Trois chapitres différents, mais pas tant que ça, d’une même histoire : celle de l’échec de la voie judiciaire comme régulateur de l’ordre politique. Cette preuve historique a été confirmée ces derniers jours par les événements de Stefano Esposito (ancien sénateur du Parti démocrate, sorti indemne de l’accusation de corruption après 7 ans de cauchemar) et de Matteo Renzi (leader d’Italia Viva, acquitté pour l’Open après 5 ans de martèlement) et maintenant nous ajoutons, dans toute sa pertinence, l’acquittement (car le fait n’existe pas) de Matteo Salvini à Palerme. Une peine de 12 ans de prison contre un ministre et un vice-Premier ministre aurait été lourde. Cela aurait eu un effet déstabilisateur sur le gouvernement. Cela aurait pu signifier un pas en arrière, tout en essayant de faire un pas en avant à travers la réforme de la justice, dans la relation entre les robes et la politique et cela aurait agi comme un dopage pour le populisme judiciaire et comme un grand catalyseur pour le circuit médiatico-politique en recherche de symboles à démolir aussi parce que tout est spectacle. Et pourtant, non. Le procès Salvini se termine comme il s’est terminé en première instance, mais laisse un arrière-goût amer.
Quelle est l’anomalie italienne. Ainsi, à partir de 1992, depuis la révolution judiciaire de Mani Pulite jusqu’à aujourd’hui, la scène a été investie et fortement influencée par un protagoniste à la fois léger et lourd – léger parce qu’évidemment peu étayé par des preuves prouvées dans de nombreuses procédures et lourd pour les conséquences de nature à la fois personnelle et systémique que produisent certaines initiatives du pouvoir judiciaire – de la part des procureurs. Il doit nous faire réfléchir sur cette anomalie survenue en son -, qui s’est perpétuée dans le - et qui semble désormais avoir fait son -. Comme le démontre par exemple l’affaire Toti : il a fait l’objet d’une enquête (il a réglé) qui, étonnamment, n’a pas influencé le résultat des élections en Ligurie.
LA DEUXIÈME RÉPUBLIQUE
Si la Deuxième République est née de la révolution judiciaire du pool milanais, qui a pourtant été victime de l’hétérogenèse des objectifs : ils voulaient amener au gouvernement la « joyeuse machine de guerre » de la gauche et Berluscoini est arrivé pour tout bouleverser, Aujourd’hui, une nouvelle phase de la politique italienne, plus équilibrée dans le rapport entre justice et politique, pourrait survenir précisément sur la base de l’évidence que l’affaire Salvini et d’autres similaires confirment qu’il est nécessaire de s’éloigner de l’usage disproportionné de la justice. arme procédurale.
Pour en revenir à ce que disait Leonardo Sciascia. Et c’est ça ? Ce grand intellectuel garant soutenait que « la crise à laquelle est confrontée l’administration de la justice découle principalement de ceci : de l’incapacité du magistrat à considérer son action comme un drame intime et personnel, et au contraire l’extériorise et lui donne une manifestation qui frise ou même met en œuvre l’arbitraire. .»
JE PRESQUE
L’affaire Salvini, ainsi que les autres impliquant des personnalités de tous bords politiques (il est de droite, mais Esposito est de gauche et Renzi est du centre : on pourrait aussi en citer d’autres dans un passé récent), nous disent comment Dans la pratique de l’Italie anormale, le procureur tend à devenir (mais il y a encore, comme on dit dans le jargon, un juge à Berlin ou, comme hier soir, à Palerme), non plus seulement le monopole mais le maître absolu de l’enquête criminelle.
Avec – dans certaines circonstances – une discrétion illimitée. La séparation des carrières, objectif de la réforme Nordio (peut-être la seule parmi les réformes constitutionnelles qui verront le jour) peut devenir un correctif démocratique et libéral. Et c’est précisément pour cette raison qu’une attitude plus dynamique et moins sévère de la part de l’opposition serait nécessaire sur ce sujet, également parce que le garantisme est ou devrait être une composante fondamentale de la culture de la meilleure gauche. À cet égard, en pensant au procès Salvini et aux conséquences vertueuses qu’il pourrait engendrer au niveau politique, les paroles d’une figure exaltée de notre République nous viennent à l’esprit : Gerardo Chiaromonte. Il fut, en tant que président de la commission anti-mafia mais pas seulement, l’un des penseurs les plus raffinés du PCI, tendance napolitaine. Il a observé : la voie judiciaire ne peut pas suffire à réformer le système politique ou commercial. Mais cela ne doit conduire qu’à l’identification et à la poursuite des crimes et des responsabilités personnelles.» Il a lui-même souligné ce qui aujourd’hui, et de plus en plus dans la chaîne des échecs de certaines enquêtes risquées, ne peut manquer de devenir un sens commun, transversal et partagé, à savoir que dans la vision du monde de gauche et des magistrats eux-mêmes (une partie du eux), les procureurs devenaient non seulement des figures fondamentales de la défense du droit mais aussi des sujets enclins à soutenir malgré tout une certaine idée du Bien et du Mal.
LE TOURNANT
Il y a ici un fondamentalisme qui n’est plus en phase avec le progrès. De plus, un retranchement non judiciaire rendrait le travail de l’homme politique plus difficile, cela lui enlèverait l’alibi selon lequel ils ne me laissent pas travailler, cela aurait pour effet de le responsabiliser. Le moment est donc venu de passer à autre chose. Sans excès d’enthousiasme ni envies de revanche. Mais reconnaître que la République ne peut pas vivre continuellement dans un procès ou dans un manège éternel dans lequel les méchants sont exposés sur la place publique ou mis dans un mixeur diabolisant pour que les masses alimentent leur propre antipolitique et leur propre politique, son jeu de concert avec quelques robes. Il y a cela et bien plus encore dans les données très alarmantes sur la méfiance des citoyens à l’égard du système judiciaire. Mais peut-être que l’arrêt de Palerme pourrait devenir une étude de cas pour inciter chacun à réfléchir davantage et à moins s’inquiéter.
Le point du réalisateur, tous les lundis
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