Notre sélection BD du mois de juin

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Notre sélection BD du mois de juin

Ce n’est jamais trop tard

Il y a ces livres qui ont cette capacité à venir nous prendre par la main et nous montrer ce qu’il y a de beau dans la vie, même s’il faut traverser ce qui est mauvais. C’est le cas de grand-mère, de l’auteure et illustratrice jeunesse Brigitte Marleau, qui aborde le thème de la violence chez les personnes âgées. Lucienne vit sous les menaces et les coups de son compagnon, Gerry, avec qui elle partage sa vie depuis une cinquantaine d’années. Et Lucienne, selon sa propre conviction, ne vaut pas plus que cela. C’est la grand-mère de Marc, qui vit en couple avec Julie et leurs deux enfants, qui décident de la sortir de là et de l’accueillir, histoire de lui offrir une meilleure qualité de vie. Une cohabitation qui durera une dizaine d’années, qui montre que, même si l’on pense être au bout du chemin, nous méritons qu’on prenne soin de nous. Dans un style livre illustré, plutôt qu’une bande dessinée traditionnelle, aux illustrations au pastel doux, Brigitte Marleau réussit son défi, celui d’aborder l’inabordable avec bienveillance et espoir.

François Lemay

grand-mère

★★★1/2
Brigitte Marleau, Station T, Montréal, 2024, 180 pages

Apprivoisez vos dissonances

Les contradictions, c’est le moment que nous traversons tous dans notre vie, celui où notre éducation et les idées avec lesquelles nous avons grandi se retrouvent mises à l’épreuve par le monde réel. C’est ce que nous raconte l’auteure queer américaine Sophie Yanow, qui revient sur ses vingt ans lorsqu’elle a décidé d’étudier à Paris, car elle adore la bande dessinée française. Elle rencontre soudain Zena, une jeune étudiante anarcho-végétalienne adepte du vol à l’étalage politique. Ensemble, ils décident de faire un petit voyage à Amsterdam et à Berlin, histoire de voir s’ils y sont. Dans cet album sobre et joliment écrit, Yanow réussit à mettre le doigt sur ce moment charnière où nous confrontons nos propres dissonances avec nos idéaux, qui ne sont pas toujours compatibles avec tout ce qui a précédé. Un regard juste sur le passage à l’âge adulte.

François Lemay

Les contradictions

★★★★

Sophie Yanow, Pow Pow, Montréal, 2024, 208 pages

Une jeunesse à Alger

Fin observateur de la vie politique, Salim Zerrouki s’est rapidement fait remarquer par son écriture mordante et sarcastique. Le designer algérien désormais basé en Tunisie revient avec un opus plein de lucidité intitulé Rwama, tome 1. Mon enfance en Algérie (1975-1992) dans les hauteurs d’Alger. Ses parents ont emménagé dans un tout nouveau bâtiment de la ville olympique conçu par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer pour accueillir les Jeux Méditerranéens de 1975. Les installations modernes – qui font la grande fierté du président mégalomane Boumediene – accueillent des membres de l’administration, ainsi que des familles d’humanitaires cubains, russes et est-allemands venus enseigner le sport de haut niveau aux athlètes algériens. Alors que le pays s’enlise dans la précarité économique, le quartier modèle perd de son attrait. Les étrangers ont déserté. Il ne reste que des appartements délabrés. Les dessins farfelus et inventifs parviennent à dépasser l’anecdotique, dressant un portrait peu flatteur d’hommes politiques prêts à faire tomber une nation entière.

Ismaël Houdassine

Rwana, tome 1. Mon enfance en Algérie

★★★

Salim Zerrouki, Dargaud, Paris, 2024, 176 pages

Les amours brisées au temps du COVID-19

Été 2020 à Seattle. Alors qu’une pandémie mondiale met tout entre parenthèses, Gussy espère sauver sa biscuiterie pour chiens de la faillite. Le propriétaire, lui-même représenté comme un chiot, remarque que son employée Rosie (un lapin) est tombée amoureuse de lui. Elle a également le béguin pour son colocataire Hissy, une grenouille qui se targue d’être la progéniture d’une grande star hollywoodienne, dont nous ne révélerons pas ici l’identité. Derrière ce triangle amoureux chaotique et imparfait, l’auteur aborde des problématiques actuelles comme la brutalité policière, l’influence des réseaux sociaux ou le wokisme. A l’origine de cet album anthropomorphe, un épisode publié chaque jour sur le compte Instagram en pleine crise du COVID-19. Le résultat féroce et drôle rassemblé dans un volume riche en détails parvient à capturer l’essence de la vie quotidienne pandémique, solitude et aliénation incluses, dans un délicat roman graphique monochrome.

Ismaël Houdassine

Biscuits pour chiens

★★★★
Alex Graham, traduit par Jean-Baptiste Bernet, Almost Moon, États-Unis, 2024, 408 pages

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