« Je suis terrifié, je ne sais pas ce que je vais faire. » C’est avec ces mots que Jackson Reffitt s’est adressé à CNN. Le jeune homme avait dénoncé son père au FBI après que ce dernier ait participé à l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Donald Trump a pourtant signé lundi soir un décret graciant plus de 1.500 participants à cette insurrection. Parmi eux pourrait donc figurer Guy Reffitt, le père de Jackson Reffitt, condamné à six ans et demi de prison pour sa participation à l’agression.
« Honnêtement, je suis étonné qu’on en arrive là. Je suis terrifié, je ne sais pas ce que je vais faire, a-t-il témoigné sur CNN. J’ai pris le plus de précautions possible, j’ai acheté une arme, j’ai déménagé parce que je pensais que mon père pourrait me retrouver. Ou d’autres personnes qui se sentent galvanisées par ce pardon. J’ai tellement peur de ce qui pourrait arriver. »
« Mon père est plus galvanisé que jamais »
À propos de son père, Jackson Reffitt déclare : « Je ne sais pas à quoi il pense en ce moment. Je lui ai parlé à ce moment-là et je pensais que ça irait mieux, mais ce n’est pas le cas. Avant d’ajouter : « mon père n’a pas changé, il est plus galvanisé que jamais. » C’est pourquoi le jeune homme a décidé de prendre la parole. « Je ne sais pas quoi faire pour le moment, à part m’asseoir et en parler. »
En signant le décret dans le Bureau Ovale, Donald Trump a déclaré : « C’est d’ici le 6 janvier, pour les otages, soit environ 1 500 personnes, qui seront totalement graciées. » Cette grâce profite à tous les condamnés pour participation à l’assaut du Capitole, à l’exception de 14, dont la peine est commuée en peine de prison déjà purgée.
Membres de mouvements d’extrême droite
Il s’agit de membres des mouvements d’extrême droite Oath Keepers et Proud Boys, dont le fondateur des Oath Keepers, Stewart Rhodes, condamné à dix-huit ans de prison. Tous les autres, dont l’ancien leader des Proud Boys, Enrique Tarrio, condamné en septembre 2023 à 22 ans de prison, peine la plus lourde prononcée pour l’assaut du Capitole, bénéficient d’une grâce totale.
“Nous espérons qu’ils sortiront ce soir”, a déclaré Donald Trump lors de la signature. Le décret annule également les poursuites encore pendantes contre quelques centaines de personnes. Les participants à l’assaut du Capitole « ont été traités de manière très injuste », a-t-il réitéré. « Les juges ont été absolument impitoyables. Les procureurs aussi », a-t-il insisté.
-Une « insulte au système judiciaire »
Au contraire, l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, présente au Capitole le 6 janvier 2021, s’est indignée contre une « insulte au système judiciaire américain ». Dans un communiqué, elle accuse le président républicain d’être coupable « d’abandon et de trahison des policiers qui ont risqué leur vie pour faire cesser une tentative de détournement du transfert des pouvoirs ».
Donald Trump a régulièrement minimisé la gravité de l’attentat du 6 janvier 2021, qualifiant cette date de « jour d’amour » et de « débordement d’affection » à son égard. Ce jour-là, des centaines de ses partisans, échauffés par ses accusations infondées de fraude électorale, ont pris d’assaut le Capitole, pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de son adversaire Joe Biden. Depuis lors, quelque 1 600 personnes ont été arrêtées et inculpées, dont plus de 1 270 ont été reconnues coupables. Les arrestations et les procès se sont poursuivis jusqu’à ces derniers jours.
Une grâce de Biden pour la commission d’enquête parlementaire
Donald Trump n’a pas été directement concerné par la justice pour ces événements, même si la commission d’enquête parlementaire du 6 janvier 2021 a recommandé des poursuites pénales à son encontre en décembre 2022, notamment pour appel à la rébellion et complot contre les institutions américaines.
Les dernières nouvelles sur l’investiture de Donald Trump
Afin d’éviter aux membres de cette commission des représailles en cas de retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Joe Biden lui-même a signé un décret de grâce présidentielle quelques heures avant de lui céder le pouvoir.