« Se préparer aux pandémies est à l’avantage de tous les régimes politiques »

Vignette du dernier Géopolitis, intitulé « Pandémies : Réponse globale ».

RTS

Les 194 membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont prolongé d’un an les négociations en vue d’un traité international de lutte contre les pandémies. Alors que la menace d’une nouvelle pandémie augmente, les tensions internationales rendent difficile la signature d’un nouvel accord.

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18 juin 2024 – 09h45

“La prochaine pandémie n’est qu’une question de temps”, a prévenu le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.Lien externeà l’issue de l’Assemblée mondiale de la santé le 1er juin. Quatre ans après le Covid-19 qui a paralysé les économies du monde entier et tué 7 millions de personnesLien externeles 194 pays membres de l’OMS ont encore du mal à s’entendre sur un accord mondial pour prévenir et contenir les futures pandémies.

Début juin, devant l’absence de consensus dans les délais impartis, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), basée à Genève, a décidé de prolonger d’un an les négociations. Des points de friction persistent, notamment sur la propriété intellectuelle, le partage d’informations sur les pathogènes et l’accès équitable aux vaccins et autres équipements médicaux.

La pandémie a non seulement révélé la fragilité d’un monde globalisé, mal préparé à faire face à un tel défi, mais elle a également mis en lumière les inégalités entre pays riches et pays pauvres. Les premiers pays à avoir accès aux vaccins ont été ceux qui les produisaient, comme l’Europe, les États-Unis, la Chine et la Russie. En 2023, seul un tiers des personnes vivant en Afrique avait été complètement vacciné, contre près de 70 % en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie.

Une course contre la montre

Si les négociations échouent, le temps presse. La menace d’une prochaine pandémie est réelle et elle augmente, préviennent les experts. Depuis fin mars, le virus de la grippe aviaire H5N1, étroitement surveillé par l’OMS, a infecté pour la première fois des vaches laitières aux États-Unis. Ces contaminations sans précédent suscitent des interrogations sur la possible transmission du virus à l’homme.

« La souche H5N1 n’est pas nouvelle ; elle a plus de 25 ans, précise Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève et invité de Géopolite.Lien externe On sait qu’elle peut aussi toucher les humains et être extrêmement virulente. Depuis 2003, plus de 900 cas humains ont été enregistrés par l’OMS – la moitié mourant peu de temps après l’infection.

“Le virus ne se transmet actuellement pas d’homme à homme, mais entre oiseaux”, explique l’épidémiologiste. Aujourd’hui, le bétail est touché en Amérique du Nord et même son lait est contaminé. ChatsLien externeet probablement les humains, peuvent être contaminés par ce lait (non pasteurisé, ndlr.)

À ce jour, la cause de l’infection des vaches reproductrices est peu comprise. Certains soupçonnent une transmission par les seins pendant la traite, alors qu’une étude récenteLien externe indique une contamination potentielle par les voies respiratoires. « Il est difficile de savoir s’il y a transmission entre mammifères. Si tel est le cas, le virus aura fait un pas de plus vers la redoutable contamination entre humains », ajoute-t-il.

Le 11 juin, l’Union européenne a annoncé avoir commandé 665 000 doses d’un vaccin.Lien externe prévenir la transmission de la grippe aviaire aux humains, tandis que plusieurs nouvelles infections humaines ont été signalées aux États-Unis, au Mexique et en Australie. Mais la grippe aviaire n’est pas le seul virus surveillé par l’OMS, qui a dressé une liste d’agents pathogènes préoccupants et qui se prépare même à une maladie méconnue, appelée « maladie X ». « Cela a été le cas avec la pandémie de coronavirus, commente Antoine Flahault. Il pourrait y avoir l’émergence d’un virus que l’on ne connaît pas, qui n’a jamais infecté d’humain auparavant et qui, par mutation, deviendrait transmissible entre humains.

Une santé, une planète

La transmission de maladies infectieuses des animaux aux humains – appelées zoonoses – est préoccupante. Selon une étude en Nature (2022)Lien externeréchauffement climatique, déforestationLien externe et le commerce d’espèces protégées exacerbent ce risque. Dans la forêt tropicale humide du Yucatán au Mexique, dans une zone où les contacts potentiels entre les animaux et les humains sont plus probables en raison de la forte déforestation, des scientifiques de l’Université nationale autonome du MexiqueLien externe traquer les agents infectieux susceptibles de provoquer de nouvelles pandémies.

Une recherche qui fait écho aux objectifs du programme « One Health », lancé par l’OMS, qui vise à prédire les futures pandémies, en prenant en compte les interactions entre l’environnement, les humains et les animaux.

« 70 % des nouvelles maladies infectieuses proviennent des animaux », souligne Antoine Flahault. Nous n’avons qu’une seule santé : celle de la planète, des hommes et des animaux. Si nous négligeons l’un des trois, nous aurons des retours boomerang. Pour lui, il faut former des scientifiques et des praticiens, notamment des médecins et des vétérinaires. « Il faut pouvoir travailler ensemble, faire converger nos points de vue, et parfois les confronter, pour faire avancer les systèmes et surtout mieux prévenir les grandes pandémies comme le Covid-19 », dit-il.

Dans un climat international tendu

L’élaboration d’un accord international est un processus réputé long et compliqué, d’autant que le contexte international tendu met le multilatéralisme à l’épreuve, avec l’émergence des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient. Pour Antoine Flahault, les tensions géopolitiques actuelles ne doivent pas ralentir les discussions, comme l’éradication de la variole, initiées pendant la guerre froide.

« En 1958, en pleine guerre froide, l’URSS proposait à l’Assemblée mondiale de la santé un projet de résolution pour éradiquer la variole », rappelle Antoine Flahault. Vingt ans plus tard, en 1979 à Genève, l’OMS déclarait l’éradication totale de ce virus qui a tué 300 millions de personnes au XXe siècle.

Et d’ajouter : « Se préparer aux pandémies profite à tous, quels que soient les régimes et les opinions politiques. Cela transcende toutes les cultures.

Les négociations se poursuivront jusqu’en 2025. Entre-temps, des progrès ont été réalisés au bout du lac avec l’adoption de plusieurs amendements au Règlement sanitaire international (RSI), un cadre juridiquement contraignant pour répondre aux urgences de santé publique. La notion d’« urgence pandémique », qui pourrait être déclarée par le directeur général de l’OMS, a ainsi été approuvée début juin.

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