“Les œufs d’oiseaux sont mieux protégés que les fœtus”, déplore l’avocat des victimes qui estime néanmoins avoir été “entendues et écoutées”

“Ce n’est jamais une victoire de voir quelqu’un perdre sa liberté”, a déclaré ce jeudi matin, Mourad Battikh, l’avocat des parties civiles à l’issue du procès de Pierre Palmade reconnu coupable du grave accident de la route qu’il a provoqué sous l’emprise de stupéfiants à Février 2023 en Seine-et-Marne. Un accident dans lequel trois membres d’une même famille ont été blessés, une jeune femme, Mila, enceinte de 7 mois, a perdu son bébé à la suite de l’impact.

Invité de RMC Info puis de BFM TV, ce jeudi matin, Mourad Battikh a reconnu que « rien ne compense jamais le malheur d’une famille ». “Ce qu’ils ont perdu, ils l’ont perdu.” L’avocat pénaliste du barreau de Paris a cependant évoqué “une réaction de soulagement” de la part des parties civiles “en vue de l’audience”. « Mes clients ont été entendus et écoutés. En cela, ils sont satisfaits. C’est définitivement une page qui se tourne.

Quant à l’exécution provisoire de la peine, Me Battikh ne voit « aucune exception même si on en parle beaucoup en ce moment » après les réquisitions du procès par les assistants parlementaires du RN. “C’est une mesure qui se prononce chaque jour devant tous les tribunaux de France pour les médecins, les chauffeurs de taxi, etc.”

« Un vide juridique à combler »

L’avocat est toutefois revenu sur l’une de ses lignes de défense, à savoir la viabilité de l’enfant à naître qui n’a pas été reconnue par les tribunaux. « Il y a un trou dans la raquette », a-t-il déclaré. « En France, il existe des œufs d’oiseaux qui sont mieux protégés que les fœtus. Nous ne pouvons pas continuer avec ce vide juridique qui mène à des malheurs.» Et M. Battikh avoue « qu’il a été compliqué d’expliquer à Mila que Soline, son enfant à naître, n’est rien au regard de la loi et peut-être même moins que rien. C’est une situation juridique et humaine qui ne peut plus durer.

Quelle indemnisation ?

Condamné dans un premier temps à verser 3 000 euros à chaque victime de l’accident, Pierre Palmade pourrait être condamné à verser des indemnités plus lourdes, a reconnu l’avocat des parties civiles. « Il y a une saisine sur les intérêts civils mais aujourd’hui, nous n’avons pas conscience de l’ampleur des dégâts, la situation des victimes n’est pas encore consolidée. On ne sait pas encore si Yaksul, le conducteur de la voiture percutée, retrouvera l’usage de son bras ou de sa jambe, si l’enfant ne gardera pas sa mâchoire décalée ou si Mila pourra retrouver le plein usage de son épaule et de son cou. . “Il faut voir comment tout cela se résout avant de fixer le montant de l’indemnisation.”