« nous sommes des dommages collatéraux »

« nous sommes des dommages collatéraux »
« nous sommes des dommages collatéraux »
Publié le 18/06/2024 à 06h00

Écrit par Da Silva Nicolas

La vie d’Aurélie Fumey a basculé il y a trois ans, après qu’on lui ait diagnostiqué un Covid de longue durée. Sans travail et sans aide financière, cette habitante de Brochon (Côte-d’Or) attend plus de reconnaissance de la part de l’État et du milieu médical.

Tout a commencé en octobre 2020. Comme des milliers d’autres Français, Aurélie Fumey a été touchée par le Covid-19. Malgré des symptômes classiques depuis quelques jours, elle a finalement repris son travail d’infirmière.secrétaire médicale dans un cabinet de cardiologie à Chenôve.

En décembre, répétez. Aurélie perd le goût et l’odorat. Cette fois, les symptômes n’ont pas disparu. “J’étais très fatigué, il ne m’a jamais quitté. J’ai commencé à perdre du poids parce que je ne pouvais rien manger. J’ai continué à aller travailler, mais c’était très compliqué. Pour le médecin, j’ai eu longtemps le Covid. J’ai passé des examens, il n’y avait rien sur les résultats. J’étais épuisé, ma mémoire commençait à me faire défaut, j’oubliais des choses, je cherchais mes mots.

Toutes mes articulations me faisaient mal. Mon corps est une souffrance. Je peux à peine marcher, je suis tout le temps épuisé.

En octobre, Aurélie n’était plus en mesure de travailler. Elle a finalement été arrêtée pendant un mois et a dû rester chez elle à Brochon. Cette mère de quatre enfants a déjà perdu 24 kilos. «Je n’en pouvais plus. Je suis allé chez le pneumologue, le cardiologue, et il n’y avait rien d’anormal. Tout me fatiguait, j’avais l’impression d’avoir un corps de 20 ans plus vieux que mon âge.»

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Aurélie finit par retourner au travail. Mais très vite, la situation devient ingérable. Sa maladie se répercute sur sa vie professionnelle et personnelle. Au travail, les choses se sont compliquées. À cause de ma mémoire, j’ai fait de petites erreurs. J’ai tout écrit sur papier pour ne pas oublier. Les journées semblaient interminables. Même se rendre à l’arrêt de bus semblait compliqué. On perd beaucoup d’amis quand on souffre d’une maladie comme celle-là. Quand ils vont au restaurant, je ne peux pas y aller parce que je ne peux pas manger. Je ne peux pas rentrer trop tard, certaines personnes n’ont pas compris et sont parties. La maladie dure longtemps et certaines personnes finissent par abandonner.

En janvier 2022, Aurélie a eu le Covid-19 pour la troisième fois et les douleurs n’ont fait qu’empirer. Malgré cela, la communauté médicale n’a aucune réponse à apporter. Pire, Aurélie raconte être souvent confrontée à l’indifférence des médecins. J’ai eu des commentaires comme : « C’est génial de perdre 50 kilos si facilement. » “Le long Covid est long.Mangez du poulet et des œufs. Certains professionnels de santé oublient même de la rappeler pour lui donner les résultats de ses examens.

Je me sens incomprise par les professionnels de santé : « c’est une maladie, on ne le sait pas, on ne peut rien faire pour vous ».

De mai à août 2022, Aurélie est finalement hospitalisée dans un centre de rééducation. Mais là aussi, tout ne se passe pas comme prévu. “On me dit que j’ai le corps de quelqu’un qui était alité depuis plusieurs mois, que je n’étais pas loin du fauteuil roulant. On a fait le fameux test d’effort, mais je ne pouvais pas pédaler, je ne pouvais pas marcher. Finalement, je suis ressorti sans rien apprendre. La conclusion : ils ne peuvent rien faire pour moi.

Aurélie doit enfin se résoudre à entamer une dossier de reconnaissance du travail en situation de handicap. C’est à ce moment-là qu’elle a perdu son emploi. Mais mon handicap a été refusé. Je n’ai pas droit à toute l’aide. Je suis viré parce que je suis trop malade, mais je dois retourner travailler pour gagner de l’argent.

Je ne supporte plus le froid, le vent, la climatisation. J’ai toujours une couverture sur les genoux. Si je touche quelque chose de froid, j’ai mal dans tout le corps.

Aujourd’hui, cette femme de 50 ans attend davantage de reconnaissance de la part de l’État et la communauté médicale. « Certains se retrouvent dans une situation précaire car personne ne reconnaît cette maladie. On n’entend jamais parler de long Covid. Nous sommes les oubliés de la pandémie, des dommages collatéraux. On ne parle pas de nous, mais je veux montrer que cette maladie existe et qu’elle a volé nos vies antérieures parce que nous ne sommes plus du tout les mêmes. Nous sommes diminués physiquement et mentalement.

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Malgré trois années difficiles, Aurélie a toujours pu compter sur le soutien de son entourage. Sa famille et ses amis les plus proches la soutiennent dans son combat. Il nous faut un travail adapté à notre état et à nos aides financières. Pour le moment, je suis toujours en congé payé. Mais mon mari est à la retraite et cela ne suffira pas. Même si je suis endolori et fatigué, je vais devoir retourner au travail.

 
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