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“Faire de moi la DRH du groupe est une idée folle”, défend Marine Le Pen

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Marine Le Pen, au tribunal de Paris, le 14 octobre 2024. ALAIN JOCARD / AFP

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Interrogée pour complicité de détournement de fonds publics au profit de son parti, l’ancienne présidente du Rassemblement national a nié avoir supervisé personnellement la mission de ses anciens assistants parlementaires.

L’interrogatoire de Marine Le Pen se poursuit au tribunal de Paris. Mardi, les échanges ont été parfois électriques entre l’ancien président du Rassemblement national et le président du 11.e chambre criminelle du tribunal, Bénédicte de Perthuis, au sujet de lettres censées prouver le rôle joué par l’ancienne députée européenne dans le système de détournement présumé de l’argent de l’Europe au profit de son parti d’extrême droite. Que dire de ce mail où Wallerand de Saint-Just semblait parfaitement au courant des demandes de son patron – en l’occurrence, que les parlementaires RN se contentent d’un seul assistant parlementaire et laissent le reste de leur enveloppe d’argent public à la disposition du parti – ça pourrait être illégal ? ” “Qu’est-ce que Marine [Le Pen] nous demander équivaut à s’inscrire à des emplois fictifs”avait écrit l’ancien trésorier frontiste. ” Ironie! », selon Marine Le Pen, devant le tribunal, dénonçant, encore et encore, une justice qui a « déjà fait » avis du fils…

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“On voit des preuves partout”

Même ton ce mercredi. Comme depuis le début du procès, Marine Le Pen, qui était avocate, se défend étape par étape. Le candidat à la présidentielle soupire à chaque rapprochement du tribunal, prenant la parole à chaque nom et à chaque date. Mais maintenant, le tribunal projette une image fabriqué en FN, d’un courriel signé Charles Van Houtte, l’ancien caïd du prétendu système, chargé de gérer les enveloppes des élus. Le document n’étaye pas vraiment la défense de l’accusé du jour : adressé à Catherine Griset, son ex-collaboratrice, daté de septembre 2014, le mail se demande que faire de deux cadres du parti, Julien Odoul, actuel député, et Walleyrand de Saint-Pierre. -Juste. ” Je devrais quand même ajouter deux noms : Julien Odoul (3 200 net) et Walleyrand (sic) (6 000 net), mais sur QUI ? », peut-on y lire. Le président demande qui a pris la décision de confirmer un tel comme adjoint et son affectation au sein de l’ancienne délégation RN. ” Je suis incapable de vous le dire. Mais de toute façon tu vois des preuves partout », tente Marine Le Pen, à la barre, les mains jointes dans le dos.

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L’ancien patron du RN prenait-il les décisions et veillait-il personnellement à ce que le parti fasse des économies aux dépens de Bruxelles ? La question est au cœur de ce procès, pour lequel elle risque l’inéligibilité et son parti de très lourdes amendes. Lors du procès du MoDem – pour des faits similaires – François Bayrou a été acquitté car le 11e la chambre correctionnelle n’avait pas réussi à démontrer formellement son « implication personnelle » dans les détournements.

Marine Le Pen se défend : « L’idée de faire de moi celui qui choisit et impose les assistants, de faire de moi la DRH du groupe, est une idée folle. Désolé, mais les députés ne sont pas des enfants de trois ans à qui on dit « va te coucher », « va au coin ». »

Sauf que le dossier frontiste contient des éléments factuels qui pourraient laisser penser le contraire. Justement, le magistrat tire un mail du même Charles Van Houtte, adressé à Wallerand de Saint-Just, concernant le même contrat : « Je viens d’avoir Marine, elle m’a confirmé que ton contrat est avec Philippe Loiseau (ancien député européen RN). » De là à dire que c’était vraiment d’elle que dépendait le sort des assistants parlementaires ? Réponse de l’intéressée, qui minimise son rôle : « Donc, je ne m’en souvenais pas du tout. Mais si vous me dites que le leader du mouvement que j’ai été discute avec l’un ou l’autre, c’est évident (…) Il n’y a aucun fondement ni conséquence juridique à cela ». Un simple » système de validation », dira-t-elle également.

Mais Bénédicte de Perthuis insiste et rappelle les déclarations de certains prévenus devant le juge d’instruction. Ainsi, selon ces témoignages, certains cadres avaient alerté Marine Le Pen sur le risque représenté par l’embauche du très visible Wallerand de Saint-Just comme simple assistant parlementaire. Comme si, dans le cas du trésorier, figure frontiste connue, le risque d’attirer l’attention du Parlement européen ou de la justice avait été trop grand… L’embauche n’a pas eu lieu : « Je n’en ai aucun souvenir, responds again Marine Le Pen. De plus, je ne vois rien de discutable ou de répréhensible à changer d’avis ! »

Patrick Maisonneuve, l’avocat du Parlement européen, donne son interprétation : « Peut-être était-ce une façon pour vous de garder Wallerand de Saint-Just comme trésorier mais de le rémunérer, sous les traits, si j’ose dire, d’assistant parlementaire ? » Marine Le Pen responds: “ Je suis choqué. Dans un procès pénal, on se contente d’éléments qui font ou non partie de l’enquête. Là, tu inventes des histoires. Je vois cela comme une preuve de la faiblesse du dossier. Du côté du parquet, je précise ! » Quelques rires éclatent dans la salle, dont le sien, teintés d’une dose d’inquiétude. Avant de céder à un pessimisme bien réel : « Ici, la justice jette des filets puis regarde ce qu’elle trouve. Ça s’appelle du chalutage ! Je suis toujours confronté aux mêmes emails, dix ou quinze sur les 15 000 saisis, qu’on me sert en boucle depuis des semaines ! J’y vois un manque de loyauté alors que je risque dix ans de prison et un million d’euros d’amende. Je vous rappelle que j’ai consacré toute ma vie à la politique. » But Bénédicte de Perthuis intervenes: “ Nous sommes dans des mondes parallèles. Madame Le Pen, ce n’est pas de la politique, répéter sans cesse quelque chose n’en fait pas la vérité… » Les plaidoiries des parties civiles sont attendues mardi prochain, suivies, le lendemain, des réquisitions du parquet.

 
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