Worldgrid va bientôt changer de mains. Le groupe informatique français Atos, en pleine restructuration financière, a annoncé ce lundi la finalisation de la vente de sa très critique filiale à son compatriote Alten. Cette vente annoncée en juin, qui avait fait l’objet d’un accord engageant début novembre, a été finalisée “pour une valeur d’entreprise de 270 millions d’euros”précise Atos dans un communiqué. Merci à elle, « La dette nette d’Atos sera réduite d’environ 0,2 milliard d’euros »poursuit le groupe.
Pour rappel, Worldgrid conçoit les systèmes de contrôle-commande des centrales nucléaires, notamment pour EDF. La filiale emploie près de 1.100 salariés et a généré un chiffre d’affaires d’environ 170 millions d’euros en 2023, selon Atos.
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Dans un communiqué distinct, le groupe Alten rappelle qu’il est « reconnu pour son expertise en tant que fournisseur de solutions technologiques et d’ingénierie. » Avec « 3 000 consultants dans le monde travaillant dans le secteur de l’énergie, dont 1 000 dans le nucléaire ».
Réduction de la dette d’Atos
Cette vente, à caractère stratégique pour la sécurité industrielle du parc nucléaire français, contribue à la stratégie de désendettement d’Atos. En plein désarroi depuis plusieurs années, l’ancien fleuron de la Tech a reçu une bouffée d’oxygène fin octobre, avec la validation par le tribunal de commerce de son plan de sauvegarde accélérée.
Ce plan, voté début septembre par les créanciers et les actionnaires, prévoit un allègement de dette de 3 milliards d’euros, sur un total de près de 5 milliards, une augmentation de capital et une dilution. ” massif “ des actionnaires. Il devrait être mis en œuvre au plus tard en janvier 2025.
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Il n’en demeure pas moins que de nombreux salariés semblent inquiets malgré ce plan, selon Fabrice Lorioux, délégué syndical de l’Unsa. « Les fonds financiers actionnaires d’Atos ne pensent qu’à une chose : récupérer une partie de leur argent »a-t-il souligné en faisant référence à la vente de Worldgrid. Selon lui, “la restructuration ne vise qu’à laisser l’entreprise survivre pendant deux ou trois ans, pas beaucoup plus”.
Négociations avec l’État
Par ailleurs, Atos a annoncé lundi dernier être entré en négociations exclusives avec l’Etat français en vue de lui transférer les activités stratégiques de sa branche. « Informatique avancée ». Il s’agit notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire.
L’opération envisagée, qui concerne également les serveurs participant aux activités d’intelligence artificielle, concerne l’ensemble de la branche, pour une valeur commerciale comprise entre 500 et 625 millions d’euros. L’offre de l’État français prévoit que les discussions se déroulent jusqu’au 31 mai 2025.
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« L’ouverture de discussions exclusives entre l’Etat et Atos constitue une première étape cruciale, non seulement pour le redressement et la restructuration du groupe, mais aussi pour sécuriser l’activité stratégique des supercalculateurs »a alors réagi le ministre de l’Économie, Antoine Armand.
Début novembre, Atos avait déjà annoncé l’émission d’une action privilégiée au profit de l’État français, lui conférant des droits privilégiés dans Bull SA, la filiale fabriquant les supercalculateurs utilisés notamment pour simuler les essais de dissuasion nucléaire. En cas d’issue positive de ces négociations, il est prévu que le groupe informatique perçoive un premier versement de 150 millions d’euros dès la signature de l’accord.
(Avec l’AFP)
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