Grand Ouest. La multiplication des plans sociaux en Occident est-elle inévitable ?

Grand Ouest. La multiplication des plans sociaux en Occident est-elle inévitable ?
Grand Ouest. La multiplication des plans sociaux en Occident est-elle inévitable ?

Publié : 13h14 – Modifié : 13h19 Dolorès CHARLES

Michelin Vannes

Crédit : Yann Launay

Les plans sociaux se sont multipliés ces derniers mois dans le grand Ouest, et ce n’est pas fini. Pourquoi cette accumulation ? Est-ce la fin de notre compétitivité ? Ou pouvons-nous nous remettre de cette crise industrielle ? Éléments de réponse avec Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2.

Mercredi 22 janvier, la CGT appelle à la mobilisation pour «dénoncer l’échec industriel”. Le même jour, Fonderie de Bretagne devrait être placée en redressement judiciaire, à l’issue d’une audience au tribunal de commerce de Rennes.

La Fonderie à Caudan, mais aussi Meunier à Brest et Bruz, Gautier en Vendée, Systovi à Carquefou, Saupiquet à Quimper, Yves Rocher à La Gacilly : plans sociaux, fermetures de sites et menaces de fermeture se sont multipliés ces derniers mois, dans le Ouest comme partout en … et elles ne concernent pas que le secteur automobile.

Délocalisation pour de meilleurs profits

Pourquoi cette vague de licenciements maintenant, alors qu’on parlait de réindustrialisation de la France, avec les moyens engagés ces dernières années pour y parvenir ? Était-ce une illusion ? Pour l’économiste Léo Charles, malgré les discours volontaristes des politiques, la logique libérale reste dans un souvenir tendre.

Ce sont « Les fermetures d’usines des grands groupes industriels, des groupes qui sont mondialisés et malgré le soutien massif notamment de l’État français et les subventions qu’ils reçoivent, ont toujours cet impératif d’être compétitifs à l’international, d’être rentables, notamment pour les actionnaires. Et ces groupes estiment que le contexte français n’est pas suffisamment favorable à une hausse des profits. Alors ils déménagent et cherchent des salaires plus bas ailleurs, ou peut-être des normes légèrement inférieures… pour sauvegarder leurs profits.

Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2
Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2

Crédit : Yann Launay

Pour expliquer le calendrier et cette multiplication des plans sociaux depuis un an, il faut aussi, pour Léo Charles, prendre en compte le Covid. « C’est une des critiques que l’on peut faire, notamment aux subventions publiques massives qui ont été accordées aux entreprises pendant la période du Covid.

Le covid-19 est-il à blâmer ?

En réalité, nous avons maintenu en vie tout un tas d’entreprises qui, au fond, avaient des problèmes bien avant et Le Covid a eu pour effet de maintenir en vie tout un tas d’entreprises, qui n’avaient finalement pas les reins assez solides, du point de vue de la production. Aujourd’hui, un certain nombre de dettes publiques arrivent à échéance et ces entreprises se retrouvent à nouveau confrontées aux problèmes qu’elles avaient auparavant, c’est-à-dire des problèmes de production et de mise sur le marché, etc.

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Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2
Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2

Fonderie Bretagne

Crédit : Yann Launay

Faut-il comprendre que dans une économie mondialisée, la France ne sera définitivement plus assez compétitive dans le secteur industriel, avec un coût du travail parmi les plus élevés au monde ? « Le niveau de salaire ou le coût du travail en France peuvent paraître élevés par rapport à d’autres pays, mais ce n’est pas un des premiers critères mis en avant lorsqu’on fait des études avec de grands groupes internationaux. Nous montrons aussi qu’à terme, ces salaires élevés et notre niveau de protection sociale nous permettent d’avoir des travailleurs productifs, qui travaillent bien et qui sont bien formés.»

Ces entreprises, même si elles sont françaises, ont une stratégie globale

Pour l’universitaire breton, les pouvoirs publics ont encore des cartes à jouer pour redresser la situation. “Les subventions et aides aux entreprises privées sont estimées à environ 200 milliards d’euros par an. Il y a un travail politique à faire : ne pourrait-on pas réorienter cette somme pour vraiment réindustrialiser ? L’essentiel des aides est capté par les grands groupes car on a toujours cette idéologie de l’économie française, qui sera tirée vers le haut grâce à ses grands fleurons. Or, on constate que ces entreprises, même si elles sont en réalité françaises, ont une stratégie globale. Ils ne sont en aucun cas patriotiques… »

Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2.
Léo Charles, Maître de conférences à l’Université de Rennes 2.

Il faudrait “repenser et planifier notre politique industrielle, en se concentrant peut-être sur les entreprises ancrées sur le territoire et qui n’ont ni la volonté ni la possibilité de se délocaliser.”

Des mobilisations sont prévues ce mercredi 22 janvier dans l’Ouest, pour refuser les plans sociaux dans l’industrie.

Une marche blanche est prévue à Cholet, à l’initiative de l’intersyndicale Michelin.

Les salariés de la Fonderie de Bretagne devraient se rendre à Rennes, au moment de l’audience au tribunal de commerce, avant une nouvelle journée de mobilisation samedi 25 janvier près de Lorient.

 
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