Il faut créer des moments d’échange.
Selon elle, des dispositions peuvent être mises en place, comme Zones 30 km/h en ville ou des panneaux « partager la route ». «Mais l’idéal serait qu’il y ait des pistes cyclables partout», estime-t-elle.
Dieppe & Co à Vélo appelle, sans surprise, à voyager davantage vélo. « Les trois quarts des déplacements peuvent se faire à vélo. On sait que les voitures occupent 70 à 75 % de l’espace public alors qu’elles restent à l’arrêt pendant 90 % de leur vie. Mais nous ne sommes pas contre la voiture », tient à souligner Judicaël Gaspar.
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