jeIl a presque fallu jouer des coudes, vendredi 8 novembre au Palais des Congrès de Saint-Raphaël (Var), pour voir l’artiste de plus près. Ce soir-là, ni chanteur, ni groupe de musique à la mode. C’est une superstar d’un autre genre qui est à l’affiche d’un one-man show réunissant près de 1 100 personnes, dont 300 derrière un écran géant dans une salle à côté. Son nom : Nicolas Sarkozy.
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L’ancien président de la République est cette année la tête d’affiche des septièmes Rencontres de l’avenir, organisées depuis 2018 par l’économiste Nicolas Bouzou et le maire des Républicains de Saint-Raphaël, Frédéric Masquelier. Et si l’on en croit l’applaudissement, l’orateur de luxe qui s’est produit ce soir-là a fait le show, parvenant même à attirer les sourires des journalistes présents dans la salle.
« Parler de la France aux Français »
Comme prévu, Nicolas Sarkozy a d’abord réagi au résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. « Si Trump a gagné, c’est parce qu’il a parlé aux Américains de la nation américaine. Kamala Harris a perdu parce qu’elle parlait de communauté aux communautés”, a-t-il analysé, estimant qu’en France, pour gagner, il fallait donc “parler de la France aux Français”.
L’ancien chef de l’Etat, visiblement en pleine forme ce soir-là, n’a pas non plus mâché ses mots contre les « observateurs vaincus » qui, de notre côté de l’Atlantique, voyaient « Trump comme un enfer et Kamala comme le paradis ».
« L’un des grands problèmes de la vie politique, c’est l’ignorance », grogne-t-il. Selon lui, le style entre les camps républicain et démocrate est différent, mais la politique est la même : « l’Amérique d’abord ». Pour le prouver, Nicolas Sarkozy puise dans ses souvenirs. « Certes, Trump a construit un mur au Mexique, mais Barack Obama a posé des barbelés », a-t-il assuré.
Des pics contre Royal et Hollande
Comme souvent, la figure tutélaire de la droite républicaine n’a pu s’empêcher de lui couper l’herbe sous le pied, piquant au passage l’une de ses anciennes opposantes politiques, Ségolène Royal. « Comme Kamala Harris, on a trouvé Ségolène Royal redoutable ! Mais elle a fini par être détestée quand elle a perdu contre moi”, a taclé le vainqueur de l’élection présidentielle de 2007.
François Hollande, élu contre Nicolas Sarkozy en 2012, a également pris sa place. Contestant la méfiance européenne à l’égard des Etats-Unis motivée par la personnalité de Donald Trump, il glisse, presque hilarant : « Qui accepterait qu’on aime la France parce qu’il y a un président sympathique et qu’on la déteste parce qu’il y a un président « normal » ? » La salle est conquise. Pour mémoire, François Hollande, lors de la campagne présidentielle de 2012, avait affirmé vouloir incarner un style présidentiel « normal » contrairement à Nicolas Sarkozy.
Posons-nous plutôt la question de savoir comment ramener le Royaume-Uni dans l’UE !Nicolas Sarkozy
Interrogé également sur l’Europe, l’ancien chef de l’Etat ne s’est pas montré beaucoup plus tendre… Il lui reproche sa naïveté envers les Etats-Unis. “Il faut être stupide comme la Commission européenne pour croire que d’autres défendront nos intérêts à notre place”, a-t-il rageé. Nicolas Sarkozy estime que les intérêts américains et européens ne sont pas alignés.
Il se souvient avoir refusé à Obama l’entrée de la Turquie en Europe, ce qui avait suscité l’incompréhension de l’ancien président américain. Concernant la candidature de l’Ukraine à l’adhésion à l’Union européenne, il répond : « Plus vous vous développez vers l’Est, plus vous affaiblissez l’Europe. Posons-nous plutôt la question de savoir comment faire revenir le Royaume-Uni ! »
Les JO, une « gifle » au wokisme
L’ex-président, alors que le gouvernement Barnier cherche à faire des économies budgétaires, a également rendu un verdict implacable sur le modèle français. “Le problème est très simple : nous ne travaillons pas assez”, a-t-il regretté, critiquant la réforme des 35 heures et se moquant des partisans du passage aux 32 heures.
Si l’on continue notre logique, plus les Français produiront, moins le fardeau de la dette sera lourd. « Il y avait un gars qui disait il y a quelques années : « travaille plus pour gagner plus ». Il avait raison ! » a-t-il déclaré en faisant allusion à son célèbre slogan politique dont il se félicite d’avoir récemment traversé l’Atlantique. Donald Trump a en effet promis de taxer les heures supplémentaires aux Etats-Unis.
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Pour conclure cette conférence aux allures de meeting politique, Nicolas Sarkozy s’est déchaîné sur le wokisme, pour le plus grand plaisir de la salle. « Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été la plus grande gifle donnée à cette idée », a-t-il déclaré.
Pour mémoire, ce mot fourre-tout désigne les militants les plus radicaux, ceux qui voient dans chacune des inégalités la preuve de l’existence d’un système d’oppression. « Aux Jeux olympiques, il n’y a pas de médailles pour tout le monde : la récompense est le mérite. Les Jeux olympiques sont à l’opposé du nivellement ! »
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