Le film Conclave d’Edward Berger, sorti fin décembre, fait partie des favoris aux Oscars. Porté par un Ralph Fiennes magistral, il imagine les négociations entre cardinaux en vue de l’élection d’un nouveau pape, à une époque où personne ne semble moralement à la hauteur de la tâche.
Il fallait que cela lui tombe dessus. Le cardinal Thomas Lawrence (Ralph Fiennes) est désigné par ses pairs, à la mort du pape, commeassesseur du prochain conclave qui décidera de son successeur place Saint-Pierre. Un rôle ingrat, où il n’y a que des coups à encaisser, mais que cet homme méticuleux, rusé et inquiet accepte d’assumer avec dévouement. Le religieux doit notamment, en coulisses, assurer que le prochain pape ne risque pas d’être au cœur de scandales médiatiques qui terniraient la réputation d’une maison déjà critiquée de toutes parts. Pourtant, à une époque obsédée par la transparence et la vertu, les candidats n’ayant rien à se reprocher deviennent plutôt rares…
Vertu ostentatoire, vertu cachée
La perfection morale est-elle dans ce monde ? Faut-il s’attendre à ce qu’un pape soit plus vertueux que ses ouailles, ou accepter qu’il soit, comme les autres êtres humains, un « pauvre pécheur », faillible et imparfait ? C’est la question au cœur du filmÉdouard Berger, Conclavequi a dépassé le million d’entrées en France et pourrait récolter une moisson de statuettes aux Baftas – les Césars britanniques – avant les Oscars fin février. L’un des paradoxes du film réside dans son titre. Conclave fait référence à cette assemblée de prélats qui s’isolent du monde pendant l’élection. Pendant plusieurs jours, les cardinaux vivent sous les cloches, comme des quasi-ermites, « sous clé » (la cléen latin), pour garder le secret mais aussi permettre le recueillement et rendre ce moment d’autant plus solennel aux yeux des fidèles.
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