Sa présence à Pau lors de l’organisation de la cellule de crise à Mayotte lundi soir n’a pas passé. Tout comme son plaidoyer pour le cumul des mandats.
François Bayrou assis sous un portrait monumental d’Henri IV… La scène était au centre des discussions de tous les états-majors politiques mardi matin. Pourquoi le nouveau Premier ministre, au bilan impeccable depuis sa nomination à Matignon, est-il allé présider le Conseil municipal de Pau au lieu de rester à Paris pour gérer la crise à Mayotte et poursuivre ses concertations en vue de former son gouvernement ?
Mais surtout pourquoi a-t-il, à cette occasion, défendu le retour au cumul des mandats assurant : « Nous avons commis une erreur en [rendant] responsabilités locales et nationales incompatibles, c’est une erreur […] Je pense que ce débat doit être repris.
Yaël Braun-Pivet est déjà opposée
“Il y a peut-être un peu d’euphorie dans cette attitude, il faudra que ça redescende”» a grondé mardi un ancien ministre.
Le maire de Pau est en effet conscient que la proposition divise même dans son propre camp. Aujourd’hui plus que jamais, il a besoin de rassembler les gens. Le président de l’Assemblée a été le premier à réagir : « Je suis contre le cumul des mandats. Quand on exerce une fonction, il faut l’exercer à plein -”dit-elle. Et d’insister : « Il ne faut pas remettre ce sujet sur la table. Ce n’est vraiment pas le bon moment.
C’est un vieux débat entre François Bayrou et Yaël Braun-Pivet. “J’essaie de la convaincre que ne pas accumuler est une erreur mais je n’y arrive pas”nous assurait un de ses proches il y a quelques mois.
Le groupe macroniste divisé
Le sujet a été débattu hier lors de la réunion du groupe macroniste Ensemble pour la République à l’Assemblée.
A la sortie, un des députés qui ont participé nous a dit : « Le groupe est très partagé entre ceux qui adhèrent à une ligne macroniste stricte et ceux qui ont eu une expérience d’élu local et qui ne comprennent pas qu’on puisse être député et conseiller régional et non député et maire d’une commune de 10 000 habitants ».
A former minister from the LR assures La Dépêche: « Le non-cumul a fait perdre en attractivité et en visibilité le poste de député. De plus, ceux qui ont choisi de rester maire se détournent des enjeux nationaux et commencent même à éprouver une sorte de rejet. ».
Mais c’est à droite que les propos du nouveau locataire de Matignon ont dû être les plus appréciés. Les LR ont en effet déposé plusieurs propositions pour revenir sur cette réforme de François Hollande.
Dans un rapport présenté au printemps par un groupe de travail dirigé par Gérard Larcher lui-même, la réforme est placée en tête des recommandations.
Main tendue à LR
Mais LR comme macronistes ont surtout souligné l’incongruité du timing choisi par le Premier ministre pour faire ses déclarations : « Ce n’était vraiment pas le moment d’ouvrir ce débat. Les Français ont d’autres préoccupations pour le moment. Nous donnons vraiment le sentiment que nous ne nous soucions que de nous-mêmes », a souligné un élu.
Pourtant, personne au centre de l’hémicycle n’a voulu charger le bateau du chef du gouvernement : « Être dans l’analyse du petit défaut de bord n’est vraiment pas à la hauteur », s’agace un député qui souhaite avant tout que la nouvelle équipe gouvernementale dure plus longtemps que l’équipe de Michel Barnier : « Bayrou est intelligent. Il faut lui faire confiance. Cette polémique ne remet pas en cause sa capacité à former un gouvernement »nous a-t-il assuré sous forme d’incantation.
Il n’est même pas interdit de voir une main tendue vers les LR qui hésitent encore à monter à bord du bateau gouvernemental.
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