La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a validé cette reconversion de l’ancien ministre de l’Économie, également enseignant dans une école de Lausanne, en Suisse.
Sept années à Bercy n’auront certainement pas entamé son énergie. Bruno Le Maire est un homme actif depuis qu’il a remis les clés du ministère de l’Économie et des Finances en septembre dernier. Hormis sa vigoureuse audition par les députés de la commission des finances dans le cadre des travaux sur le dérapage du déficit public, il ne s’implique plus en politique. Sa nouvelle vie se déroule en manches de chemise dans une salle de classe de l’Entreprise pour la Société (E4S), un établissement universitaire de Lausanne, en Suisse, où « BLM » donne des cours d’économie et de géopolitique. Mais en plus d’être enseignant, l’énarque de 55 ans s’apprête à travailler pour l’entreprise néerlandaise ASML, le géant européen des semi-conducteurs spécialisé dans la lithographie, qui compte 42 000 salariés.
Un porte-parole de l’ASML a expliqué ce jeudi que Bruno Le Maire serait chargé de conseiller les dirigeants de cette société cotée à la Bourse d’Amsterdam pour contribuer au développement de l’industrie européenne des semi-conducteurs à travers des investissements. . Sa nomination prendra effet le 1est Janvier. Cette activité démarrant moins de trois ans après la fin de ses fonctions au sein du gouvernement, l’ancien ministre de l’Économie a dû au préalable s’adresser à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et écarter tout soupçon de conflit d’intérêts, car requis par la loi. C’est cette autorité créée en 2013 qui a notamment refusé la reconversion de Jean-Baptiste Djebbari, ministre chargé des transports dans le gouvernement de Jean Castex, chez l’armateur CMA CGM, en raison de « des risques éthiques importants ».
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Interdiction d’approcher les membres de son cabinet
Le contrôle de la HATVP sur la nouvelle activité de Bruno Le Maire auprès d’ASML a permis d’écarter trois risques. Le premier est une prise illégale d’intérêts, délit prévu par l’article 432-13 du code pénal. L’ancien ministre a fourni une attestation attestant qu’il n’a accompli aucun acte relevant de cet article à l’égard d’ASML lors de son séjour à Bercy. Le deuxième risque concerne l’éthique. « L’activité envisagée par M. le Maire n’apparaît pas de nature à remettre en cause le respect, par l’intéressé, des exigences de dignité, de probité, d’intégrité et de prévention des conflits d’intérêts qui lui ont été imposées dans l’exercice de ses fonctions gouvernementales. fonctions »constate la HATVP, qui précise toutefois qu’il n’est pas exclu que Bruno Le Maire « être tenu d’entreprendre des démarches auprès des fonctionnaires et agents publics avec lesquels il a travaillé dans l’exercice de ses fonctions gouvernementales ». Elle lui demande donc de s’abstenir de toute démarche auprès de ses anciens collègues du gouvernement et des membres de son cabinet de l’époque.
Enfin, le troisième risque écarté est celui de l’influence étrangère, même si la HATVP conseille à l’ancien député de l’Eure de « soyez vigilant ». « Le respect de ces réserves fera l’objet d’un contrôle régulier de la Haute Autorité »précise-t-elle. Pour exercer ses nouvelles fonctions, le normalien et professeur agrégé de lettres a prévu de modifier l’objet social de 48 Jacob, sa société par actions unipersonnelle simplifiée (SASU). Domicilié en 6e arrondissement, à Paris, elle a été créée le 16 septembre avec son activité principale déclarée « l’organisation, l’animation, la tenue et la participation à des conférences ».