Le budget est remis en selle au Sénat qui poursuit son examen selon la volonté du gouvernement critiqué par la gauche qui a plaidé pour repartir de zéro. Mais tout ne va pas pour autant pour l’exécutif de la Chambre haute où les parlementaires ont refusé jeudi de couper plus que prévu dans les crédits dédiés au sport, quelques mois seulement après les Jeux olympiques.
La toute nouvelle ministre des Sports, Marie Barsacq, a eu du mal à défendre l’amendement du gouvernement – déposé quelques heures seulement avant la séance – prévoyant 34 millions de réductions (qui s’ajoutent à une réduction déjà prévue de 273 millions) sur un au total, 123 millions d’euros supplémentaires retirés à la mission sport, jeunesse et vie associative. Cela se traduit « le coût de la censure et du redressement de nos comptes publics »pour “atteindre l’objectif de déficit public de 5,4%”elle a essayé.
“Le SNU n’apporte aucune valeur ajoutée”
Sans convaincre. “Je pense que cet effort supplémentaire serait trop important”, a rétorqué Laurent Lafon, président centriste de la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport. “Je ne vois pas comment, dans ce contexte, on peut arriver à une loi sur le patrimoine olympique”, a également fait valoir le socialiste Jean-Jacques Lozach. Les champions olympiques de judo, Teddy Riner, et de natation, Léon Marchand, sont également montés au créneau sur les réseaux sociaux. « Dès la fin des Jeux, le budget du sport baisse de 33 % ! Ne laissons pas s’éteindre cette flamme, elle est essentielle pour l’avenir », a plaidé le premier.
Finalement, l’amendement a été rejeté, et les sénateurs ont préféré, à droite comme à gauche, supprimer le Service National Universel critiqué et reverser 80 des 100 millions ainsi économisés au sport. “Après 5 ans d’expérimentation, cela n’apporte aucune valeur ajoutée”, » s’est justifié le sénateur PS Éric Jeansannetas, auteur d’un rapport critique sur le SNU qui concluait que sa généralisation n’est pas « ni possible ni souhaitable »contrairement au gouvernement au nom duquel Marie Barsacq estimait que “il n’est pas opportun de sacrifier le SNU au profit du sport”.
Cependant, la majorité de droite au Sénat ne renonce pas à l’austérité budgétaire, même si cela implique de nouveaux sacrifices. À l’image de l’aide publique au développement (APD) avec 780 millions d’euros d’économies supplémentaires – toujours via un amendement du gouvernement – pour un total de coupes de près de 3 milliards par rapport à 2024, soit 35 %. du budget de l’APD.
-« Une décision irresponsable »
« C’est une décision irresponsable, populiste et absolument honteuse. Un tel renoncement aux objectifs de la loi 2021 (dont l’objectif était de porter l’APD à 0,7% du produit national brut contre 0,45% actuellement, NDLR) est d’autant plus surprenant que d’autres lois de programmation – la loi d’orientation du ministère de l’Intérieur, la loi de programmation militaire ou celle de la justice – sont préservées », a vivement critiqué la sénatrice communiste Michelle Gréaume.
Sa collègue et présidente du groupe CRCE-K, Cécile Cukierman, avait déjà fustigé la veille «double discours de la majorité sénatoriale de la plainte sur le territoire électoral et de l’austérité imposée par les votes au Parlement» sur les ressources consacrées aux collectivités locales. Si les sénateurs ont réduit, jeudi, l’ampleur des 5 milliards d’économies initialement prévues dans ce domaine – selon les vœux du Premier ministre François Bayrou -, il reste 2,2 milliards de coupes qui fragiliseront encore davantage les services publics dans les territoires.
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