4 ans après le Covid, le bilan sur l’aération des lieux collectifs est toujours désastreux même si c’est toujours un enjeu vital

4 ans après le Covid, le bilan sur l’aération des lieux collectifs est toujours désastreux même si c’est toujours un enjeu vital
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Atlantico : Aux États-Unis, le CDC (Centres pour le Contrôle et la Prévention des catastrophes) juge « important », dans une logique de prévention, « d’améliorer la ventilation de nos espaces intérieurs tout au long de l’année ». Quels sont les avantages d’une telle pratique pour prévenir les risques de maladies respiratoires, mais même au-delà ?

Antoine Flahault : La pandémie a ouvert une formidable fenêtre d’opportunité pour espérer nous débarrasser du fardeau des maladies causées par les virus respiratoires, comme le Covid, la grippe, la bronchiolite, la varicelle ou la rougeole, ainsi que celles causées par des bactéries également transmises par voie aérosol. comme Mycoplasma pneumoniae ou la tuberculose. Toutes ces maladies ont en commun d’être transmises par des aérosols contaminés issus de notre respiration qui nous infectent dans des lieux fermés, bondés et mal aérés où nous restons le plus souvent plus d’une heure.

L’enjeu est de taille, car nous ne pourrions sans doute plus contracter ces maladies devenues courantes avec le temps mais qui impactent la qualité de notre vie et nous compliquent parfois, voire nous tuent, surtout si nous sommes fragiles, très jeunes ou très vieux, sans oublier leur impact socio-économique considérable.

Au-delà des bienfaits sanitaires sur les infections respiratoires que je viens d’évoquer, on sait désormais qu’un air intérieur de bonne qualité, c’est-à-dire proche de la qualité de l’air extérieur, permet aux écoliers de mieux apprendre. des écoles, des salariés, moins de somnolence au travail et moins d’absentéisme professionnel, et moins de maladies allergiques pour tous.

Aujourd’hui, la France applique-t-elle ces recommandations ? Si oui, quels progrès devons-nous réaliser dans ce domaine ?

Il n’y a pas de réel déficit réglementaire en France sur ce sujet, tout le cadre légal est en place concernant la qualité de l’air dans les bâtiments, mais il est mal appliqué. Les normes de construction sont certes satisfaisantes, mais elles ne sont pas considérées par les pouvoirs publics et les utilisateurs avec le même sérieux que, par exemple, les normes anti-incendie. Généralement, les constructeurs livrent des locaux répondant aux normes d’aération et d’aération des espaces intérieurs. Puis l’usage des bâtiments vit sa vie, voyant l’usage et parfois la destination des locaux initiaux se transformer, grâce à des cloisons qui s’érigent ici et là, des meubles qui encombrent l’espace, des halls qui deviennent des cafétérias, et personne ne pense à revérifier. l’adéquation de la ventilation de ces espaces modifiés aux normes en vigueur. Quasiment aucun contrôle n’est réalisé à ce sujet dans la surveillance des immeubles collectifs. Parfois aussi les systèmes de ventilation mécanique ne sont pas correctement entretenus, les filtres contre les particules fines ne sont pas changés lorsqu’ils expirent. La qualité de l’air se dégrade insidieusement car l’accumulation de particules de CO2 dans l’air intérieur n’est visible que si elle est mesurée en continu. Alors non, on peut dire que dans les trains, les écoles, les maisons de retraite, les hôpitaux, les prisons, les cinémas, les bars, les restaurants, les lieux de culte et de culture, les salles de sport, nulle part, la qualité de l’air intérieur ne peut être vérifiée de manière simple et continue. Il suffirait cependant d’installer un peu partout des capteurs de CO2 peu coûteux et de mettre en place des procédures adaptées en cas d’alarme : en dessous de 800 ppm de CO2, à mesure qu’on se rapproche de l’air de la rue, l’on est en sécurité ; au-dessus de 1000 ppm, il convient d’aérer ; et au-dessus de 1 500 ppm, les locaux doivent être évacués. C’est simple, mais la mise en place de telles règles, qui seraient favorables à la santé des usagers, entraînerait l’évacuation de 60 % des salles de classe après une heure de cours en France, ainsi que de la plupart des hôpitaux ou des trains. Le chemin est encore long, pendant lequel nous continuons à contracter rhumes, grippes et Covid à répétition, avec leur cortège d’arrêts de travail, de complications, d’hospitalisations, de syndromes post-infectieux (Covid long), et parfois malheureusement de décès.

Paye-t-on aujourd’hui les débats sur la transmission ou non du covid par voie respiratoire ?

La pandémie de Covid a frappé de plein fouet une humanité qui y était sans doute mal préparée, y compris dans les pays développés, qui ont eux aussi payé un très lourd tribut au coronavirus. Il est vrai que les erreurs du début de la pandémie ont contribué à ce tribut payé par l’ensemble de la population, notamment en préconisant des mesures qui se sont révélées inefficaces, comme le nettoyage des surfaces ou des aliments avant de les entreposer. réfrigérateur. On sait désormais que les deux mesures les plus efficaces en complément des vaccins sont le port du masque FFP2 en intérieur et une meilleure aération des locaux. Cependant, même aujourd’hui, nous ne cherchons toujours pas à investir ou à achever le travail. Nous ne cherchons pas à réduire de manière significative et durable le risque lié à ces pathogènes respiratoires. Nous sommes coupables de laisser l’humanité à la merci de l’émergence d’une nouvelle souche ou de la mutation d’un virus qui pourrait s’avérer plus virulent et plus contagieux que les virus qui circulent actuellement. Nous continuons de déplorer un grand nombre de décès dus à toutes ces maladies, uniquement parce qu’elles ne provoquent plus la saturation de nos systèmes de santé, elles ne représentent plus la menace de nouveaux confinements. Il est heureux que les vaccins nous aient protégés de la saturation des hôpitaux et des restrictions sanitaires, mais il fait encore preuve d’une très modeste ambition de ne pas chercher à mieux se protéger de ces maladies respiratoires infectieuses. . En améliorant la qualité de l’eau du robinet au siècle précédent, nous avons pu éliminer le choléra et la dysenterie de nos sociétés développées. En améliorant la qualité de l’air intérieur au XXIe siècle, nous pourrions avoir entre nos mains les moyens d’éliminer les maladies respiratoires infectieuses et même d’en faire un véritable indicateur de développement de nos sociétés contemporaines.

 
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