Serge Atlaoui, 61 ans dont 17 condamnés à mort – le 28/12/2024 à 03:25

Serge Atlaoui, 61 ans dont 17 condamnés à mort – le 28/12/2024 à 03:25
Serge Atlaoui, 61 ans dont 17 condamnés à mort – le 28/12/2024 à 03:25

Le Français Serge Atlaoui et son avocate indonésienne Nancy Yuliana, lors d’une audience devant le tribunal de Tangerang, près de Jakarta, le 1er avril 2015 (AFP/ROMEO GACAD)

A 61 ans, le Français Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie en 2007, vit depuis dans le couloir de la mort mais n’a “jamais perdu espoir”, selon ses proches et veut croire aujourd’hui après 19 ans de prison, avec un possible rapatriement.

La a en effet transmis une demande officielle de transfert le 19 décembre, a indiqué samedi à l’AFP Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien chargé des Affaires juridiques et des Droits de l’Homme.

En 2005, alors âgé de 42 ans, l’artisan soudeur de Metz (est) arrive près de Jakarta pour installer des machines industrielles dans ce qu’il pense être une usine d’acrylique.

Le 11 novembre 2005, « le jour de mon arrestation, je devais partir, mais le chauffeur était déjà parti. Malchance! J’ai nettoyé mes outils, et ils sont arrivés», raconte-t-il à l’AFP en février 2015, évoquant l’opération policière.

Arrêté sur le site de ce qui était en fait un laboratoire de production d’ectasy, celui qui a toujours réfuté toute implication dans un trafic de drogue est dans un premier temps condamné à la prison à vie. La Cour suprême a alourdi la sanction en 2007, imposant la peine de mort au Français ainsi qu’à huit autres membres du « réseau » de trafiquants.

Après des années passées dans une prison de haute sécurité de l’île de Nusakambangan, surnommée « l’Alcatraz indonésienne », au sud-est de Java, il est désormais détenu à la prison de Salemba, à Jakarta.

Prison qui a le mérite d’être proche d’un hôpital, car le Français “est malade”, a révélé M. Yusril le 3 décembre en marge d’une conférence de presse.

« L’espoir fait la différence entre la vie et la mort », soulignait encore en 2015 M. Atlaoui, qui selon Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM) qu’elle entretient depuis 2007, « n’a jamais perdu espoir, il a un moral à toute épreuve car il pense d’abord à sa famille et aux autres ».

“Prisonnier modèle”, c’est lui qui a rétabli le réseau d’eau dans sa prison et réparé également la charpente, ajoute pour l’AFP M. Chenuil-Hazan, qui lui a rendu visite pour la dernière fois en novembre 2023.

Père de quatre enfants et marié à Sabine, M. Atlaoui “est tout à fait exceptionnel, il a toujours fait preuve d’une résilience qui force le respect”, ajoute son avocat français Richard Sedillot.

– « Destin croisé » –

La France a demandé début novembre une série de documents à Jakarta en vue de formuler une demande officielle de transfert, selon une source proche du dossier. Jakarta avait ouvert la voie à d’éventuels rapatriements de prisonniers, indiquant par la même occasion qu’elle était également en discussions avec les Philippines et l’Australie.

Les négociations ont rapidement abouti pour la Philippine Mary Jane Veloso, également condamnée à mort, et rapatriée à Manille le 18 décembre. Les cinq derniers membres australiens du Bali 9, emprisonnés depuis 19 ans pour trafic de drogue, sont rentrés dans leur pays trois jours plus tard. plus tôt.

« Serge est bien sûr au courant que Mary Jane (Veloso) a été transférée aux Philippines. Il est extrêmement soulagé”, a ajouté M. Chenuil-Hazan pour qui “il y a une sorte de destin croisé entre Serge et Mary Jane”, une mère de famille de 39 ans, condamnée à mort en 2010 pour trafic de drogue.

M. Atlaoui et Mme Veloso figuraient tous deux sur une liste de 10 détenus qui devaient être fusillés le même jour d’avril 2015. Parmi eux figuraient les deux « cerveaux » australiens du gang « Bali 9 », qui avaient tenté de faire passer clandestinement héroïne de Bali vers l’Australie.

Huit ont été exécutés mais les noms de Serge Atlaoui et de Mary Jean Veloso ont été rayés de la liste au dernier moment. Le Français avait obtenu un sursis temporaire après que Paris ait accru la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser suivre son cours.

Un média australien indiquait en 2015 que l’ancien général Prabowo Subianto, alors dans l’opposition, avait demandé au président de l’époque, Joko Widodo, surnommé « Jokowi », de suspendre les exécutions d’étrangers, dont celle de M. Atlaoui : mettre un éventuel soutien politique dans le Dans l’ensemble, M. Prabowo a exhorté Jokowi « à ne pas exécuter les ressortissants d’un pays ami ».

Cette intervention de celui qui deviendra par la suite ministre de Jokowi puis en 2024 son successeur à la présidence indonésienne, a été confirmée à l’AFP par une source proche du dossier, souhaitant rester anonyme.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole de la présidence a toutefois indiqué qu’il “ne pouvait pas confirmer” cette information.

 
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