Le résultat n’est pas à la hauteur de l’ambiance enflammée du Grand-Bornand. En tout cas pour cette première course individuelle chez les hommes, car le week-end est encore long. Cinq Français avaient pourtant connu la joie de monter sur le podium en début de saison, le seul petit individuel de Kontiolahti faisant exception. Et encore, deux Bleus ont participé à la cérémonie des fleurs récompensant les six premiers. Alors évidemment, il y a eu déception, même si Eric Perrot (7e), Emilien Jacquelin (8e) et Quentin Fillon Maillet (10e) terminent dans le Top 10 et peuvent espérer mieux dans la poursuite samedi.
“Dans l’ensemble, je suis content, à part le dernier ballon qui est passé un peu vite. Je suis content de faire mon premier shooting à 90% depuis le début de la saison», a encore estimé Fillon Maillet au micro d’Eurosport. Avant de qualifier rapidement : «Sur les skis, les sensations étaient bonnes, mais la météo ne révèle pas les sensations. J’étais plutôt calme à propos des horaires de ski à Hochfilzen et maintenant je ne comprends plus vraiment. Je n’ai aucune comparaison en termes de glissement par rapport aux autres nations, donc c’est difficile à dire. Dès le premier intermédiaire – 15 secondes après la première grosse partie difficile – j’avais déjà perdu beaucoup de -, donc j’ai été assez surpris.»
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Un contraste trop frappant avec Hochfilzen pour avancer le facteur physique
Et nous pouvons le comprendre. Dans ce sprint du Grand Bornand, Emilien Jacquelin (8/10 au tir) a été le seul biathlète français à figurer dans le Top 10 des - de ski (8e), concédant tout de même 31 secondes sur Johannes Boe ou 21 sur Sebastian Samuelsson. Pourtant, il y a seulement quelques jours, lors de la poursuite à Hochfilzen, le même Jacquelin était le plus rapide en piste, « QFM » et Perrot se classant respectivement 4ème et 7ème dans ce domaine particulier.
Physiquement, rien ne justifiait a priori de s’accorder autant de - dans le clan français. Est-ce que jouer à domicile les aurait empêchés de lâcher prise ? A priori non, selon les principaux intéressés. Quand Fillon Maillet, tout sourire, disait avoir utilisé l’énergie du public, Perrot se félicitait d’être resté dans sa course. Et pourtant, malgré son 10/10 face aux cibles, il termine à plus de 30 secondes du podium.
La thèse du blocage physique a finalement été balayée par Antonin Guigonnat. “J’étais meilleur que le week-end dernier en Autriche, donc c’était agréable sur les skis. J’avais peur de cette piste pleine de pluie et au final, c’était assez glissant et agréable à skier. Je m’attendais à une piste avec un fond plus mou, qui casse, et une glisse moins bonne. Au final, cela reste assez compact. J’ai été surpris d’arriver si détendu, si peu affecté par l’effort sur le stand de tir. Dans ce genre de conditions, c’est une piste qui ne présente pas beaucoup d’écarts. Tu dois tout faire et essayer de tenir le coup“, a-t-il expliqué.
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Un problème d’épilation ? « Ils ont même perdu du terrain dans la descente »
Si Guigonnat a été le plus lent des six Français en lice (1’05 de Boe), il n’a concédé que 13 secondes sur Fabien Claude, le 2e meilleur Bleu à skis ce jeudi. Cela tend à confirmer qu’à armes égales, il a effectivement été difficile de faire de grosses différences dans ce sprint. Par élimination et simple déduction, il semble que l’équipe de France ait eu un problème de glissade qu’elle devra corriger au vu de la poursuite et du mass start pour jouer les premiers rôles ce week-end.
“Les Français ont perdu beaucoup de terrain, y compris dans la descente. Je pense qu’il y a eu un petit problème à ce niveau-là. Il n’y a pas beaucoup d’avancée avec ce nouveau protocole avec ce ‘sans fluor’ (en place pour la 2ème saison consécutive, NDLR), il faut trouver de nouveaux produits et se familiariser avec eux. Et il n’y a pas tellement de données sur les conditions que les techniciens n’avaient pas l’année dernière», analysait Florence Baverel, consultante pour Eurosport pendant la course.
A ce niveau, le moindre détail du fartage peut peser lourd en terme de - de finition. Il semble donc que les Bleus en aient payé le prix, même si Emilien Jacquelin, particulièrement en forme en début de saison, a limité la casse. Mais il serait très injuste d’accabler les techniciens français qui se sont illustrés par leur excellence lors des deux premières étapes de la Coupe du monde. En Autriche, la semaine dernière, « QFM » leur a rendu un vibrant hommage. Et le week-end ne fait que commencer.