La crise politique en Corée du Sud, entre polarisation et institutions dépassées

La crise politique en Corée du Sud, entre polarisation et institutions dépassées
La crise politique en Corée du Sud, entre polarisation et institutions dépassées

Un mois après que le président conservateur Yoon Suk Yeol a déclaré la loi martiale, la crise politique se poursuit en Corée du Sud. La mobilisation massive d’une population attachée aux valeurs démocratiques a abouti au limogeage du leader, en attente de validation de la Cour constitutionnelle. Cette crise profonde illustre les excès d’une culture politique polarisée marquée par un déséquilibre des pouvoirs, avec un président trop puissant.

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« Au cours des récents cycles politiques, la vengeance contre les adversaires est devenue une caractéristique majeure de la politique sud-coréenne.analysent Sun Ryung-park et Yves Tiberghien, de l’Université de la Colombie-Britannique. Ce phénomène, combiné au mécontentement suite à la pandémie de Covid-19 et aux inégalités croissantes, a rendu la polarisation politique particulièrement toxique. Chaque camp est enfermé dans une bulle de médias sociaux et considère l’autre comme une menace existentielle. »

La société est en proie à des conflits intergénérationnels, entre hommes et femmes, entre pauvres et riches, mais aussi entre origines régionales. Lors de l’élection présidentielle de 2022, M. Yoon l’a emporté au terme d’une campagne particulièrement néfaste, profitant du soutien de jeunes hommes mécontents de la montée du féminisme et d’un rejet des politiques économiques de son prédécesseur, le progressiste Moon Jae-in. (2017-2022). La gauche est plus que jamais accusée de complicité avec la Corée du Nord ; c’est l’argument utilisé par M. Yoon pour justifier la loi martiale. La droite est critiquée pour une certaine bienveillance envers les dictatures passées et des positions révisionnistes sur la colonisation japonaise (1910-1945).

« Des rois de facto »

« Avec une élection présidentielle à un tour, le vainqueur remporte tout, ce qui accentue la bipolarisationobserve Kim Dong-yeon, gouverneur démocrate de la province de Gyeonggi. Notre pays élit des présidents pour un mandat unique qui sont de facto des rois, car leurs pouvoirs sont importants. Puis le roi est tué (politiquement parlant) et un nouveau est élu cinq ans plus tard. »renchérit Jeong Nam-ku, rédacteur en chef du quotidien de centre-gauche Hankyoreh. Visés par les enquêtes ordonnées par leurs successeurs, la plupart finissent en prison.

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