Vendredi 10 janvier, Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, a présenté sa démission à son patron, comme l’a révélé La lettre. Le chef de l’État l’a refusé, comme le laisse entendre le commentaire officiel de l’Elysée : « Emmanuel Bonne a la confiance du président de la République et quittera ses fonctions quand il le souhaitera. » On saura en début de semaine, probablement lundi, si le départ d’Emmanuel Bonne est effectif ou non.
Le geste du diplomate de 54 ans, en poste auprès d’Emmanuel Macron depuis mai 2019, s’explique par une forme de lassitude transformée en coup de gueule. Depuis près de six ans, il fait preuve d’une grande loyauté et d’un investissement total auprès du chef de l’Etat, mais ce dernier ne cesse de consulter Pierre, Paul et Jacques comme il le fait dans tous les domaines, rendant difficile le travail de ses conseillers officiels. Circonstance aggravante, dans le climat actuel, les affaires étrangères deviennent des affaires intérieures, permettant à chacun de montrer ses muscles : Gabriel Attal appelle à la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, s’appuie sur le militaire pour étendre son domaine, etc.
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Contexte. A l’Elysée, cette fermentation n’est pas réglementée. Alexis Kohler, le secrétaire général, fonctionne comme son patron : en silos. Enfin, la gestion récente de plusieurs événements a mis le conseiller diplomatique en colère. Pas tant sur le fond que sur la méthode : dans son discours aux ambassadeurs, le 6 janvier, Emmanuel Macron s’en prend à Elon Musk, à l’Algérie et au Sénégal. Faut-il déclarer la guerre à tout le monde ?
Réputé attachant et complexe, Emmanuel Bonne exerce un métier compliqué, soumis à la pression intense des conflits dans le monde. Le personnage n’est pas aseptisé, il laisse parfois éclater ses sentiments. Sans conséquence si le chef de l’Etat parvient à le retenir.
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