Journées du cinéma de Soleure
La conseillère fédérale Baume-Schneider : «Les Journées du film de Soleure sont depuis près de six décennies un élément indispensable du discours intérieur national.»
La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider prononcera le discours d’ouverture des 60e Journées du film de Soleure. Mercredi soir, à la Reithalle de Soleure, la ministre de la Culture évoquera l’importance des Journées du cinéma pour la Suisse en tant que sismographe et catalyseur, l’influence de l’intelligence artificielle et la nécessité d’une diversité visible.
Mesdames et Messieurs,
Lorsque j’ai pris la direction du Département fédéral de l’intérieur il y a un an, je n’ai malheureusement pas pu visiter les Journées du film de Soleure. Je suis d’autant plus heureux de pouvoir m’adresser à vous à l’occasion de cette édition anniversaire.
Les Journées du cinéma peuvent être décrites en termes très prosaïques, avec le charme discret de la bureaucratie pour ainsi dire : à savoir comme un inventaire du cinéma suisse.
Ou vous pouvez le décrire avec une exubérance philosophique : comme un lieu où nous essayons de comprendre qui nous sommes en tant que société ; où nous nous efforçons ici et maintenant de ressentir les contours de ce qui est à venir.
Et les deux sont corrects. Parce que les Journées du cinéma documentent – et inspirent. Ils constituent un élément indispensable du discours intérieur national depuis près de six décennies. Ici à Soleure, les changements sociaux ont été enregistrés de manière sismographique – et en même temps, les journées cinématographiques ont toujours été un catalyseur de ces changements.
Mesdames et Messieurs,
Dès le début, la question qui a animé les journées du cinéma était la suivante : que se passe-t-il réellement dans ce pays ? Qu’est-ce qui anime ses habitants au quotidien ? Comment parvenons-nous à créer une image réaliste de la Suisse?
J’aime citer Stephan Portmann, co-fondateur des Filmtage, qui l’a dit avec tant d’élégance : Le nouveau cinéma suisse « utilisera notre réalité comme matière première ».
Le Nouveau cinéma suisse et les Journées du film de Soleure sont une réaction aux profonds changements sociaux, culturels et politiques survenus en Suisse. Ce qui a uni cette génération de cinéastes, c’est le rejet du film mythique sur la patrie et le besoin urgent d’une représentation plus authentique et critique de la réalité suisse. Pour paraphraser Stephan Portmann : La Suisse des magasins Migros, des travailleurs à la pièce et de la pauvreté spirituelle et matérielle.
Mesdames et Messieurs,
Rien ne semble relier le présent à cette époque de quête fébrile d’identité. À première vue. Si l’on y regarde d’un peu plus près, on constate que la Suisse d’aujourd’hui subit tout autant de bouleversements. La polarisation politique est peut-être moins prononcée que dans d’autres pays, mais elle façonne également le débat politique ici.
Qu’est-ce qu’une vie digne pendant la vieillesse ? Comment gérer les malades mentaux ? Comment protéger les minorités ? Et quand y aura-t-il enfin une véritable égalité entre les sexes ?
-Ces débats révèlent qu’à l’époque, les réalités de la vie dans notre société sont très différentes. Et qu’aujourd’hui nous devons aussi renégocier ce qui nous relie en tant que communauté et nous unit.
Et il existe une autre similitude frappante. Dans les années 1960, non seulement la société, mais aussi la technologie ont été bouleversées. La miniaturisation de la production cinématographique, comme l’a décrite Yves Yersin, a également conduit à une démocratisation de la perspective cinématographique.
Nous assistons aujourd’hui à l’essor rapide et disruptif de l’intelligence artificielle. Comment le film va-t-il changer ? Beaucoup de gens pensent pouvoir le deviner, mais personne ne le sait. Mais je suis convaincu que l’esprit soleurois verra aussi dans cette révolution technique l’occasion d’aborder de manière plus approfondie, plus authentique et plus honnête les questions qui préoccupent réellement les gens.
Mesdames et Messieurs,
Il existe un dernier parallèle entre hier et aujourd’hui : la diversité croissante de la société, qui est devenue une question d’actualité dans les années 1960 – mot-clé : « Siamo Italiani » – continue de façonner notre image de soi aujourd’hui.
Le thème fait l’objet d’une attention particulière lors de cette édition des Journées du cinéma : par exemple avec la projection de « Lo Stagionale », l’œuvre touchante du cinéaste Alvaro Bizzarri, récemment décédé, de 1971.
La Suisse est devenue un microcosme multiculturel. Siamo Italien. Nous sommes allemands. Nos somos portugais. Nous sommes françaises. Ne jemi Kosovarë – et souvent suisse en même temps.
Et cette identité en rapide évolution est un thème central du cinéma suisse d’aujourd’hui. Cela a également été le cas ici à Soleure l’année dernière, par exemple avec le film «Real Swiss», qui – comme de nombreuses productions suisses contemporaines – est réalisé par un second, le réalisateur suisse-serbe Luca Popadic.
Le conseiller fédéral a prononcé la partie suivante de son discours en français. Nous l’avons traduit en allemand et l’avons résumé.
Le conseiller fédéral a évoqué la rétrospective «Imaginaires du Jura» à l’occasion de la 60e édition du festival: cela fait des environs immédiats de Soleure un protagoniste indépendant. La particularité du Jura est qu’il traverse également les frontières cantonales et nationales.
Le conseiller fédéral a également salué l’année 2024 comme une année importante pour le cinéma suisse sur la scène internationale, puisque la Suisse a été représentée comme invitée d’honneur au Festival de Cannes et a pu organiser la cérémonie du Prix du cinéma européen à Lucerne.
Baume-Schneider a ensuite évoqué les défis de l’année à venir, au cours de laquelle de nouveaux formats tels que les séries et la réalité étendue continueront de façonner l’industrie cinématographique.
Enfin, le conseiller fédéral a exprimé sa confiance dans l’industrie cinématographique et a souligné que la culture est plus que jamais indispensable, surtout en période d’incertitude.