Alors que le cyclisme prend une place de plus en plus importante dans notre société, les équipes cyclistes françaises sont aujourd’hui menacées de disparition.
Menace de disparition, les mots sont forts. Ils sont tenus par plusieurs dirigeants français qui se montrent effectivement très pessimistes pour l’avenir. Ils dénoncent notamment une concurrence économique de plus en plus déloyale avec le reste du peloton international. Et ils décrivent tous un système économique français en fin de compte.
Déjà parce qu’avoir une équipe professionnelle coûte de plus en plus cher : transports, hôtels, tous les coûts ont augmenté ces dernières années, gonflant les factures de près de 20 %.
Ajoutez à cela qu’en période d’inflation ou de crise économique, les sponsors qui ne peuvent espérer aucune rentabilité dans le cyclisme se font de plus en plus rares. Un exemple ? Pour l’instant, l’équipe Arkea B&B Hotels n’a aucune visibilité d’existence au-delà de décembre 2025, date de fin d’investissement de ces 2 partenaires financiers majeurs.
Mais la principale cause d’inquiétude des équipes françaises : ce sont les charges fiscales qui pèsent sur les équipes en France et la différence de statut des travailleurs avec les autres pays. Le problème n’est donc pas nouveau et il concerne également d’autres sports. Mais là, dans un marché mondialisé, face aux salaires exponentiels ces deux dernières années dans le cyclisme – sans compter Tadej Pogacar surtout, les meilleurs coureurs gagnent entre 4 et 6 millions d’euros – les écarts se creusent et les Français n’arrivent plus à s’aligner. en termes de recrutement, comme nous l’explique très concrètement Emmanuel Hubert, le gérant d’Arkea B&B Hotels, que vous entendrez dans le podcast.
La fuite des talents évoquée par Emmanuel Hubert a déjà commencé. Impossible par exemple pour la formation Groupama-Fdj de retenir un grand espoir cycliste comme Lenny Martinez à qui sa prochaine formation, Bahreïn propose un salaire de plus d’un million et demi d’euros. Bahreïn, tout comme UAE, Israel-Tech ou Astana qui entretiennent cette bulle financière, qui fonctionnent avec des sponsors étatiques et avec des budgets quasi illimités.
Quelles sont les solutions pour sortir de cette impasse économique ?
Les solutions s’écartent vraiment de celles que d’autres sports pourraient adopter. On le rappelle : les équipes cyclistes ne disposent pas par exemple de recettes de billetterie, les courses étant jusqu’à présent un spectacle gratuit. Il n’y a pas non plus de droits de diffusion comme dans le football ou plutôt l’argent des droits TV est versé directement aux organisateurs de la course et n’est pas partagé avec les équipes.
Alors certains ont avancé l’idée d’un plafond salarial, d’une masse salariale plafond pour une meilleure répartition des coureurs, ou encore de mettre en place plus généralement un budget maximum, pour toutes les équipes, un plafond budgétaire qui serait fixé par l’Union. cycliste international, l’organisme qui régit le cyclisme mondial mais ces options ne convainquent pas. Il existe aujourd’hui de nombreux moyens de les contourner et leur surveillance au sein d’équipes parrainées par les États est difficile à réaliser. La création d’une allocation de formation pourrait également être envisagée avec la France qui forme bon nombre de coureurs avant leur départ dans des équipes étrangères.
Autre piste suggérée : mettre en place des exonérations de charges en France pour les entreprises qui investissent dans le sport, une sorte de mécénat en remettant le sport au cœur de la société. Sans oublier que les équipes cyclistes professionnelles sont aujourd’hui de véritables PME qui permettent aux populations de vivre. Un exemple ? Emmanuel Hubert emploie aujourd’hui 155 personnes avec son équipe, dont les trois quarts en Bretagne.