La grippe continue de gagner du terrain en France. Dans la semaine du lundi 6 janvier au dimanche 12 janvier, le taux d’incidence des virus grippaux s’est élevé à 231 nouveaux cas pour 100 000 habitants, selon les chiffres de veille sanitaire publiés par le réseau Sentinelles. Une circulation virale très élevée, qui a dépassé le seuil épidémique (179) assez tôt dans la saison, puisque les épidémies de grippe connaissent généralement l’essentiel de leur activité en janvier-février.
Si la progression des virus grippaux a connu un ralentissement pendant les vacances scolaires de Noël, cela était prévisible. « Pour la grippe, les enfants sont véritablement le moteur de la transmission au sein de la population. Souvent, on continue de constater cette baisse la première semaine de l’année scolaire, mais là, elle recommence déjà très fort chez les enfants et les adultes.explique à Monde Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste au service des maladies infectieuses de Santé publique France (SPF). La reprise aussi rapide de l’activité en médecine de ville nous inquiète, car cela pourrait annoncer une reprise à la hausse des indicateurs hospitaliers au cours de la semaine. [du lundi 20 au dimanche 26 janvier]. »
SOS Médecins constate également des niveaux d’intervention à domicile très élevés pour les cas de grippe : au 12 janvier, plus d’une intervention sur cinq syndromes grippaux concernaient, près de 25 % atteints à fin décembre 2022 (le record de la période 2010 – 2025).
La pression sur l’hôpital, déjà forte, pourrait s’accentuer
L’épidémie exerce déjà une forte pression sur le système hospitalier. Dès mardi 14 janvier, une centaine d’établissements avaient activé leur plan blanc, consistant à déprogrammer des opérations non urgentes pour libérer des lits et des moyens, afin de faire face à l’afflux de patients présentant des formes graves de grippe, selon le ministère. de la Santé.
Un chiffre du réseau Oscour, suivi de près par SPF, reflète la pression qui pèse sur les hôpitaux : durant la première semaine de 2025, 5,2 % des patients admis aux urgences sont venus pour un syndrome grippal. Le niveau extrêmement élevé de cet indicateur (qui se situe habituellement entre 1 % et 1,5 %) s’explique en partie par un nombre réduit de médecins durant cette période, mais aussi par le fait que le rôle « ralentisseur » du congé scolaire n’a pas encore été ressenti à l’hôpital. En effet, on observe toujours un décalage d’une à deux semaines entre le « front » de l’épidémie (contaminations) et les conséquences sur le système de santé.
Le ratio de patients admis pour syndrome grippal est certes tombé à 4,3% la deuxième semaine de janvier, mais cette baisse ne pourrait malheureusement être que temporaire, en raison de la reprise rapide de la circulation virale dans toutes les classes de patients. ‘âge
La tendance est la même pour les hospitalisations au sens large : la part de la grippe dans les admissions atteint 5,4% début janvier, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré depuis cet indicateur du réseau Oscour. existe (octobre 2017).
Les seniors (65 ans et plus) sont particulièrement touchés cette saison, notamment dans les services de réanimation, où ils représentent 46 % des patients grippés, soit la part la plus importante de cette tranche d’âge depuis la saison 2018. 2019.
Une forte hausse de la mortalité
S’il est difficile de décrire une épidémie toujours en cours (les épidémiologistes publient les résultats de la saison grippale au début de l’été), celle qui sévit actuellement semble se caractériser par une mortalité marquée ces dernières semaines. La grippe est mentionnée parmi les causes de 7,3 % des décès certifiés électroniquement, du jamais vu depuis 2017, lorsque le SPF utilisait cette métrique comme outil de surveillance de la santé. Nous sommes bien au-delà des niveaux enregistrés précédemment, qui n’ont jamais dépassé 4,5 %.
Le Monde
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“Nos indicateurs, que ce soit à l’hôpital ou en termes de décès, montrent bien la gravité de l’épidémie de grippe cette année”note Sibylle Bernard-Stoecklin. Cela pourrait entraîner une surmortalité supérieure aux 9 000 à 10 000 décès provoqués en moyenne par une épidémie. chaque année.
Les raisons d’une éventuelle surmortalité sont difficiles à évaluer, d’autant que nous disposons d’un recul limité sur l’épidémie actuelle. « La situation est vraiment atypique cette année, avec la circulation conjointe de trois virus. Mais d’un point de vue virologique, nous n’avons actuellement aucune preuve permettant d’affirmer que ces souches sont plus virulentes que les années précédentes.précise Mmoi Bernard-Stoecklin.
La gravité de l’épidémie pourrait-elle s’expliquer par la faible couverture vaccinale cette année ? Difficile à dire, même s’il est largement documenté que chaque point de variation de la couverture vaccinale chez les personnes âgées a un impact sur les décès. « Les données montrent que le vaccin évite en moyenne 2 000 décès chaque année, malgré la faible couverture vaccinale et son efficacité sous-optimale »rappelle l’épidémiologiste. La campagne de vaccination, toujours en cours, doit s’achever le 31 janvier. Mais l’épidémie de grippe aurait pu dépasser son pic d’intensité bien avant cette date.
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