Présent à l’occasion de la célébration des 100 ans de l’AS Monaco, l’ancien entraîneur des Rouge et Blanc, champion de France en 1988, a pris le temps de partager ses meilleurs souvenirs en Principauté.
Il est l’un des entraîneurs les plus titrés de l’histoire du Club. C’est aussi celui qui a donné une dimension européenne à l’AS Monaco, participant aux premières épopées sur la scène continentale. Présent à l’occasion des festivités du Centenaire face à Montpellier en septembre, Arsène Wenger a accepté de raconter ses plus beaux moments en Principauté. Entretien ????️
Bonjour Arsène. Pour commencer, qu’est-ce que ça fait de revenir ici, avec un tout nouveau Performance Center ?
Je suis content que ça ait tellement changé, pour le mieux ! Je reconnais l’endroit, car le Rocher est toujours là (sourire) ! Mais tout le reste a considérablement évolué, et aujourd’hui l’AS Monaco se situe au niveau des plus grands clubs en termes de qualité de ses infrastructures et de son centre de formation. C’est important pour pouvoir attirer les meilleurs joueurs et les conserver si possible.
Je veux rappeler que tout le monde a toujours été heureux d’être à l’AS Monaco, qu’il y a un esprit de famille là-bas, un sentiment de fierté aussi de faire partie du Club et de représenter la Principauté. (…) Je garde aussi cette envie de classe dans les comportements et cette envie de jouer un football de qualité, résolument tourné vers l’offensif.
Il est absolument nécessaire de nos jours, que ce soit pour la progression individuelle mais aussi pour celle de l’équipe, de disposer de terrains d’une telle qualité et de facilités de récupération et de préparation comme c’est le cas. Félicitations, car on peut souvent penser à court terme dans ce métier, il faut donc respecter les gens qui pensent à plus long terme.
Vous étiez au début de cette professionnalisation du football de haut niveau, notamment à l’AS Monaco. Que retenez-vous de vos années au Club ?
L’avantage de regarder en arrière, c’est qu’on oublie les mauvais souvenirs, on ne garde que les bons (sourire) ! Je veux rappeler que tout le monde a toujours été heureux d’être à l’AS Monaco, qu’il y a un esprit de famille là-bas, un sentiment de fierté aussi de faire partie du Club et de représenter la Principauté.
Je dirais qu’on était même dans la peau d’une équipe nationale, d’autant qu’à l’époque il n’y avait que deux étrangers dans l’effectif. Les joueurs français ont toujours été attirés par Monaco. Je garde aussi cette envie de classe dans les comportements et cette envie de jouer un football de qualité, résolument tourné vers l’offensif.
Le président Jean-Louis Campora était-il le garant de ces valeurs lorsque vous étiez au pouvoir ?
Oui c’est vrai, parce qu’il était ambitieux, il voulait gagner et donc s’en donner les moyens. Il nous a mis dans les meilleures conditions pour pouvoir rester sur le devant de la scène.
C’est remarquable, d’autant plus que lorsque George Weah est arrivé ici à Monaco, il était totalement inconnu à 23 ans. Personne n’avait entendu parler de lui et il n’avait jamais joué à un niveau élevé auparavant. Cela montre finalement qu’à tout âge, on peut apprendre très très vite, et que si on est vraiment ambitieux, on peut progresser.
Une stratégie qui s’avère payante, puisque vous êtes sacré champion dès votre première saison sur le banc…
Oui bien sûr, il y a ce titre en 1988, mais aussi deux finales de Coupe de France, l’une perdue et l’autre gagnée en 1991, ainsi qu’une finale de Coupe des Coupes et une demi-finale de Ligue des Champions.
Nous vivions chaque année une aventure européenne et, à mon arrivée, l’AS Monaco n’avait jamais franchi le premier tour d’une Coupe d’Europe. Maintenant c’est une autre histoire, et j’espère que cette saison l’équipe ira loin dans cette Ligue des Champions.
Vous avez dirigé de grands joueurs pendant votre mandat. Avec le recul, qu’est-ce que cela signifie pour vous d’avoir entraîné un futur Ballon d’Or ?
C’est remarquable, d’autant plus que lorsque George Weah est arrivé ici à Monaco, il était totalement inconnu à 23 ans. Personne n’avait entendu parler de lui et il n’avait jamais joué à un niveau élevé auparavant. Cela montre finalement qu’à tout âge, on peut apprendre très très vite, et que si on est vraiment ambitieux, on peut progresser. C’est ce que George a fait ! Nous avions de très grands joueurs à l’AS Monaco, avant même mon arrivée.
Mais à mon époque, c’est vrai que des joueurs comme Glenn Hoddle et George Weah se démarquent un peu. Mais c’est aussi parce que la Principauté est un lieu propice au travail, à l’expression individuelle et à la progression des joueurs. Il existe une forme de protection, à l’abri du bruit médiatique et des soubresauts. Je pense que cela a beaucoup aidé au développement de certains joueurs.
Est-ce aussi pour cela que l’AS Monaco a formé autant de grands joueurs ?
Exactement, car ils peuvent éclore tranquillement et bénéficier d’une forme de patience. Quand on passe un mauvais moment, on perd très vite confiance et certainement ici, elle est atténuée par l’environnement, contrairement à ce qui se passe ailleurs.
Nous sommes fiers de les avoir formés ici à Monaco ! Surtout pour un joueur comme Lilian Thuram, cela n’a pas été facile, car il est arrivé ici en tant que milieu de terrain et a finalement fait carrière en tant que défenseur. Tandis qu’Emmanuel Petit est devenu très célèbre en jouant au cœur du jeu.
Vous avez personnellement lancé des joueurs comme Emmanuel Petit, Lilian Thuram et Thierry Henry. Avez-vous l’impression d’avoir travaillé aux débuts de France 98 ?
Oui, un peu ! Dans le sens où nous sommes fiers de les avoir formés ici à Monaco. Surtout pour un joueur comme Lilian Thuram, cela n’a pas été facile, car il est arrivé ici en tant que milieu de terrain et a finalement fait carrière en tant que défenseur. Tandis qu’Emmanuel Petit est devenu très célèbre en jouant au cœur du jeu.
Comme souvent, un changement de poste peut être un déclencheur dans une carrière, si vous occupez le poste qui vous convient le mieux. Fabinho ? Oui c’est un bon exemple, il a fait un très bon parcours au milieu après avoir débuté en défense.
Quel souvenir souhaitez-vous retenir en particulier de ces années en Principauté ?
Certainement mon premier match ici contre Marseille, où nous avons gagné devant un stade plein en août. Cela reste pour moi le déclencheur. Ensuite, je garde un souvenir de tendresse et de gratitude envers ce club, car il m’a offert ma première chance au très haut niveau et m’a permis de lancer ma carrière. Je le répète, je n’ai que de bons souvenirs ici !
Un dernier mot pour les supporters monégasques, qui vous ont gardé dans leur cœur ?
Je les remercie ! Et j’espère qu’ils ont passé de bons moments avec moi, et qu’ils en passeront bien d’autres à l’avenir.
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