Un siège éjectable comme chaise ministérielle. Depuis la nomination d’Agnès Buzyn au début du premier mandat d’Emmanuel Macron, neuf ministres, avec plus ou moins d’autonomie, se sont succédé au ministère de la Santé. Et même sept en seulement deux ans et demi ! Contre une seule, Marisol Touraine, lors du précédent quinquennat de François Hollande.
Dernière arrivée, ce lundi soir : celle du député de l’Isère (Les Républicains) et cardiologue Yannick Neuder comme ministre délégué à la Santé et à l’Accès aux soins, sous la tutelle de Catherine Vautrin qui redevient ministre du Travail et de la Santé, après plusieurs jours de tergiversations et de flou dans la composition du nouveau gouvernement Bayrou.
De quoi agacer de nombreuses blouses blanches. « Une administration sans mandat politique a les mains et les pieds liés ! », critique Jean-François Cibien, vice-président du syndicat. « Les choses n’ont toujours pas été arbitrées depuis juillet, comme la répartition des postes après les résultats des élections professionnelles », tonne-t-il. « Nous avançons encore sur certains dossiers qui sont en cours depuis longtemps. Mais dans d’autres, tout est au point mort », soupirait récemment un cadre du ministère de la Santé.
Agnès Buzyn a « ouvert » cette valse des ministres de la Santé en 2017, passant près de trois ans à son poste. Dans la foulée, Olivier Véran aura tenu un peu plus de deux ans en plein Covid. Il a même vécu le fil du rasoir d’un remaniement, lorsque Jean Castex a succédé à Édouard Philippe en juillet 2020. Mais ensuite, la précarité est devenue habituelle. Brigitte Bourguignon peut en témoigner après une visite express de quelques semaines, vite stoppée par une défaite rédhibitoire aux législatives.
Novice en politique et médecin urgentiste expérimenté, François Braun a passé un an dans le gouvernement du Born. Bien plus que les 5 mois d’Aurélien Rousseau qui claquait la porte du ministère il y a un an jour pour jour pour protester contre la loi Immigration. Son ancienne ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo, prévoit une courte période d’intérim avant la démission, début 2024, du gouvernement d’Élisabeth Borne. Dans l’équipe du Premier ministre Gabriel Attal, Frédéric Valletoux est cantonné au poste de ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention sous la direction de Catherine Vautrin. La dissolution de l’été a entraîné l’arrivée, à la rentrée, de Geneviève Darrieussecq avec le nouveau titre de ministre de la Santé et de l’Accès aux soins.
Septième ministre (ou ministre délégué) de la Santé à plein temps en deux ans et demi, Yannick Neuder hérite avec Catherine Vautrin d’un tas de dossiers chauds : urgences débordées, déserts médicaux croissants, pénuries de médicaments persistantes… Le tout sans une nouvelle loi de financement de la Sécurité sociale. , le texte initialement présenté par le gouvernement Barnier ayant été censuré. Et dont le rapporteur général était un certain… Yannick Neuder.