Acte prémédité, ou « jeu » enfantin et dangereux ? C’est la question qui occupe la police de l’Essonne après le signalement de coups de feu tirés contre le logement de fonction d’un CPE (conseiller principal d’éducation) à Juvisy-sur-Orge, ce dimanche 29 février. Personne n’a été blessé. Le ou les auteurs sont en fuite et recherchés.
Il était vers 21h30 lorsque des coups de feu retentirent devant le collège Ferdinand-Buisson, rue Carnot. La jeune femme de 31 ans se trouvait alors à son domicile situé dans l’enceinte de l’établissement, qui jouxte la voie publique, avec ses deux enfants. Sa compagne fume une cigarette côté cour, au pied de cet immeuble en pierre de deux étages. Il fait sombre, la rue est calme.
Tirs en série
« On a entendu une série de clics, c’était trois coups vifs : Tac ! Tac ! Tac ! raconte ce voisin d’une trentaine d’années. Ma femme a pensé à des pétards, mais ça ne ressemblait pas vraiment à ça… » D’autres riverains évoqueront « cinq coups de feu » entendus d’affilée. Le commissariat de Juvisy est à deux pas, les policiers arrivent rapidement sur place. Le ou les tireurs, qui avaient ouvert le feu depuis la rue Carnot, ont disparu.
Commence alors le travail d’enquête des agents. Une première ogive est retrouvée sur le trottoir : il s’agirait des restes d’une cartouche de 9 mm. Dans le salon familial, une balle est coincée dans le canapé. Selon les premières constatations, cette balle aurait traversé le volet métallique, puis le double vitrage, avant de finir dans le meuble, laissant présager une arme de gros calibre.
“L’arme utilisée n’est pas encore connue, tout comme le mobile”, a précisé le procureur d’Évry-Courcouronnes, Grégoire Dulin. Le parquet a décidé d’ouvrir une enquête sur les faits de « tentative d’assassinat », ce qui impliquerait un acte prémédité. Mais cette qualification pourrait évoluer en fonction de l’issue de l’enquête. Aucun suspect n’a été arrêté à ce stade. La DCOS 91 (Division du Crime Organisé) mène les enquêtes.
Un geste aléatoire ?
Car, comme le précise le rectorat de Versailles, « aucune menace ne pesait sur ce conseiller pédagogique, ni sur l’établissement dans son ensemble ». Ce que confirme une source proche du dossier : « On ne sait pas si c’est le CPE qui a été expressément visé. Et rien n’indique que le ou les auteurs savaient que ce logement était occupé ou s’il s’agissait en fait d’une maison. »
En ce sens, ces fusillades nocturnes contre des logements de l’Éducation nationale pourraient très bien trouver leur origine dans un geste aléatoire contre une façade, commis par un ou plusieurs individus. « On l’a déjà vu ailleurs », note une source policière.
Une affaire prise « très au sérieux »
La conseillère pédagogique du collège Ferdinand-Buisson y travaillait depuis plusieurs années et occupait ce logement de fonction avec sa famille. Dimanche soir puis lundi, elle a reçu le soutien des responsables des services académiques. « Protection fonctionnelle (son) sera accordée dans un délai de 24 heures, complète le rectorat de Versailles. La DSDEN (Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale) de l’Essonne travaille avec le conseil départemental et la région Île-de-France pour réfléchir à une solution de relogement et assurer la sécurité du logement. » Parallèlement, un soutien psychologique sera mis à disposition de la victime, ainsi qu’à la rentrée scolaire lundi prochain.
Malgré les doutes sur l’origine exacte de ces tirs, “nous prenons cette affaire très au sérieux”, affirme la préfète Frédérique Camilleri. Je vous assure (le CPE, NDLR) de mon plein soutien face à cet acte inqualifiable. J’espère que l’enquête permettra d’identifier rapidement les auteurs et les raisons de ces fusillades. » La préfète de l’Essonne prévoit de se rendre au collège lundi soir pour manifester son « soutien aux victimes ».