Une association veut mettre fin aux installations illégales au Plan de La Garde

Une association veut mettre fin aux installations illégales au Plan de La Garde
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Tous les cent mètres, des caravanes ou des mobil-homes apparaissent derrière une haie. Dans le secteur du Plan de La Garde, vaste espace boisé qui sert de bassin versant à la petite rivière de l’Eygoutier, l’agriculture n’a plus le monopole du territoire.

De plus en plus, celles-ci sont clôturées, imperméabilisées, occupées. Ici, les fossés sont bouchés ; là, les câbles ont été tirés. Complètement illégal. Le paysage change, au grand désarroi des quelques centaines de propriétaires de maisons « anciennes ».

Ce matin-là, Patrick nous a invités chez lui pour discuter du problème. Ce n’est pas son vrai prénom. “Je reçois des menaces de voisins, je préfère rester anonyme”.

Il veut nous montrer un terrain, autrefois cultivé, qui, dit-il, accueillera bientôt les premières caravanes de voyageurs.

Patrick n’a aucun doute sur la séquence des événements, projetant l’apparition d’habitats, sur des sols surélevés, avec un forage comme point d’eau.

« Cela a commencé à l’automne, quand ils ont dégagéil dit. Ensuite, ils ont installé un brise-vue et un raccordement électrique.. La semaine dernière, des décombres ont été apportés, ce qui confirmerait la volonté des nouveaux propriétaires de s’y installer.

Une trentaine de parcelles seraient concernées par ce tassement latent, sans autorisation. Mais non sans conséquences. « Une fosse septique a été installée. Ce n’est évidemment pas aux normes”.

Le bien de Fontqueballe menacé de pollution ?

Problème : le champ en question jouxte le puits de Fontqueballe, principale ressource en eau potable de la ville du Rocher. La situation concerne l’Association pour la défense du plan La Garde (ADPLG).

« Il y a un risque de pollution des eaux souterrainesexpliquent ces riverains. Au-delà du danger pour l’environnement, la violation des règles d’urbanisme est manifeste. Nous avons écrit à la Ville, au TPM, à la préfecture et au procureur ».

Même s’ils sont propriétaires (ou locataires) du terrain, cette nouvelle population du Plan n’a pas légalement le droit d’y vivre. La commune de La Garde, une des quatre concernées par le secteur (1)a voté le mois dernier un « motion en faveur de la lutte contre la cabanisation et la protection des espaces naturels et agricoles ».

Derrière cet acte symbolique, la communauté espère obtenir l’aide de l’Etat, dont la supposée inaction dans la lutte contre les occupations illégales est régulièrement pointée du doigt.

“On prépare des procès-verbaux d’infraction qu’on envoie au procureur mais tout est compliqué, explique Franck Chouquet, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. Le propriétaire de la caravane n’est pas forcément le propriétaire du terrain, dont l’adresse est parfois à l’autre bout de la France. Les lettres reviennent, les coupables ne sont pas solvables… Et quand les tribunaux sont saisis, ils manquent de moyens… »

«Ils ont absolument mis en place un centre évangéliste»

Patrick continue sa visite guidée. « Ici, ils ont complètement installé un centre évangéliste ». Au bout d’un chemin cahoteux, au milieu d’un terrain fraîchement gravillonné, un grand bâtiment blanc a été posé sur des blocs de béton à la fin de l’année dernière.

Là encore, aucun permis n’a été accordé. « Leur méthode a fait ses preuves, continue Sylvain (2)un riverain qui souhaite également rester discret. Ils achètent des terres agricoles en espèces à des agriculteurs retraités, qui ont du mal à refuser une telle somme.».

La Ville ne reste pas les bras croisés : «Nous essayons de préempter les marchandises via le Safer (3) quand nous pouvons… » Depuis 2010, la commune a réussi à acquérir onze terrains, pour un montant total de 380 000 euros.

Mais elle a aussi échoué à plusieurs reprises. « Pour faciliter la transaction, le vendeur se sépare parfois de son bien pour l’euro symbolique tout en continuant à percevoir les loyers pendant plusieurs années. Alors, quand il voit que la municipalité est d’accord, il retire son offre, glisse un connaisseur du dossier. Il préfère continuer à percevoir une rente plutôt que de transmettre gratuitement ses biens à la communauté.».

« Il n’y a pas que les voyageurs »

La mairesse, Hélène Bill, a également révélé qu’elle ” a conduit le procureur de la République sur place pour qu’il puisse constater. Nous lui avons fait part de notre inquiétude face à l’extension de ces zones de cabanisation”.

D’autant que le problème ne se limite pas aux voyageurs, dans un secteur qui accueille beaucoup de friches.

« Le Plan de Garde est devenu un espace de non-droit, où l’on sait qu’il n’y aura pas de poursuites.insiste Sylvain. Regardez, sous cette serre : un mobil-home. Là : une maison en bois, avec piscine et terrain de boules. Tout cela sans permis ».

Mais avec un certain danger. “Nous parlons d’une zone inondableinsiste Patrick. Le jour où nous serons sous l’eau, je me demande comment les secours vont pouvoir gérer les évacuations… »


1. Avec Le Pradet, La Crau et Carqueiranne.

2. Le prénom a également été modifié.

3. Société d’aménagement du territoire et d’aménagement rural.

 
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