Enfant, Gene Kelly rêvait de devenir joueur de baseball. Le danseur et acteur, né dans une famille modeste de Pittsburgh, doit sa carrière à un coup du sort : son père, vendeur de gramophones au temps du cinéma muet, se retrouve au chômage lorsque le 7e l’art devient parlant. Son frère aîné gagne un peu d’argent, pour empêcher la famille de sombrer, en se produisant sur scène.
Le jeune Gene décide de l’accompagner et trouve dans les claquettes et l’expression corporelle un terrain de jeu incroyable : ils deviennent les Kelly Brothers. Cette scène, où deux jeunes gens mènent la danse, de ville en ville, se retrouve également dans Chantons sous la pluie. Dans ce documentaire, le parti pris affiché est de raconter comment Gene Kelly, par sa manière de bouger, son sourire, son phrasé, a révolutionné le genre de la comédie musicale, le rendant plus populaire.
« Décontracté et sportif » ainsi que « classique et populaire »Gene Kelly est rapidement repéré par le réalisateur David O. Selznick, qui ne sait cependant pas trop comment s’en servir ; il se retrouve donc sous contrat, mais sans travail. Face à la caméra, à un âge déjà avancé de sa vie, l’acteur décédé en 1996 confie son parcours, que la réalisatrice Claudia Collao accompagne d’extraits de films et d’analyses.
Aussi célèbre que Fred Astaire
En même temps qu’il continue à danser, à s’entraîner, à se chercher, Gene Kelly développe une passion pour la caméra. Non pas sur l’objet en tant que tel, mais sur la manière dont il est possible de filmer la danse, et la grâce, de la manière la plus efficace et la plus juste possible. Sa rencontre avec l’impresario et ancien assistant de Broadway Stanley Donen change la donne : à force d’expérimentation, ils deviennent aussi populaires que Fred Astaire, la star du genre à l’époque, avec qui il tournera également plusieurs films.
Le documentaire raconte également les engagements de ce jeune homme, parti de Pittsburgh pour Hollywood, sans jamais renier ses origines. Syndicaliste, il a également épousé sa première femme, une communiste, Betsy Blair. Et il s’est retrouvé dans le viseur de la commission McCarthy, après la guerre, alors même que sa carrière décollait et qu’il avait été soldat pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a toujours refusé catégoriquement de “donner des noms”et finit par s’exiler avec sa femme à Londres, comme Charlie Chaplin.
Le film est enchanteur tant il contient de nombreux extraits de comédie musicale. C’est un programme parfait pour ces vacances de Noël. On ne peut que regretter un peu que la suite de la carrière de Gene Kelly ait été passée sous silence, notamment sa participation à Demoiselles de Rochefortde Jacques Demy.
Il a l’avantage de montrer à la fois la naissance d’une industrie et la manière dont elle a longtemps façonné les consciences et les imaginaires. Bon divertissement, précédé de Trois mousquetairesde George Sidney, où il incarne le bondissant d’Artagnan. Un peu de bonheur.
Gene Kelly ouvre la voie, Arte, 11 p.m.
Plus proche de ceux qui créent
Humanité a toujours revendiqué l’idée que la culture n’est pas une marchandiseque c’est une condition de la vie politique et de l’émancipation humaine.
Face aux politiques culturelles libérales, qui fragilisent le service public de la culture, le journal fait état de la résistance des créateurs et de l’ensemble des personnels culturels, mais aussi de la solidarité des publics.
Des prises de position insolites, audacieuses et singulières sont la marque des pages culture du journal. Nos journalistes explorent les coulisses du monde de la culture et la genèse des œuvres qui font et bousculent l’actualité.
Aidez-nous à défendre une idée ambitieuse de la culture !
Je veux en savoir plus !
