Pourquoi la Direction générale de l’armement crée une nouvelle direction de l’industrie de défense

Pourquoi la Direction générale de l’armement crée une nouvelle direction de l’industrie de défense
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Diplômé de l’Ecole Polytechnique, Alexandre Lahousse, ingénieur généraliste de l’armement, ancien chef du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique de la DGA et accessoirement représentant de l’Etat au conseil d’administration de Safran, est désormais à la tête d’une entité de plus de 600 personnes. Il rassemble pour la première fois les compétences de la DGA en matière de politique industrielle, de performance et de qualité ainsi que de sécurité et d’intelligence économique.

Cette entité va générer une révolution qui va redéfinir complètement les méthodes de travail de la DGA avec l’ensemble des industriels de l’armement, également connu sous l’acronyme BITD (base industrielle et technologique de défense). Le BTID est composé de dix poids lourds (Airbus Defence and Space, Airbus Helicopters, ArianeGroup, Arquus, Dassault Aviation, KNDS France, MBDA, Naval Group, Safran, Thales), de 4 000 ETI, PME et start-up, pour un total de quelque 200 000 salariés. Cette nouvelle orientation reflète notre volonté affichée de repenser en profondeur notre mode de coopération avec notre industrie de défense., précise encore Thierry Carlier, directeur général adjoint de la DGA. Il est normal d’être exigeant avec les constructeurs et il est normal de les accompagner« .


Alexandre Lahousse, chef de la nouvelle direction des industries de défense de la DGA

Tirer les leçons des crises

La DGA tire les leçons des différentes crises qui ont ébranlé les entreprises d’armement : l’épidémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, l’économie de guerre… Celles-ci ont révélé des fragilités, des dépendances, des goulots d’étranglement, des difficultés d’adaptation du BITD. Lors de l’épidémie de Covid-19, environ 200 entreprises françaises considérées comme stratégiques avaient rencontré des problèmes et nécessitaient une vigilance particulière… La guerre en Ukraine a mis en lumière l’incapacité de certains fournisseurs à produire plus rapidement. C’est notamment le cas du constructeur de missiles MBDA, qui peine à augmenter la cadence de production des missiles de défense aérienne Aster. En mars dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, reconnaissait que l’industrie française avait récemment laissé filer des contrats d’exportation avec des pays d’Europe de l’Est parce qu’elle livrait plus lentement que ses concurrents.


« Auparavant, le délai de production des matériaux n’était pas forcément la préoccupation prioritaire. À partir du moment où cela devient ainsi, nous devons porter une attention particulière à la sécurité des approvisionnements, à la protection et à la résilience de ces entreprises., explique le numéro 2 de la DGA. Avec la nouvelle orientation défense pour l’industrie, la DGA veut redresser la situation. C’est un nouveau compromis qu’elle propose aux constructeurs.

Audits approfondis

Afin d’améliorer la qualité du BITD, la nouvelle entité réalisera des audits approfondis de performance industrielle. « Pour faire une bonne stratégie industrielle, il faut connaître le niveau réel de performance de nos industriels », justifie Alexandre Lahousse. Une poignée d’audits seront réalisés d’ici la fin de l’année, notamment chez Naval Group et Arquus. Une dizaine est prévue l’année prochaine. Ils dureront de quelques semaines pour les sous-traitants à plusieurs mois pour les grands donneurs d’ordre. Si les directions industrielles s’engagent à agir dans un cadre de partenariat et de confiance, cette approche intrusive pourrait irriter certaines entreprises.

DID souhaite également assurer la pérennité des « forgerons » de l’industrie de l’armement. Elle ne s’intéressera pas seulement aux plans de charge des usines et aux compétences de leur bureau d’études mais également à leur business model. L’idée : les inciter à chercher des revenus sur les marchés civils et à l’exportation.

Prévenir les goulots d’étranglement

En échange, la DGA s’engage à soutenir plus activement les industriels. «Nous sommes une direction d’action. Si nous constatons des goulots d’étranglement, nous regardons s’il existe des outils pour y faire face, sinon nous les créons. indique Alexandre Lahousse. Ainsi, en mars dernier, pour aider les entreprises en difficulté de recrutement, sa direction a convaincu France Travail d’ouvrir ses agences aux acteurs du BITD pendant 15 jours. Pour les PME aux moyens techniques limités, elle a mis en place une structure de bureau des méthodes mutualisées, cofinancée avec Bpifrance.

Les directions industrielles veulent incarner le côté protecteur de l’État. Notamment dans le domaine des acquisitions par des investisseurs étrangers. Elle sera vigilante face aux menaces potentielles (cyberattaques, espionnage et prédation économique) visant les pépites technologiques françaises ou leur propriété intellectuelle.

Intelligence économique

DID renforcera également son centre d’intelligence économique afin de mieux identifier les opportunités sur les marchés civils et d’exportation. Elle va ainsi reformater son centre d’Angoulême (Charente) en un véritable campus de renseignement open Source (OSINT). Ce futur campus, qui comptera à terme environ 70 experts, sera rebaptisé DGA Information Stratégique.

En travaillant avec Bercy et Bruxelles, elle souhaite également faciliter l’accès aux financements. DID souhaite se rapprocher des industriels des territoires. Elle repositionnera donc son réseau d’attachés régionaux de défense, qui travailleront en étroite collaboration avec la préfecture plutôt qu’avec la DGE pour être au plus près des enjeux locaux.

 
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