Avec son accession à Matignon, Bayrou a ouvert le bal, et le dernier tome de la recherche du temps perdu des vingt dernières années politiques. Comme dans Temps retrouvé de Proust, ils défilent devant nous, vieillis, leurs résultats médiocres aiguisant chaque ride, les ex-espoirs des années Chirac, Hollande, Macron. Ils ont d’abord montré leur museau dans son gouvernement, comme Valls et Borne. Mais voici maintenant l’étage au-dessus, ceux qui lorgnent vers 2027. Et tout en affirmant qu’ils ne veulent pas d’élection présidentielle anticipée, ils s’y préparent furieusement, flairant une opportunité : qui sait, sur un malentendu, une affaire de procès, une décision judiciaire, un appel au blocage ?
Bayrou resurrected the PS… and François Hollande!
On savait que Bayrou avait ressuscité le PS, ancien parti gouvernemental tombé à moins de 5%, pour sauver son gouvernement. On a appris, ce dimanche matin, de La Tribunelequel ” Durant cette semaine cruciale, François Hollande a joué un rôle actif en coulisses « . Laissant défiler les ennuyeux Olivier Faure et Boris Vallaud, il apparaît deux jours plus tard comme le grand marionnettiste et savoure l’événement : « Les socialistes constituent désormais le pôle central au sein de l’Assemblée nationale, puisque rien ne peut se faire sans eux ni contre eux. », estimant qu’ils « avoir la clé jusqu’en 2027 « . C’est vrai, avec quelques nuances. On voit mal la droite LR accepter ce contrôle du PS sur les orientations du gouvernement. Et surtout, on voit mal comment une politique socialiste pourrait répondre efficacement aux problèmes de la France et des Français pendant les deux années qui nous séparent de 2027. Mais, pour François Hollande, l’essentiel est de croire que nous avons est revenu au centre du jeu parlementaire, ramenant l’Assemblée à un banal congrès du Parti socialiste – son terrain de jeu favori. Il cherchait déjà un trou de souris, en 2017, pour pouvoir se représenter…
Villepin, le pro-Hamas qui lorgne sur les nouveaux Mélenchon !
Ce week-end, un autre dinosaure refait surface : Dominique de Villepin. Dans une interview avec Mediapart et à Edwy Plenel – déjà tout un programme… -, l’ancien Premier ministre de Chirac affirme son ambition pour 2027 : « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être à l’avant-garde. » Sur quelles troupes compte-t-il s’appuyer ? Ses dernières envolées en faveur de la création d’un Etat palestinien, ces derniers mois, lui ont ouvert les portes de la gauche NFP et LFI, où les éloges ne manquent pas, et des oreilles de l’électorat musulman de France. La concurrence semble s’accentuer sur ce créneau…
-Édouard Philippe, le plus sérieux ?
Mais ce dimanche, un troisième voleur a aussi envoyé une longue carte postale aux Français, en Le Parisien. Il est l’homme politique le plus populaire, selon les enquêtes d’opinion, et celui qui a le plus de chances, sinon de gagner, du moins de concourir en 2027. Le combat politique est une question d’image, et de physique, s’est-il aventuré dans le zone de cheveux : il s’est dit ” revenu du milieu des chauves », a failli revenir sur scène de « puberté », à repousse naturelle. On y verra sans doute une réponse à la nouvelle barbe de Jordan Bardella. Mais au fond ? S’il se détache encore d’Emmanuel Macron, il complimente Bruno Retailleau, avec qui « il pourrait travailler » et propose toujours de renégocier notre accord avec l’Algérie. Une démonstration de droite, tout en gouvernant avec les socialistes… Un macronisme qui a traversé l’alopécie et retrouvé la puberté ?
Ce qui frappe, dans cette bande de trois, entre un socialisme d’un autre âge, un islamo-gauchisme dangereux et un macronisme à peine reconditionné, c’est l’absence de vision, la dangerosité des projets et l’usure des prétendants. La France est-elle si sclérosée ?
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